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Charlemagne et AlcuinLa renaissance carolingienne par l’éducation

Deux personnages que tout oppose, vont être à l’origine de la renaissance carolingienne : Charlemagne et Alcuin.

Après la chute de l’Empire romain et la conquête de l’islam, Charlemagne (747 ou 748 – 814), roi des Francs et futur empereur, doit faire face à un véritable effondrement de civilisation et un repli sur les terres intérieures. Il veut unifier les territoires conquis, restaurer la puissance publique et faire renaître l’empire qui s’est effondré.

Pour faire face à des États épars, rassemblés dans un Empire immense (territoires réunissant ce qui est actuellement la France, l’Allemagne, la Suisse, l’Autriche, le Benelux, la République tchèque, le nord de l’Espagne et de l’Italie, avec des zones d’influence allant jusqu’à la Hongrie et la Bosnie-Herzégovine contemporaines), Charlemagne met en place une double structure temporelle (organisative) et atemporelle (spirituelle) pour passer au-dessus des barbares et conduire les réformes nécessaires à la transformation du pouvoir royal et de la société. À la tête, le roi, un chef qui partage son idéal et donne la vision ; sur le terrain, des responsables locaux : les comites ; des ecclésiastiques chargés d’assurer l’éducation du peuple ; les missi dominici « envoyés du maître » (souvent agissant par deux : un laïc et un ecclésiastique), vérificateurs du système qui sillonnent l’Empire, contrôlent, s’informent, reçoivent les plaintes et les font remonter au roi. 
Ainsi, pouvoir temporel et pouvoir atemporel s’unissent pour réunifier le pays.

Former des hommes complets

Parallèlement, Charlemagne ressent le besoin de former une gouvernance de haute moralité, une élite militaire pour protéger les frontières, intellectuelle pour éduquer, administrative pour garantir une bonne gestion de l’Empire et ecclésiastique pour assurer le succès des réformes liturgiques. 

Il s’agit de former des hommes qui soient des hommes complets, religieux, laïcs et juste à la fois. Ils doivent ainsi maîtriser le latin mais aussi les débats, les controverses laïques et théologiennes.
Charlemagne va donc confier à Alcuin d’York (735 -804), le rôle fondamental de mener à bien cette réforme et de former les futures générations de lettré. 
Alcuin est un diacre anglais très imprégné de la culture néoplatonicienne et de la théologie de saint Augustin. Il est l’homme le plus savant de son temps et rêve d’une nouvelle Athènes. Il représente le module de survie, l’idéal de la sagesse.

L’École palatine

De 782 à 796, Alcuin est nommé chef de la Scola palatina , l’École palatine, lieu de renaissance culturelle dont le cœur se situe dans la ville d’Aix-La-chapelle.
Alcuin participe à la réforme de la liturgie catholique, à la révision de la bible, fonde une académie de théologie et de philosophie si novatrice qu’on dira qu’elle fut « mère de l’université ».
Alcuin fera justement venir des livres notamment d’Irlande qui seront recopiés et qui serviront à l’étude. Il révisera également à la demande de Charlemagne la traduction latine de la Bible, corrompue par des générations de copistes négligents. 
Alcuin corrige les manuscrits plus anciens pour enseigner le latin « le plus pur possible ». Il creuse un fossé entre latin écrit et parlé, ce qui aboutira à la longue, à l’ancêtre de la langue française en 840. 
En parallèle, la création de l’écriture « minuscule caroline » va permettre de faciliter ce travail de copie, par sa plus grande simplicité. Elle est adoptée par tous les scriptoriums de l’Empire franc, et devient écriture officielle du Royaume jusqu’à devenir l’écriture que nous utilisons aujourd’hui.

L’objectif de la formation de l’École palatine est donc d’assurer un enseignement sacré et profane.
Pour l’enseignement du sacré c’est la bible, la théologie. 
Pour l’aspect profane, l’Église accepte donc qu’une grande partie de ses moines et de ses clercs étudient des auteurs comme Quintilien (1er siècle, rhéteur latin, spécialiste de l’art oratoire), Cicéron (1er av. J.-C, traducteur de la philosophie grecque en latin, reconnu pour son art oratoire), Tacite (historien romain 1e siècle), Virgile (1er siècle, auteur de l’Eneide, celui qui par le mythos a donné corps et ascendance céleste à l’Empire romain) …
Auteurs du siècle d’Auguste (âge d’Or Empire Romain -27 – 1er siècle) pour la plupart, ils sont la référence de l’éducation romaine antique, porteurs d’un haut niveau d’éducation laïque. 

Ce retour à la source est signe d’une volonté forte de donner une structure de pensée solide aux futurs administrateurs de l’empire carolingien. Cette pensée est inspirée par Rome et les néoplatoniciens. Elle fait le pont entre sagesse du passé et un futur à venir.

Les arts libéraux  

Les arts libéraux sont les arts profanes issus de l’Antiquité romaine et surtout des néoplatoniciens. Ils sont divisés en deux branches : Le Trivium et le Quadrivium
Le Trivium est une mise en ouverture. Il comprend la grammaire, la rhétorique et la dialectique. 
Le jeune « étudiant », entre 10 et 13 ans, apprend par cœur les règles grammaticales du latin, apprend à argumenter, à rédiger une lettre, à formuler une hypothèse et également à s’exprimer. Par le Trivium, il devient un être de raison et un être de position intellectuelle. Il peut se présenter et dialoguer parce qu’il connaît le latin.
Après 12-13 ans, l’étudiant bascule dans ce qu’on appelle le Quadrivium composé de quatre grandes matières : la géométrie, l’arithmétique la musique, et l’astronomie. On y apprend à chanter, à compter, ou encore à s’exprimer, mais également à travers l’astronomie à reconnaître dans le ciel les signes de Dieu comme par exemple une éclipse de lune. 
À travers le Quadrivium, on apprend que le monde est le cosmos, une architecture qui a une logique et des règles qu’il faut connaître et comprendre. 

Ainsi, le Royaume, voit ainsi fleurir de nombreuses écoles monastiques et cathédrales : 16 cathédrales, 232 monastères, 76 palais. Charlemagne est un véritable empereur bâtisseur. 

Heric d’Auxerre décrit Charlemagne comme étant « celui qui a fait jaillir les flammes des cendres ». Associés à Alcuin, porteur du rêve de la construction d’une nouvelle Athènes, ils vont réinsuffler un idéal de renaissance dans tout l’Empire. 

Aujourd’hui, absolument tout ce que nous connaissons de la littérature latine a été copié dans des monastères carolingiens. Sans eux, nous n’aurions connu ni Cicéron ni Tacite, ni Virgile et tant d’autres. Leur œuvre ne fut pas tant de créer que de conserver et de transmettre.
Sans eux, la langue française n’aurait pas émergé. Les premiers textes en proto-français apparaîtront d’ailleurs dans les années 840. 
La France ne serait pas la France que nous connaissons sans cette rencontre. 

À lire :
Max GALLO, Moi Charlemagne Empereur chrétien, Éditions Pocket 2016
Jacques PIRENNE, Les grands courants de l’histoire universelle, Éditions Albin Michel 1947
Bruno HEITZ et Dominique JOLY, L’histoire de France en BD. Éditions Casterman, 2015
EGINHARD, Vie de Charlemagne, Éditions les belles lettres, 2019
Bruno DUMEZIL, Des Gaulois aux Carolingiens, Éditions PUF, 2013
À voir sur Youtube
Alcuin ou la renaissance carolingienne
https://www.youtube.com/watch?v=A3P2E6ljEUU
Charlemagne et Alcuin : l’empereur et le grammairien – Loup Besmond de Senneville, 
https://www.la-croix.com/France/Charlemagne-Alcuin-lempereur-grammairien-2020-08-11-1201108689
À lire sur le site de la revue www.revue-acropolis.fr
https.//www.revue-acropolis.fr/alcuin-et-lesprit-de-la-renaissance-carolingienne/
Alcuin York, v. 730 – Tours, 19 mai 804 
https://francearchives.fr/fr/pages_histoire/40033
par Léo ROMIO et Priscilla TAILE MANIKOM
Formateurs de Nouvelle Acropole à Strasbourg et à Bordeaux
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole 

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