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Vaccin philosophique pour l’âme L’action juste

Nous faisons ici référence à cet enseignement du Bouddhisme, très pratique qui se nomme « l’Octuple sentier ». C’est une roue aux huit vertus à mettre en mouvement pour que le candidat à la sagesse puisse à travers chaque vertu se libérer, s’alléger, se grandir, et s’effacer à l’ignorance et l’arrogance.


Dans le cadre de sila, la conduite éthique consiste à bien se comporter soi-même en pratiquant trois premières vertus :
• la parole juste (1)
• l’action juste
• les moyens d’existence juste

Continuons donc notre chemin en analysant ce qu’est « l’action juste » :
« La vigilance est le sentier de l’immortalité. La négligence est le sentier de la mort. Ceux qui sont vigilants ne meurent pas. Ceux qui sont négligents sont déjà morts ».
Dhammapada (2)

Et si nous commencions par regarder la qualité de notre présence dans notre action ? Sommes-nous pleinement « là », dans l’attention du détail de ce que nous avons entrepris, dans la qualité du geste, dans la tranquillité du soi, dans le choix de ce que nous sommes en train de faire et donc la priorité qu’on lui donne ? ou bien enchaînons-nous les actions pour que l’une efface l’autre ou que l’autre se hisse sur la suivante, dans un alignement linéaire, épuisant de non-sens ?

Sans aucun doute, au regard du Dhammapada, l’action juste commence par l’action attentive, vigilante, pour ne négliger ni soi-même, ni l’autre vers lequel notre action s’oriente.
L’action juste serait alors l’action désintéressée, sans besoin de récompense ni de reconnaissance. Une action qui se fait à partir du cœur généreux, qui ne calcule pas, qui n’appelle pas le regard extérieur d’approbation mais qui se fait par le devoir ressenti de la faire. C’est un positionnement sobre qui nous permettra aussi d’envisager les conséquences de notre action, et de les mesurer. Qu’est ce que faire le Bien, selon Platon ? c’est ne nuire à personne. Elle est difficile à trouver cette action si juste qu’elle n’entraîne aucun dégât, aucune réaction négative, mais s’inscrit dans ce qui est bon pour nous et bon pour les autres. Comme le conseillait le grand philosophe empereur Marc Aurèle, trouver à la fois ce qui est bon pour l’abeille et ce qui est bon pour la ruche, pour soi et pour le collectif.

Mettre sa conscience dans l’action n’est pas la même chose que mettre sa conscience dans la récompense de l’action. Que nous agissions sans réfléchir aux conséquences ou que nous n’agissions que pour les avantages que notre action va nous procurer, notre action ne sera pas juste. Elle réclamera un « instinct de rectitude », comme l’appelle le philosophe théosophe Sri Ram, qui revient à la nécessité de vigilance du Dhammapada, d’agir de la meilleure façon pour rejoindre un sentiment libérateur dans l’action bien menée.

La solidarité, la générosité et l’humilité sont des valeurs essentielles pour la quête du juste. C’est le cortège de nobles sentiments supérieurs qui accompagnent l’action juste. La solidarité pour sortir de son égocentrisme et penser à l’autre en agissant. La générosité pour donner par amour donc ni par convenance ni pour chercher à se faire aimer. L’humilité pour apprendre à s’effacer à travers l’action, ne pas chercher à écraser l’autre de sa gloriole ; apprendre à reconnaître ce que nous savons et ce que nous ignorons, ce que nous retiendrons de nos expériences pour avancer sur le chemin de l’évolution de notre conscience.

La peur, les doutes sont de grands ennemis dans cette même quête du juste. La peur nous vient de notre affectif, qui s’invente toutes raisons pour ne pas agir, ou mal agir. La peur de perdre, d’échouer, de ne pas être aimé, la peur du ridicule, … un cortège noir qui assombrit le tableau de la quête du juste, vaincu par la force de notre négativité. Les doutes sont d’ordre mental et cisaillent les plus beaux idéaux, parfois même dans l’œuf. La raison a besoin de se rassurer. Or chercher l’action juste c’est se risquer à ce qu’elle ne le soit pas.

À vos pratiques d’observation !
Le soir, dans la solitude, regarder sa journée et écrire les sentiments nobles qui ont accompagné nos actions et les intrus invités au bal qui les ont contrariés.

Écoute musicale pour votre méditation :
SCHUBERT – Impromptu n°3 (Horowitz)
https://www.youtube.com/watch?v=FxhbAGwEYGQ

(1) Lire l’article paru dans la revue Acropolis N° 343 (septembre 2022)
https://www.revue-acropolis.fr/une-parole-juste/
(2) Un des plus anciens textes bouddhiques du Canon pali, contenu dans le Tipaka, les « trois corbeilles », où sont réunis les discours et enseignements du Bouddha historique
par Catherine PEYTHIEU
Formatrice de Nouvelle Acropole Paris V
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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