Derniers articles
-
Philosophie
Boèce et la consolation de la philosophie dans des temps mouvementés
L’adage « L’homme est un animal rationnel » est devenu, ces derniers temps, de plus en plus comique. Notre politique ressemble toujours plus à un théâtre d’inepties grandiloquentes, tandis que le monde s’enfonce davantage dans l’absurdité. Même dans notre vie personnelle, nous ne trouvons guère de répit, car bon nombre des marqueurs de la réussite ordinaire, tels que fonder une famille, posséder une maison et avoir un emploi stable, semblent davantage échapper à notre contrôle qu’auparavant. Où pourrions-nous alors chercher alors le bonheur et le contentement ? Anicius Manlius Severinus Boethius (vers 480-524 après J.-C.), plus connu sous le nom de Boèce, est une figure qui nous est très utile pour répondre à cette question. Né après l’effondrement de la civilisation romaine dans une famille aristocratique, il est devenu un érudit qui a traduit une grande partie des œuvres de Platon et d’Aristote en latin, ainsi qu’un homme d’État qui…
Lire la suite » -
Philosophie
Pratiques philosophiques : #19 Éviter les prises de bec
« Celui qui se tait le premier dans une dispute est le plus digne de louange. »Proverbe Hébreu Peut-on éviter les altercations ? La philosophie nous suggère de nous préparer à vivre quotidiennement des obstacles pour mieux les vivre, s’ils arrivent. Il est des jours sans. Tout avait bien démarré et voilà que l’on s’embrouille avec un collègue qui nous agace ou avec son fils qui n’a toujours pas rangé sa chambre. Le ton monte et la discussion tourne court en nous laissant un goût amer. Mais pourquoi en arrivons-nous, malgré nous, à des altercations et des paroles qui dépassent notre pensée et empoisonnent nos relations ? Souvent avec les mêmes personnes d’ailleurs. On dirait que nous nous laissons surprendre à chaque fois et que nos bonnes résolutions semblent sans effet. Comment y remédier ? Préparer sa pensée Ce type de situations devait arriver aussi à l’empereur romain Marc Aurèle. Dans ses Pensées pour moi-même,…
Lire la suite » -
Société
Oser la résistance spirituelle !
Nous vivons un temps où les fondations mêmes de ce qui a permis notre culture commune semblent se fissurer. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : 48 % des jeunes Européens considèrent que la démocratie dans leur pays est menacée, démocratie qui d’ailleurs ne fait plus guère l’unanimité, car près de la moitié d’entre eux doutent qu’elle soit le meilleur des régimes (1). Un sur cinq va même jusqu’à se déclarer prêt à accepter un gouvernement autoritaire dans certaines circonstances. Défaitisme, impuissance, désillusion, anxiété… la liste n’est pas exhaustive, le manque de perspective et de confiance dans le futur s’installe, au profit de l’anxiété et la solastalgie (émotions négatives et douleurs psychiques face à la dégradation d’un environnement auquel nous sommes attachés) (2). Comme nous le voyons chaque jour, par perte d’ancrage intérieur, peu à peu la résignation s’installe, puis finalement la violence, faute de convictions, d’arguments et de chemin possible. Pour autant,…
Lire la suite » -
Sciences humaines
Symbolisme de l’île
Le symbolisme de l’île est complexe et comporte des significations différentes dans les anciennes civilisations comme en psychanalyse ou encore dans l’interprétation des rêves. Selon C.G. Jung, l’île est le refuge contre l’assaut menaçant de la mer de l’inconscient. Il suit en cela la doctrine hindoue car, selon Heinrich Zimmer, l’île est conçue comme le point de force métaphysique dans lequel se condensent les forces de « l’immense logique » de l’océan. En Inde, on parle d’une « île essentielle », ronde et dorée, dont les rives sont faites de joyaux pulvérisés, ce pourquoi on lui donne le nom d’« Île aux joyaux ». À l’intérieur, poussent des arbres abondants et parfumés qui entourent un palais avec un trône central, sur lequel est assise la Grande Mère. Selon A.H. Krappe, cette Île des bienheureux était le paradis des morts et symbolise aussi le centre du monde. Dans un sens général, l’île est un symbole d’isolement, de…
Lire la suite » -
Philosophie
Montesquieu, philosophe de la modération et de l’équilibre
« Si je pouvais faire en sorte que tout le monde eût de nouvelles raisons pour aimer ses devoirs, son prince, sa patrie, ses lois ; qu’on pût mieux sentir son bonheur dans chaque pays, dans chaque gouvernement, dans chaque poste où l’on se trouve ; je me croirais le plus heureux des mortels. »Montesquieu, L’Esprit des Lois Le siècle des Lumières a été un creuset d’idées et d’innovations intellectuelles, et l’une de ses voix les plus influentes a été celle de Charles-Louis de Secondat, baron de Montesquieu. Noble de naissance, juriste de formation et philosophe par vocation, Montesquieu a aidé à façonner les principes fondamentaux de la pensée politique moderne. Né en 1689 au château de la Brède, dans la région verdoyante et viticole de Bordeaux, il poursuivit des études de droit à l’université de Bordeaux, puis à Paris, jetant ainsi les fondations intellectuelles d’une carrière qui associerait le droit, la…
Lire la suite » -
Arts
Rencontre avec Jacques Castermane, 2e partie : La voie du Zen, voie de l’expérience
À l’occasion des Journées mondiales de la philosophie en 2024, nous avons rencontré Jacques Castermane qui a longuement partagé avec nous son expérience de la voie du zen (1). Ce second article est extrait de la conférence que Jacques Castermane, pratiquant de zazen depuis de nombreuses années, a animé à l’école de philosophie Nouvelle Acropole Paris 11. Il y explique le sens de la pratique de zazen : concilier les contraires et quitter l’égocentrisme. Revue Acropolis : Le premier mot sur le chemin, c’est un OUI. Pouvez-vous nous en dire plus ? Jacques Castermane :« OUI à ce qui est !». On retrouve cette invite chez Dürckheim (2), chez Arnaud Desjardins (3) comme chez son maître Swami Prajnanpad (4). Pourquoi ? C’est une question de bon sens. Vous pensez peut-être que c’est du fatalisme. Pas du tout. Au réveil vous ouvrez les volets et la première chose que voyez :…
Lire la suite » -
Arts
Abélard et Héloïse : Bien plus que des lettres à Héloïse
Abélard est l’un des plus grands penseurs, dialecticiens et théologiens du XIIe siècle. Ceux qui ne le connaissent pas l’associent à Héloïse et aux célèbres lettres d’amour qu’ils ont échangées. Pourtant son œuvre fut très importante pour la philosophie de son époque et la suivante, car son apport a brisé des cadres de pensée et produit des influences décisives. Il est triste que Pierre Abélard (1079 -1142), ou Abélard tout court comme on l’appelle souvent, soit principalement connu comme le protagoniste d’une vulgaire romance, alors qu’en son temps il fut avant tout célèbre comme philosophe. Héloïse est un chapitre, et pas le plus important, de sa vie de chercheur de vérité. Une histoire romantique Le mythe de leur histoire romanesque est qu’elle était abbesse et lui moine, que la famille de la jeune fille n’était pas d’accord avec ces amours et qu’il y eut un règlement de compte dont le…
Lire la suite » -
Philosophie
Les exercices spirituels philosophiques : # 18 Savoir perdre
« Lorsqu’une porte du bonheur se ferme, une autre s’ouvre ; mais parfois on observe si longtemps celle qui est fermée qu’on ne voit pas celle qui vient de s’ouvrir à nous. »Helen Keller Qui aime perdre ? Personne semble-t-il ! Parce que, pour tous, la perte signifie la dépossession de quelque chose. Perdre son temps, un objet mais aussi vivre la fin d’un moment agréable comme le week-end ou les vacances, tout cela est susceptible de nous chagriner. Sans parler de l’ébranlement que nous causent des pertes plus importantes, telles que celle d’un emploi, un divorce, un deuil… Et pourtant la perte fait partie de la vie. Rien n’est stable ni ne reste égal à lui-même. Tout bouge et évolue. C’est le grand philosophe présocratique Héraclite qui enseignait que tout est soumis à la loi du devenir, et par conséquent se transforme sans cesse. C’est pour cela qu’il disait qu’on ne…
Lire la suite »

