Idées révolutionnaires Une histoire intellectuelle de la Révolution française
par Jonathan ISRAEL
Éditions Alma/Buchet Chastel, 2014, 942 pages, 36 €
Professeur d’histoire au prestigieux Institute for Advanced Study de Princeton, Jonathan Israël est bien connu des historiens pour ses travaux sur les Lumières radicales. L’auteur bouscule les idées reçues sur la Révolution, et sur le jacobinisme. Selon lui, la Révolution se serait inspirée des héritiers de Spinoza et de son cercle. Dès le début, elle aurait été entre les mains de « républicains démocrates », qui constituent une avant-garde révolutionnaire républicaine, laquelle aurait pu mener l’événement à son terme.
L’auteur dénonce fortement Robespierre et ses amis Montagnards, comme Saint-Just, et il les accuse d’avoir trahi les « valeurs d’émancipation » des Lumières radicales (liberté de la presse, instruction laïque, droits des femmes, philosophie des droits). Inspiré par Jean-Jacques Rousseau, animé de « tendances despotiques », Robespierre ne serait rien de moins qu’un « contre-révolutionnaire », « Robespierre ne fut jamais un républicain […] mais simplement un tyran ivre de pouvoir » écrit l’auteur. Les députés Montagnards, autour de Jean-Paul Marat, et des acteurs de la Terreur, comme Robespierre, seraient les adversaires de ces Lumières radicales, en étant hostiles au droit de suffrage des femmes, pas toujours favorables à l’émancipation des esclaves, au cosmopolitisme, etc. Surtout, ils furent experts dans l’art de manipuler les colères populaires, d’inventer des complots imaginaires pour en fomenter de réels et d’exercer leur pouvoir tyrannique. Une analyse qui va à contre-courant de ce que pensent les historiens habituels de la Révolution française.