Le discours philosophique vu par Michel Foucault
Comment s’énonce la philosophie ? telle est la question que se pose Michel Foucault à travers ces réflexions écrites rassemblées dans ce volume.
Il commence par définir le rôle du discours philosophique. De tout temps, le philosophe doit énoncer la réalité mais, observe-t-il, de nos jours un nouveau rôle est assigné au philosophe : interpréter et guérir.
Ceci le rapprocherait des antiques philosophes tels Héraclite et Anaximandre qui apprenaient à déchiffrer les signes divins. Mais Foucault n’inscrit pas sa philosophie dans une tradition historique. Même si la philosophie énonce des concepts qui sont atemporels, elle s’exprime dans un environnement historique.
C’est ainsi qu’à la question traditionnelle : « qu’est-ce que la philosophie ? », il répond qu’elle est un discours spécifique et historiquement déterminé. C’est pourquoi il soutient que la tâche de la philosophie est de « diagnostiquer le présent » et de « dire en quoi notre présent est différent et absolument ce qui n’est pas lui, c’est-à-dire de notre passé ».
Foucault définit la philosophie non comme un questionnement fondamental de l’humanité depuis son origine, ni comme un discours qui prolongerait les enseignements traditionnels, mais bien comme une activité de « diagnostic » du présent ou comme « une histoire du présent ». C’est pourquoi cette philosophie de l’événement ne cherche pas « à dégager les structures universelles de toute connaissances ou de toute action morale possible ».
Suivant Nietzsche il récuse la « grande allégorie de la profondeur », cette « invention des philosophes » qui définit la philosophie comme une entreprise visant à débusquer le sens caché des choses et à libérer du mal l’homme et son corps. En énonçant ce qu’est « aujourd’hui », le philosophe est « seulement l’homme du jour et du moment : passager ». C’est pourquoi il ne se considérait pas comme un philosophe. Dans un entretien en 1978, il déclarait : « Ce qui fait que je ne suis pas philosophe dans le sens classique du terme c’est que je ne m’intéresse pas à l’éternel mais à l’événement ». Et c’est finalement là le rôle que Foucault assigne au discours philosophique : changer le quotidien à travers des prises de conscience. Pour lui, le philosophe est un « médecin » de la culture. Son rôle est d’ouvrir la possibilité de penser et de vivre autrement.
Il faut noter les longs développements méthodologiques qui font que, dans l’ensemble, l’ouvrage et de type savant et sera donc réservé aux spécialistes.