Slim Guenaoui, l’alchimie du vitrail
Le chantier de restauration de Notre-Dame a ravivé l’intérêt pour l’art des vitraux. La France en détient 60 % du patrimoine mondial, dont les plus anciens datent du XIIe siècle. C’est donc avec un grand plaisir que nous avons rencontré Slim Guenaoui, artisan verrier qui initie et forme un large public au vitrail depuis plusieurs années. Passionné par l’alchimie et les mythes, il puise son inspiration dans la richesse des archétypes.
L’atelier de Slim Guenaoui jouxte sa maison qui se trouve dans le charmant village de La Saucelle en Eure-et-Loir. Il nous fait visiter son atelier, nous présente ses dernières œuvres et nous raconte l’histoire de sa passion pour le vitrail.
Revue A : Votre parcours professionnel semble atypique. Qu’est-ce qui vous a amené à vivre votre passion pour le vitrail ?
Slim GUENAOUI : Je suis né à Aubervilliers en région parisienne. J’ai travaillé dans l’insertion professionnelle et ensuite pendant 10 ans à Radio France où j’exerçais comme coordinateur des retransmissions de concerts. C’était un métier très cérébral, où seulement la tête fonctionnait. Et un jour, j’ai ressenti un appel venant de mes mains et du fond de moi. C’était un appel de la matière. Mais, je cherchais laquelle. J’ai commencé à voir ce qui existait dans l’artisanat. Et je suis tombé sur un article parlant de vitrailliste. J’ai approfondi cette piste. J’ai effectué un stage de cinq jours à Chartres qui a été déterminant. Et j’ai pu me faire financer une formation professionnelle dans le domaine au Centre International du Vitrail à Chartres. Après cette formation, une nouvelle vie a commencé pour moi. J’ai quitté Paris et me suis installé à La Saucelle dans cette maison que j’ai achetée.
Revue A : vous considérez que l’art du vitrail est un art sacré ? Que voulez-vous dire ?
S.G : Pour moi, le sacré est dans l’art populaire, dans l’art profane, autant que dans l’art religieux. Il est partout. Ce que j’aime, c’est qu’on ressente cette dimension du sacré et que le vitrail révèle cette dimension. J’aime explorer les archétypes universels que l’humanité porte en elle depuis la nuit des temps. J’aime faire les liens entre le vitrail et l’être humain. Comme un être humain, le vitrail ne se révèle que s’il est traversé par la lumière. Un être humain ne peut se révéler que lorsqu’il est traversé par la lumière. Je relie la notion de sacré et celle de la lumière.
Revue A : Quelles sont les sources d’inspiration qui vous portent dans votre travail ?
S.G.: Je suis très inspiré par Bruno Tosi, un maître verrier alchimiste. Il compare le processus de transformation du sable en verre au processus alchimique de transformation du plomb en or et la quête de la pierre philosophale. Il a orienté mon regard sur la magie du verre. Et cela confirme encore pour moi cette analogie entre le vitrail et l’être humain. Chacun d’eux a besoin de purification pour laisser passer la lumière et tendre vers la transparence. C’est pourquoi j’ai appelé mon atelier ; « Du sable à la lumière ».
Revue A : Vous-mêmes êtes-vous un alchimiste ?
S.G. : Je définis l’alchimie comme un chemin qui mène à notre Être. C’est le choix que j’ai fait. Ainsi, je vis cet artisanat de manière holistique. Et c’est merveilleux d’avoir une activité où on peut insuffler cette dimension spirituelle.
Revue A : pour vous, que signifie une dimension spirituelle dans un atelier de création ?
S.G. : Pour moi, c’est une quête viscérale de sens, une direction et aussi du courage et un soutien. Elle me conduit à une plus grande fraternité, mieux considérer mon prochain. Elle me reconnecte au monde. Dans les stages, ce que j’aime, c’est offrir aux autres un espace de création. Je me retire pour laisser la place à l’autre. Je remets mon égo à sa vraie place. Par ce chemin, je propose à l’autre de pouvoir être traversé lui-même par la lumière. Et c’est dans cet esprit que j’envisage mon stage à la Cour Pétral.
Site internet : https://www.dusablealalumiere.fr
Stage de Vitrail