Philosophie

Donner vie aux valeurs morales

Nous commençons toujours une année avec des espoirs, convaincus que la nouvelle mesure du temps doit être en notre faveur, en résolvant nos conflits les plus pressants.

Néanmoins, année après année, nous découvrons que les jours continuent à être plus ou moins semblables, et que tant la solution des conflits qu’une dose plus importante de joie continuent à être le produit de nos propres décisions et actions.
À coup sûr, il n’est pas facile de se décider dans tous les cas, surtout lorsque nous avons sous les yeux diverses options… ou aucune. Pas plus que de trouver la joie, en sous-estimant des petites choses qui, cependant, arrivent chargées de satisfaction.

Plutôt que rester paralysés, mieux vaut prendre une décision, faire usage de la fortitude que nous avons tous intérieurement. Il est possible que nous choisissions une option incorrecte mais au moins nous savons que nous pouvons la corriger ; et cela est déjà beaucoup. Il en est de même avec les petites choses qui, à force d’être insignifiantes, perdent leur capacité à nous élever ; mais il n’y a rien d’insignifiant pour le regard pénétrant.

On ne peut nier que, d’une manière ou d’une autre, partout on vit des moments difficiles. Je suis convaincue que même ceux qui jouissent de grandes fortunes ne peuvent échapper à la douleur humaine, plus forte que toutes les carences. Mais nous ne devons pas nous résigner et justifier toutes nos erreurs en les attribuant aux mauvais temps que nous vivons. Il y a, effectivement, un immense désarroi dans tous les domaines de la vie ; il est compliqué de trouver un cap sûr ; nous nous sommes habitués à critiquer plutôt qu’à construire.
Construire requiert un développement dans l’être humain qui est impossible sans fondements. Peut-être la plus grande pauvreté, celle qui nous affecte le plus, est-elle la carence de fondements moraux.

Sous couvert de la liberté que nous ne savons pas toujours utiliser, nous nous laissons entraîner par les exigences les plus immédiates, qui portent avec elles la malédiction de n’être jamais satisfaites. Tout est bien, tout est possible, tout a du sens tant que cela nous distrait et nous fait oublier le vide interne que nous ne voulons pas affronter. Nous vivons accrochés à des moyens de communication qui  ont des bénéfices conséquents mais qui nous séparent de nous-mêmes et des autres. Plus nous croyons être proches des autres, plus loin nous nous en trouvons. Nous communiquons, certes, mais l’égoïsme est très grand, et l’impuissance devant des situations déterminées nous frappe de stérilité pour toute forme de vivre ensemble.

Il faut trouver la formule pour enrichir nos journées, pour enrichir nos vies, pour être unis à ceux qui ont véritablement besoin de nous. Pour y parvenir, il faut commencer par donner à nos infortunes leur véritable dimension ; toutes ne sont pas aussi considérables qu’elles le paraissent ni aussi insolubles que nous le croyons. Il suffit d’observer les infortunes dont pâtissent les autres et ceux que nous pouvons soutenir, parfois avec de toutes petites choses, de celles qui paraissent insignifiantes mais qui sont généralement les plus précieuses.

Qu’a-t-on fait du sens de la fraternité ? Qu’a-t-on fait de nos sourires et de nos mains ouvertes ? Pour quoi mettons-nous à ce point en évidence la violence qui existe évidemment, et pas la bonté grâce à laquelle nous pouvons vivre ensemble ? Pour quoi nous laissons-nous piéger par les erreurs, par la malhonnêteté, par l’absence de sens commun, par notre propre bénéfice ? Pourquoi fermons-nous les yeux devant ceux qui les gardent encore ouverts, dans l’attente d’un peu de solidarité ?

Nous avons besoin d’un peu plus de morale. Nous avons besoin de quelque chose d’aussi simple que d’être bons et de regarder les autres avec un regard de bonté. Nous savons tous ce qui est bon en profondeur, mais nous ne le pratiquons pas parce que cela ni valeur économique ni prestige. Les vertus ne bénéficient-elles pas à ceux qui les exercent et à leur entourage ?

Oui, une nouvelle année a commencé et nous pouvons tous contribuer à ce qu’elle soit véritablement nouvelle, en apportant les éléments que nous avons oubliés ou que nous n’avions jamais cultivés. Faisons un jardin de cette année 2020 ; chacun peut planter une fleur, chacun peut faire quelque chose de positif, chacun peut être meilleur. Ce ne sont pas de simples désirs. Si nous pouvons en parler et écrire dessus, c’est parce qu’ils existent. Donner vie aux valeurs morales est une bonne opportunité pour donner vie à un temps différent. Que rien ne nous prive de cette occasion spéciale d’offrir et de nous offrir une année nouvelle et meilleure.

Traduit de l’espagnol par Marie-Françoise Touret
Éditorial extrait de l’Anuario 2020 des activités de la OINA, paru en espagnol et en anglais
À consulter sur internet
•  Anuario 2020
. Version en ligne : https://www.acropolis.org/fr/annuaires-internationaux
. Version pdf : https://www.acropolis.org/media/Anuario_NA_2020.pdf
• Vidéo de l’Anuario 2020 https://www.youtube.com/watch?v=H4qbfXS1GhY&t=7s
Par Délia STEINBERG GUZMAN

 

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