Comment sont nés les hommes
Le conte présenté dans cet article, pour qui voudrait l’utiliser, trouve sa place logique après la présentation du texte, C’est quoi, Dieu ? également rédigé à l’intention des jeunes enfants (1).
Je reçus un jour un appel à l’aide d’une amie, pressée par sa fille de 7 ans qui voulait absolument savoir d’où venaient les hommes et à qui elle ne savait que répondre. Quelques mois plus tard, une deuxième demande me parvient, insistante (j’avais négligé la première, par paresse), sa fille, tenace, ne la laissant pas en paix. Prenant mon courage à deux mains, j’ai alors écrit, à l’intention de la fillette, un conte.
L’été suivant, je m’entends dire par mon petit-fils de 7 ans : « Les grandes personnes sont vraiment bêtes, elles ne comprennent rien. » Il venait de me demander comment les hommes sont nés, et j’avais entrepris de lui expliquer les mystères de la procréation. « Je sais cela depuis longtemps », me lance-t-il, exaspéré. Il avait, ajoute-t-il, posé la question à ses parents qui lui avaient fait la même réponse hors de propos. Je me suis alors empressée de lui raconter le conte écrit pour Clara, Comment sont nés les hommes. Leurs questions à l’un et à l’autre, sur le sujet, ayant cessé, on peut supposer que la réponse qu’il leur proposait les a satisfaits.
Comment sont nés les hommes
Nous avons parlé de Dieu. Celui-là, c’est le Grand Dieu, le grand-père des dieux.Il y a beaucoup d’autres dieux, qui sont ses enfants ou les enfants de ses enfants.Ils sont tous plus grands que nous, c’est pourquoi on les appelle des dieux.Il y en a des plus grands, des plus petits, des plus loin de nous, des plus près de nous.
Sur la terre, il y a des dieux qui s’occupent des fleurs, d’autres qui s’occupent des arbres, d’autres qui s’occupent de la mer, du vent, des montagnes, et d’autres encore qui sont comme de grands anges.
Il y a aussi d’autres dieux, qui habitent dans le ciel, dans le soleil, dans les planètes et les étoiles.
Il y a ceux qui nous ont donné un corps. Et il y a ceux grâce à qui nous pouvons voir et penser dans notre tête. Ceux-là sont les pères des hommes. Ils se sont mis à plusieurs pour faire les hommes.
Voilà comment cela s’est passé :
Le grand-père des dieux a pris une poignée d’étincelles dans son cœur. Il a appelé ses enfants, les dieux, et leur a dit : « Voilà, je vous donne des étincelles. Vous allez faire des hommes. Quand ils seront prêts, l’étincelle viendra habiter dans leur cœur. »
Le premier dieu qui a travaillé pour fabriquer les hommes les a dessinés. À cette époque-là, tout au début, les hommes existaient mais on ne les voyait pas. Ils étaient comme des ombres. Puis la terre leur a donné tout ce qu’il fallait pour qu’ils aient un corps : des os, des bras, un ventre, etc.
Le soleil les a réchauffés et leur a donné sa lumière. Il les a rendus vivants.
La lune leur a donné leur forme, comme quand on fait un bonhomme avec de la pâte à modeler.
Le vent a aidé le soleil et la lune. C’est lui qui a transporté tout ce qu’ils ont donné à l’homme.
L’étincelle est venue habiter dans le cœur des hommes.
Alors, un autre dieu est venu d’une étoile et il a dit : « Il faut que l’homme ait un feu qui lui permette de trouver l’étincelle qui est dans son cœur et que le grand-père des dieux a donné pour lui ». Et le dieu venu d’une étoile a donné aux hommes une flamme qui les éclaire dans leur tête et brûle dans leur cœur. Et depuis, les hommes peuvent parler et ils peuvent penser et voir des choses dans leur tête.
Au début, il n’y avait ni papa ni maman, tous étaient pareils. Après, il y a eu des hommes et des femmes, des papas et des mamans. Et les papas et les mamans ont fait des enfants.
Si les hommes essaient de toutes leurs forces de grandir dans leur tête et dans leur cœur, ils trouvent l’étincelle qui est cachée tout au fond d’eux-mêmes et ils pourront rejoindre les dieux et vivre avec eux. C’est ça, le travail des hommes.
Le lendemain du jour où ce conte avait été raconté, au milieu du déjeuner, un enfant de 4 ans a quitté sa place à table pour aller trouver le conteur : « L’étincelle, elle est branchée ? »
Après un silence, car les adultes que nous sommes sont souvent trop compliqués pour pénétrer rapidement la formulation et la profondeur des questions enfantines, est venue la réponse : « Oui. Elle est branchée. C’est à nous de nous brancher sur elle ».