Symbolisme du centre

Le centre fait partie des quatre figures symboliques fondamentales, aux côtés du cercle, de la croix et du carré. Il incarne le principe premier, la réalité ultime et l’absolu : c’est le cœur du cœur. Certains, comme Pascal s’appuyant sur Hermès Trismégiste, y voient même l’image de Dieu, tel qu’exprimé dans cette célèbre formule : « Dieu est une sphère dont le centre est partout et la circonférence nulle part. »
Nombreuses ont été les civilisations qui ont donné au centre la même importance et la même signification qu’au cœur comme point central de notre organisme physique. Dans un papyrus égyptien, on affirme que « le cœur de l’homme est un don de Dieu. » Et le philosophe Javier Saura commente dans l’un de ses derniers articles, paru dans la revue Esfinge : « Quand, dans la nuit, nous faisons un feu de camp, nous nous réunissons tous autour de lui en en faisant le centre. Et c’est ce que signifient le feu, le soleil et le cœur : l’union autour d’un centre. Centre qui, dans le monde symbolique, est l’esprit et ses valeurs, qui transcendent l’espace et le temps. »
Principe unificateur entre des opposés
Le centre ne se définit pas comme une simple localisation spatiale ou une immobilité figée : il est l’origine vivante de toute dynamique, le foyer de l’interrelation entre les opposés — l’un et le multiple, l’intérieur et l’extérieur, le temporel et l’éternel. Il représente ce lieu où les forces divergentes prennent naissance, s’éloignent et pourtant aspirent à revenir vers leur source primordiale. Il est à la fois le point de départ et la destination — le principe unificateur qui réside au cœur du devenir.
Centre et axe
En étudiant les symboles, on peut voir aussi que les images du centre et de l’axe sont très semblables et ne se distinguent que selon le point de vue duquel nous les observons.
Vue du sommet, la colonne n’est qu’un simple point central ; mais depuis l’horizon, elle devient un axe vertical, une ligne de jonction entre le ciel et la terre. C’est cette double dimension — centre et axe — que les lieux sacrés recherchent, s’élevant vers les hauteurs pour incarner à la fois le point d’origine et le vecteur d’élévation. Ils deviennent ainsi des lieux privilégiés de manifestation du divin, où le sacré peut apparaître.
À travers les âges et les cultures, aucun peuple n’a fait exception à ce lien intime avec une montagne sacrée, perçue comme le centre du monde. Ce centre n’est pas uniquement collectif : chaque communauté, tout comme chaque individu, possède son propre foyer intérieur, ce lieu symbolique d’où il regarde le monde, agit, apprend, aime — guidé par une quête personnelle de sens et d’unité.
Lieu de la conscience
Une autre analogie du centre est la conscience, notre point de référence pour tout ce que nous faisons. La conscience est notre centre, le support nécessaire pour éviter la dispersion qui provient des mille appels du monde environnant. La conscience est le foyer qui éclaire notre attention et, en ce sens, elle s’apparente au soleil, qui dirige tous les astres qui gravitent autour de lui. Il se peut que les orbites dessinent des cercles ou des ellipses, que le foyer — ou les foyers — ne soient pas exactement au centre géométrique mais l’importance du soleil comme base et source de la vie ne fait aucun doute. La force centrifuge est la distraction, la perte du centre et la force centripète est celle qui nous conduit de nouveau au centre ; la première est inconsciente, la seconde est le fruit de la discipline. Le centre peut alors être un foyer lumineux qui indique par où avancer, le maître patient et généreux qui nous éclaire de ses expériences.
Quand tout tremble autour de nous, quand devant s’ouvrent tant de routes que nous ne savons vers où nous diriger et que le choix est angoissant et incertain, la seule chose à faire est de chercher notre centre-conscience pour pouvoir agir avec discernement et sagesse.