Pratiques philosophiques : #16 Développer la force d’âme

« Chaque combat, gagné ou perdu, nous donne des forces pour celui qui reste à venir. Il n’est pas bon pour les hommes d’avoir une vie facile. Lorsqu’ils cessent de combattre, ils perdent leur vaillance et leur énergie. »
Sagesse amériNdienne
L’actualité que nous vivons nous a fait prendre conscience, de manière assez brutale, de l’impermanence de notre monde. Ce constat peut nous déstabiliser et nous faire nous sentir impuissants devant les événements qui se déroulent sous nos yeux.
Il est cependant nécessaire de comprendre que nous avions vécu jusqu’à présent une période extrêmement protégée, qui a pu affaiblir notre résilience, car, comme le disait Sénèque : « Seul l’arbre qui a subi les assauts du vent est vraiment vigoureux, car c’est dans cette lutte que ses racines, mises à l’épreuve, se fortifient. »
La fortitude
Rappelons-nous que dans l’histoire, les êtres humains ont toujours été confrontés à des difficultés importantes : « l’art de vivre ressemble plus à un match de boxe qu’à un ballet », écrivait Marc-Aurèle.
C’est pourquoi les philosophes ont joué un rôle important pour aider l’homme à ne pas sombrer dans l’incertitude et les peurs qu’elle engendre.
Face aux temps difficiles ils ont convoqué la « fortitude », un mot ancien qui signifie force intérieure ou force d’âme. C’est la force de l’esprit qui fait permet de résister aux assauts de la vie, de lutter contre l’adversité et finalement d’avancer dans la vie en surmontant les obstacles.
Comment développer la fortitude ?
En l’exerçant. Tous les philosophes antiques nous invitent, d’une manière ou d’une autre, à pratiquer les vertus qui nous fortifient, comme le courage, la discipline ou la patience. Il s’agit à la fois de se représenter le comportement vertueux dans la situation difficile, et de faire preuve, à chaque petite occasion, du dépassement qu’implique la vertu en question. Car, disaient-ils, la plupart des gens sont forts face aux difficultés auxquelles ils se sont habitués soit par l’imagination, soit par la pratique.
Autrement dit si l’on cultive l’idée de réagir avec courage dans l’adversité, et que dans les petites actions du quotidien, on pratique cette attitude courageuse en dépassant nos appréhensions, nous développerons notre force intérieure, tandis que si nous imaginons qu’il faut se protéger et que nous fuyons les problèmes dans la vie quotidienne, nous ne ferons que nous affaiblir.
Deux conseils
Marc-Aurèle nous donne deux autres précieux conseils.
Tout d’abord, prendre du recul pour relativiser nos problèmes. Marc Aurèle nous suggère nous rappeler que nous faisons partie d’un ensemble plus grand et d’essayer de voir les problèmes sous un angle plus large. Penser à la difficulté ne doit pas nous plonger dans une attitude de dramatisation, qui peut engendrer la panique ou le découragement. Appliquons-nous à remettre les choses dans un contexte plus vaste pour leur donner leur juste dimension.
L’autre conseil est de choisir une phrase qui nous permet de convoquer la force intérieure quand nous nous sentons démunis. En voici deux que Marc-Aurèle nous confie :
« La nature rend chacun de nous capable de supporter ce qui lui arrive. »
« Tout ce qui paraît au-dessus de tes forces n’est pas forcément impossible ; mais tout ce qui est possible à l’homme ne peut être au-dessus de tes forces. »