« Moassy le chien »
Vient de paraître, dans une nouvelle traduction, un ouvrage du fondateur de Nouvelle Acropole, publié pour la première fois en français en 1980, et dont le lecteur d’aujourd’hui pourra apprécier l’intérêt.
La mise à nu d’un monde finissant, celui des Trente Glorieuses, de la deuxième moitié du XXe siècle, sous couvert d’une fable. Celle d’un chien récemment humanisé, au regard innocent et lucide, étranger à toute hypocrisie, qui dit en parlant des hommes : « Bien que je n’ai jamais pu les comprendre, je n’ai jamais cessé de les aimer. »
Telle est la proposition de cet ouvrage original dans lequel Moassy le chien nous conduit dans un long périple à travers la planète, en Europe du Sud, dans l’ex U.R.S.S., aux États-Unis, en Amérique du Sud, en Afrique et en Inde. Témoin désemparé de l’agitation stérile et désolante d’une humanité qui s’est fourvoyée, prenant la proie pour l’ombre, coupée de ses propres profondeurs, de ses sources vives, du principe spirituel qui sous-tend tout ce qui existe.
Un apologue relaté dans le Xe chapitre illustre ce propos.
« Un sage brahman, expert en haute magie, trouva un jour sa table cérémonielle, laborieusement préparée, sans dessus dessous à cause des jeux de son chat. Dès lors, chaque fois qu’il allait officier, il attachait l’animal à un piquet qu’il enfonçait dans la terre à la porte du temple. Ses disciples qui le virent faire, après sa mort, croyant que cela faisait partie du rituel, n’officiaient jamais sans attacher un chat à un piquet. Au fil des siècles, comme la cérémonie était difficile et requérait une préparation très particulière, ses raisons fondamentales requises se perdirent mais les lointains disciples du brahman continuaient à attacher un chat à un piquet avant chaque cérémonie. Lorsque tous les éléments spirituels et difficiles furent perdus, l’unique expression religieuse qui resta fut d’attacher un félin aux portes du temple. »
