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Éditorial : un peu d’olympisme dans un monde de folie !

Les jeux Olympiques clos, les Jeux paralympiques à leur tour ont enflammé la France dans un élan d’enthousiasme et de ferveur collective qui nous a fait du bien à tous.

Toutes tendances confondues les journaux s’étonnent de cet impossible réalisé, de cette étrange mystique, lumineuse comme un jardin d’Éden aux couleurs tricolores, comme l’écrit Libération : « À Paris, ces jours-ci, s’entremêlent sans animosité ni rancœur les milieux sociaux, les générations, les genres, les identités, les origines et cela fait un bien fou… ce rêve absolu restera à jamais symbolisé par cette vasque lumineuse qui, chaque soir s’élève lentement au-dessus du jardin des Tuileries, provoquant une émotion difficile à décrire, comme si toute la lourdeur du monde s’évaporait d’un coup… peut-être avons-nous justement aimé cette ville et ces Jeux parce qu’ils incarnaient une parenthèse de légèreté et d’enthousiasme dans un monde devenu fou et cruel…».

Oui, notre monde à bien des égards semble fou, mais cette fête olympique a semé une graine d’espérance toute aussi folle, tout devient possible quand la flamme d’un idéal unit les Hommes dans un élan puissant qui transcende les différences. Cet idéal symbolisé par la flamme, pilier du cérémonial olympique qui relie tous et toutes autour de trois valeurs « amitié, respect, excellence » ne se réduit pas au sport, il peut s’appliquer à chaque aspect de la vie quotidienne pour le transformer, l’éclairer, comme la France le vécut durant ces quelques jours…

Car si durant un temps trop court Paris devint Olympie, il nous appartient maintenant d’aller plus loin, de montrer que la leçon s’est gravée dans nos cœurs, que nous avons fait nôtre la devise paralympique qui dit l’indicible et donne la clef en quelques syllabes magiques : « Esprit en mouvement ».
Oui, nous avons besoin de cette magie, de cet esprit en mouvement qui, à travers le dépassement, s’affranchit des limites quotidiennes, pour transformer victorieusement les corps et les psychés. Car rien de tout cela ne fut improvisé, tout fut anticipé pendant des années, des années de travail, de détermination, de préparation pour offrir au monde le meilleur au service d’un récit magique.

Comme l’écrit Le Figaro le seul matériau du sport est « la personne humaine, qui vient, avec son corps, son esprit et son âme livrer le geste juste. Dans son effort, le champion n’est pas dispersé. Il est unifié autour de ce seul geste par la vertu de l’attention qui fixe le temps ». Alors ouvrons les yeux, ce n’est pas vrai uniquement pour le sport, mais pour toutes les choses importantes qui touchent à la personne humaine… Osons, nous aussi l’impossible !

Pour que l’esprit des jeux ne s’estompe pas, gardons l’élévation, devenons des athlètes de l’âme, amenons un peu de philosophie, un peu de bonheur dans ce monde en folie. Car comme dit Jankelevitch : « On peut vivre sans philosophie, sans musique, sans joie et sans amour. Mais pas si bien… ». 

Alors oui, devenons philosophes pour assumer nos handicaps et nos difficultés, nos entraves certes mais aussi notre force, notre puissance, notre joie, notre détermination. Comme l’a dit Tony Estanguet (1), lors du discours d’ouverture des Jeux paralympiques : « On vous a souvent fait la liste de tout ce que vous ne pouviez pas faire… ce soir débute la plus belle des révolutions… vous vous battez pour une cause qui vous dépasse. Mais vos armes à vous, ce sont les performances. Parce que quand le sport va commencer, on ne verra plus des femmes et des hommes avec un handicap, on vous verra vous : on verra des champions. À chacune de vos victoires, le monde va progresser. Une révolution douce, mais qui va changer chacune et chacun d’entre nous en profondeur, pour toujours. Une révolution individuelle, mais avec une portée universelle ».
Alors oui faisons des performances, le champ des possibles est tellement grand …

Repoussons les limites de notre cœur, pour que notre bonté s’étende même à ceux que nous ne connaissons pas encore, repoussons les limites de notre ignorance pour découvrir d’autres facettes de la Beauté à travers l’Art sous toutes ses formes, d’autres facettes de la vérité à travers l’étude, bref dans ce changement de perspective, devenons généreux pour nous-mêmes et pour les autres en nous laissant grandir en humanité, à travers notre humble mais persévérant travail philosophique quotidien. Car, quelle plus belle philosophie que celle qui parle au cœur et que chacun peut comprendre et pratiquer ?
Oui, comme l’a écrit Le Monde : « L’immense majorité des Français a envie de savourer plus que de dénigrer, d’aimer plus que de haïr, de célébrer le beau, le divers, le grandiose. » Plus qu’une prise de conscience, c’est une révélation, il n’y a pas de honte en philosophe, à se battre contre soi-même, et à rendre possible l’impossible. On en devient plus humain.

(1) Président du Comité d’organisation des Jeux Olympiques de Paris 2024
Thierry ADDA
Président de Nouvelle Acropole France

© Nouvelle Acropole

La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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