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Société

L’arrivée des machines, vers une plus grande inertie ?

Le progrès technique a changé considérablement la façon de vivre, notamment avec l’apparition des machines qui ont supplanté le travail de l’homme. Le résultat est le développement de l’inertie qui a gagné tous les domaines. Il est urgent de reconquérir sa liberté intérieure et extérieure pour retrouver le mouvement, propre à l’homme.

La machine remplacerait-elle l'homme ?
La machine remplacerait-elle l’homme ?

Le Mouvement est une des grandes lois de la Nature. Néanmoins, et du fait de la dualité qui naît des paires d’opposés, l’inertie est aussi une loi.

Le matérialisme, qui a gagné tant de crédit dans les derniers siècles, a introduit l’inertie dans notre style de vie d’une manière subtile. L’être humain, si riche en ressources pratiques, et si faible en conscience spirituelle, a opté pour la paresse psychologique et physique et a déchargé sa part de mouvement dans des machines de différents types.

Quand les machines remplacent les animaux et les hommes

Dans le lointain passé, lorsque les conditions de vie sont passées de l’itinérance à la sédentarité, les hommes ont utilisé des animaux – plus ou moins domestiqués – pour que ceux-ci les aident dans le travail, autrement dit, dans le mouvement. Ils ont aussi utilisé d’autres hommes, qu’ils ont réduits en esclavage, pour échapper aux travaux durs, aux mouvements forts. Jusque-là, et sans entrer dans des considérations d’utilité ou de moralité, êtres humains et animaux se sont réglés sur un même rythme, bien que le fouet ait cherché à faire que des chevaux, des mules ou des bœufs tirent un chariot à une vitesse supérieure. Il existait la limite propre à chaque corps. Lorsque cela n’a plus suffi, des machines ont été conçues, simples au début, plus compliquées ensuite, mais toujours dans l’intention de remplacer les mouvements des hommes, en accélérant également le rythme dans la mesure du possible, dans un désir de production, de plus grande richesse ou de simple commodité.

Ainsi, nous, les humains, avons commencé à bénéficier de l’inertie et les machines sont devenues des esclaves dociles qui ne protestent pas mais qui, chose curieuse, ont fini par nous asservir. Nous avons tous de multiples «robots» à notre disposition et, à mesure que passent les années, ils sont toujours plus parfaits, plus semblables aux hommes ou plus adaptés à ce qu’ils veulent. La similitude est si grande qu’à tout moment la rébellion des machines pourrait bien se produire.

Vers une plus grande inertie ?

Il existe une scène curieuse dans la Sépulture de la Lune de la culture mochica au Pérou, dans laquelle les outils, les armes et les objets de la vie quotidienne se retournent contre les humains et les attaquent. Cela ne se passera certainement pas comme dans ces images ni comme cela est décrit dans certains romans, mais les machines nous réduiront progressivement à une inertie toujours plus grande, de telle sorte que nous soyons les prisonniers et elles, les véritables maîtres.

Sans négliger l’importance des machines et des instruments de toute espèce, qui révèlent la puissance de l’intelligence créatrice, nous sommes préoccupés par la réduction de cette même intelligence, à la suite de la prolifération des machines.

La locomotive d’un train peut nous transporter rapidement d’un lieu à un autre, sans parler des avions. Mais un téléphone cellulaire – sous toutes ses variétés – ou un écran d’ordinateur nous immobilisent sur un siège… et nous paralysent l’esprit.

Les autobus et autres véhicules rivalisent en puissance et en vitesse, tandis que les personnes sont toujours plus paresseuses au point d’oublier de marcher. On préfère un régime confortable pour maigrir plutôt que bouger son propre corps pour éliminer ce qu’on mange. C’est une des absurdités de notre monde : beaucoup de gens meurent de faim pendant que d’autres souffrent d’obésité.

L’inertie a envahi tous les domaines

Les ordinateurs et les téléphones ont réduit notre imagination. En tout cas, nous l’utilisons pour découvrir comment fonctionnent les nouveaux programmes qui apparaissent constamment sur le marché. Le domaine technique occupe nos énergies, tandis que notre mental languit, se soumettant à penser et à écrire selon ce qui est stipulé par les systèmes.

Il n’y a plus de dialogue. Il y a la solitude de soi-même avec celui que nous supposons de l’autre côté de l’écran. La convivialité est toujours plus difficile, parce que ce n’est pas la même chose de parler à distance que de regarder les yeux de ceux que nous avons devant nous.

Le vocabulaire se réduit, s’estropie, bien que nous sachions que les règles de grammaire sont conventionnelles ; mais nous perdons des conventions pour en adopter d’autres qui sont le fait d’enfants balbutiants, abréviations et signes qui ressemblent à un langage mal chiffré plus qu’à des manifestations d’intelligence en développement. Qu’en sera-t-il de nos œuvres littéraires dans l’avenir ? Nombreux déjà sont ceux qui se détachent de leurs livres, parce qu’aujourd’hui, on trouve tout sur internet… Et la qualité du papier dans les mains, du livre qui est notre compagnon et confident ? Comment allons-nous écrire si nous ne savons pas lire ?

Ces réflexions ne manifestent pas un positionnement hostile aux avancées techniques ni aux grands bénéfices qu’ils nous apportent. Elles n’invitent pas non plus à nous défaire de toutes les machines qui nous simplifient les tâches quotidiennes, ni à revenir à la marche à pied, ou à envoyer des signaux de fumée à nos amis. Elles sont une invitation à réfléchir sur les nombreux mouvements que nous avons perdus et à l’inertie qui nous a envahis en devenant inconsciemment esclaves des outils mêmes que nous avons créés. Nous devons récupérer la liberté intérieure pour être maîtres de nos actions, utiliser nos outils quand ils sont nécessaires et pas de manière impulsive ; choisir ce que nous allons faire sans tomber dans des actes réflexes qui se sont ajoutés inévitablement à nos instincts.

Nous sommes des humains, pas des machines ; le mouvement nous appartient.

 Délia STEINBERG GUZMAN
N .D.L.R. Le titre, le chapeau et les intertitres ont été rajoutés par la rédaction

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