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Philosophie

La culture de l’âme

En cette fin d’année, il semble que l’évolution de nos sociétés et du monde devienne de plus en plus incertaine. La scène politique, sociale et culturelle est aujourd’hui dominée par un simplisme intellectuel et une vulgarité croissante. Proposer un remède à cette situation n’est pas aussi simple qu’il y paraît car celle-ci est le résultat d’un enchaînement d’évènements qui a commencé il y a déjà plusieurs décennies mais qui s’accélère aujourd’hui.

La tragédie de Crépol, petite commune de trois cents habitants, au cœur de la Drôme, avec l’assassinat gratuit d’un jeune homme de seize ans sans histoire, confirme qu’aucun territoire n’échappe au déploiement de la violence. 88 % des Français considèrent massivement cet évènement comme l’un des symboles d’une société qui est de plus en plus violente.
En regardant le monde qui nous entoure, nous constatons cette même emprise de la violence et des actes barbares qui défient toute notion de civilisation. Les craintes pour notre liberté et notre sécurité grandissent.

Marc Aurèle (1) nous dit : « Chez les êtres raisonnables, on observe des républiques, des amitiés, des familles, des réunions, et, en cas de guerre, des traités et des trêves. L’effort pour s’élever à un niveau supérieur est capable de produire de la sympathie entre les êtres, malgré la distance. ». Nous sommes en train de perdre nos capacités à être raisonnables en laissant la place à l’émotion, à notre ressenti et à nos désirs qui nous font perdre nos moyens. Le géographe Christophe Guilluy nous rappelle : « Aucun modèle ne peut survivre sans être porté au quotidien par les gens ordinaires. » La culture partagée par tous ainsi que ses valeurs permettent la cohésion d’une société.
L’écrivaine Laurence de Charette (2) nous avertit : « Sans la notion de culture, il n’est en réalité ni intégration ni assimilation possible. Pas de paix non plus, car, sans civilisation, il n’est pas d’homme pour se parler. » Et elle rappelle que « ce n’est jamais tant aux assauts extérieurs qu’il faut imputer les échecs, voire l’effondrement d’une société ou d’une civilisation, comme l’écrivait Toynbee, (3) mais à son incapacité à surmonter ses faiblesses. »

Nous devons retrouver la culture de l’âme. Déjà, le philosophe grec Isocrate (4) déclarait : « Si donc vous êtes sages, vous mettrez fin à ce désordre, vous ne ferez plus comme maintenant, où vous êtes les uns hostiles, les autres indifférents à la philosophie. Persuadés que la culture de l’âme est la plus belle et la plus élevée des occupations, vous dirigerez les jeunes gens vers cette étude et ces exercices. »Sans un travail intérieur, l’humanité de l’être humain s’effondre.
Reprenons le constat de l’empereur philosophe Marc Aurèle, qui est aujourd’hui confirmé par l’anthropologie (5) : « Nous sommes nés pour collaborer, comme les pieds, les mains, les paupières, ou les deux rangées des dents, celle du haut et celle du bas. Il est contre-nature de s’opposer les uns aux autres. » La culture de l’âme est basée sur des choses simples que toutes les Écoles de philosophie anciennes avaient comprises et transmises aux jeunes générations. Notre intellect n’a pas besoin d’une encyclopédie pour parvenir à comprendre et agir avec bon sens. Il est clair qu’il faut commencer par donner l’exemple individuellement mais aussi inclure cette démarche dans l’éducation pour tous.

Socrate questionne Alcibiade (6) : « La technique qui permet de s’améliorer soi-même, pourrions-nous la connaître sans savoir ce que nous sommes nous-mêmes ? » Et Alcibiade répond : « Impossible. » Il en est de même pour les peuples et les nations. Et Socrate de poursuivre : « En nous connaissant nous-mêmes, (c’est-à-dire en reconnaissant notre identité profonde), nous pourrions sans doute connaître la manière de prendre soin de nous-mêmes. Sans cela, nous ne le pourrions pas. […] Il s’en suit donc, que c’est de l’âme qu’il faut prendre soin et c’est sur elle qu’il faut diriger nos regards ».

La culture de l’âme et son partage peuvent nous redonner l’enthousiasme et la confiance. N’hésitons pas à la pratiquer pour nous préparer à la nouvelle année 2024, au-delà des circonstances qui nous entourent.

Notes :
(1) Pensées pour moi-même, IX, 9
(2) Article de Laurence de Charrette, Choc ou vide civilisationnel, paru dans Le Figaro, le 10/11/2023
(3) Arnold Joseph Toynbee (1889-1975), historien britannique, spécialiste de l’histoire des civilisations et de l’histoire mondiale
(4) Sur l’échange, 304
(5) Pensées pour moi-même, II, 1
(6) Dialogue de Platon, Alcibiade, 128e et 132c
Fernand SCHWARZ
Fondateur de Nouvelle Acropole en France
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est la revue d’information de Nouvelle Acropole

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