
Le fait que Mark Zuckerberg affirme, dans une longue interview en forme de confession, qu’il faut faire la part belle à une certaine dose d’agressivité et que l’énergie masculine n’est pas mauvaise, signifie-t-il obligatoirement la victoire du machisme et que nous allons basculer dans la violence ?
Si nous nous accordons à reconnaître que la virilité est le propre du masculin, voyons ce que cela signifie en interrogeant l’histoire de ce mot.
Originaire de l’indo-européen wiros, qui signifie « homme » ou « mâle », chez les Romains, le mot vir est souvent utilisé pour désigner un homme adulte, en contraste avec femina pour une femme.
Le terme est également associé à des notions de virilité et de courage. En effet, la virtus, une des principales vertus romaines, dérive de vir et englobe des notions de vaillance, d’excellence et de caractère.
Le terme vir incarne l’idéal romain de l’homme fort et courageux et la virtus, englobe des notions d’excellence morale, de compétence et de comportement exemplaire.
C’est pourquoi la virtus était une qualité hautement valorisée chez les Romains, surtout chez les soldats et les dirigeants.
Ainsi dans l’Énéide, Virgile présente Énée comme un vir, mettant en avant ses qualités de chef et de héros. De son côté, Cicéron, dans ses discours et écrits, fait souvent référence à la virtus des viri pour exalter les qualités des hommes qu’il admire.
La virilité assimilée à la violence
Le problème que nous rencontrons actuellement est la déformation des concepts.
La virilité, en tant que force, est mal connotée, dans une société où force égale violence. Cette fausse équation conduit justement à un recul de la force, c’est-à-dire une absence de pouvoir pour agir et transformer les choses. Mais, paradoxalement, c’est cette impuissance qui conduit souvent à la violence, comme on peut le voir dans de nombreux phénomènes sociaux de manifestations ou d’émeutes.
Il ne faut pas non plus tomber dans l’écueil d’opposer la force et le droit. Il est évident que le droit est supérieur à la loi du plus fort, de même que la raison est supérieure à la force. Ce n’est pas pour rien que Platon a développé l’idée que, bien que l’être humain possède en lui-même une nature de lion, qui représente la force, il doit confier le gouvernement de cette force à sa propre intelligence. Il traçait ainsi tout le travail de la philosophie dans sa dimension éthique.
Une autre déformation est liée au fait que, dans notre société, le masculin est égal au patriarcat. Cette idée de domination du masculin sur le féminin, reprise par certaines idéologies contemporaines, est héritée de la pensée marxiste qui divise la société entre dominants et dominés.
Le masculin et le féminin dans l’être humain
Le problème de réduire notre identité à notre biologie, fait que nous avons du mal à nous représenter que les caractères masculins et féminins existent en chacun de nous, quel que soit son sexe. Ainsi, par exemple, chaque être humain possède en lui des qualités de douceur, attribut féminin, et des qualités de force, attribut masculin, quoique le caractère naturel de ces deux énergies soit nié par les théories du genre qui tentent d’imposer une vision unisexe de l’être humain.
C’est le mariage harmonieux de ces deux qualités qui fait l’être humain accompli. Platon lui-même exhortait à conjuguer dans l’âme humaine les deux puissances contraires de l’héroïsme et des arts afin que l’une puisse dynamiser l’autre, et que, en retour, l’autre puisse la modérer.
Il n’est donc pas surprenant, par exemple, de se rappeler que les anciens codes chevaleresques d’Orient comme d’Occident, invitaient les guerriers à pratiquer, en complément des arts martiaux, la poésie ou la calligraphie, dans cette même intention.
Si nous parvenions à réfléchir au-delà des catégories de pensée qui nous sont imposées par la culture post-moderne, nous pourrions alors nous réjouir du retour du masculin, car il est indéniable que pour affronter les défis qui se présentent à nous, nous avons besoin de développer une certaine force, qui, rappelons-le, pour rester bénéfique, a besoin d’être au service du bien commun.