Danger, il nous faut renaître !
Le deuxième volet du 6e rapport du GIEC (1), publié il y a un mois, est un véritable cri d’alerte et le constat de la pusillanimité des responsables mondiaux pour agir en faveur de la Terre, de la vie humaine ou de la vie tout court. Près de la moitié de l’humanité vit aujourd’hui dans une zone de danger et ce sont les populations les plus vulnérables et les continents les moins émetteurs de pollution, comme l’Afrique ou l’Asie du Sud-Est et d’autres petits États insulaires, qui sont touchés de manière disproportionnée.
Le 22 avril prochain, suivant les recommandations de l’Assemblée Générale des Nations Unies, les 450 Écoles de Philosophie, Volontariat et Culture de Nouvelle Acropole dans le monde vont célébrer la Journée Internationale de la Terre nourricière (2) pour inciter les êtres humains à réparer ou améliorer les conditions d’équilibre et de santé de l’être humain et de la Terre. Dans nos statuts internationaux nous avons toujours souligné que nous considérons la philosophie non seulement comme une manière de penser mais comme une façon de vivre et d’améliorer ce monde. Et c’est la raison pour laquelle nous réalisons chaque année des milliers d’actions de volontariat (3).
Le respect des lois de la nature et le vécu des valeurs les plus élevées nous semblent indispensables pour la croissance individuelle et collective. Les choix sociétaux et les actions mises en œuvre au cours des prochaines années pour réduire les émissions ou pour s’adapter aux bouleversements déjà en cours, seront déterminants.
Nous célébrons également le 15 avril, le 3e anniversaire de l’incendie de la cathédrale de Notre-Dame de Paris (4). Cet évènement n’a pas seulement touché le cœur des Français. Du monde entier, des messages de stupeur ont résonné, comme si l’âme de la France venait d’être touchée dans sa plus profonde intimité. Cet incendie est un autre cri d’alerte, mais cette fois-ci intérieur, sur l’importance de la dimension spirituelle et culturelle pour l’être humain.
Les conflits en Europe mettent en évidence la révision indispensable que l’Occident doit faire du véritable prix du sens de la vie. Le journaliste slovaque Martin Milan Simecka (5) souligne le fait que le confort, que nous considérons comme une évidence, n’est ni un acquis ni un droit. Il est vrai que depuis la chute du Mur de Berlin, vivre une vie agréable est devenue non seulement un acquis mais aussi un droit. Mais avec les derniers évènements que nous sommes en train de vivre, cette notion de la vie est devenue fictive car elle n’englobe pas ses coûts réels. Parce qu’à aucun moment, en Europe, nous n’avons intégré le coût de notre sécurité et de notre autonomie, d’un point de vue économique, financier, industriel ou humain.
Les Européens ont perdu le sens du défi moral et ils doivent le retrouver en sortant d’un mode de vie délibérément indifférent. Nous ne pouvons pas nous définir en tant que citoyens comme de simples consommateurs.
Nos vies ont un sens plus précieux, celui de notre dignité. S’il est vrai que matériellement tout peut devenir plus coûteux dans cette nouvelle ère qui se profile, une belle opportunité se présente à nous peut-être d’assumer le coût de la vie intérieure, propice à la sobriété, à la solidarité, à la gratitude, et ceci n’a pas de prix.
Le tocsin des alertes dont nous sommes les témoins devrait susciter une prise de conscience pour que nous puissions sortir de nos retranchements et vivre enfin la société de fraternité dont nous rêvons tous.