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Le Voyage de l’obélisque – Louxor/Paris (1829-1836)

Cette exposition (finissant le 6 juillet 2014) retrace la grande aventure que fut le le transport de l’obélisque de Louxor jusqu’à Paris ainsi que son installation sur la célèbre place de la Concorde à Paris.

Peu après la campagne d’Égypte de Napoléon Bonaparte (1798-1801), l’Europe se passionna pour ce monde mystérieux. En 1829, le vice-roi d’Égypte, Méhémet-Ali, qui employait des officiers et ingénieurs français à la modernisation de son pays, proposa le don de deux obélisques d’Alexandrie à la France, ceux du temple de Louxor, bien conservés mais situés à 700 kilomètres de l’embouchure du Nil.

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L’épopée du transport de l’obélisque de Louxor à Paris

Situé au sud de l’ancienne ville de Thèbes, le temple de Louxor, dédié au dieu Amon, est édifié près du temple de Karnak au XIVe siècle av. J.-C. Un siècle plus tard, Ramsès II lui ajouté un pylône d’entrée devant lequel il érigea deux grands obélisques. Ces aiguilles de pierre symbolisent la première butte de terre dans la mythologie égyptienne. Rayon de soleil pétrifié, l’obélisque est le point de contact entre le monde des dieux et celui des hommes. Selon la coutume, Ramsès II fit graver sur ces obélisques certaines dédicaces aux dieux et certains accomplissements de son règne.
L’exposition retrace sur 350 m² l’extraordinaire épopée du transport de cet obélisque, que l’on pensait impossible à l’époque. La construction d’un bateau nommé Luxor capable de transporter ce monolithe de 23 m de haut et pesant 230 tonnes fut d’abord engagée ; puis vint la navigation jusqu’à Louxor, où l’on commença par protéger l’obélisque avant de le dégager et de le charger dans le bateau. Pendant les sept mois passés à attendre la crue du Nil nécessaire pour deséchouer le Luxor, les officiers et quelques membres d’équipage en profitèrent pour visiter la Haute Égypte et la Nubie. Si la descente du Nil semblait s’être déroulée sans anicroches, il fallut faire remorquer le Luxor par un bateau à vapeur (le Sphinx, premier bateau à vapeur de la Marine française) jusqu’au Havre, où le Luxor fut démâté et halé par 28 chevaux jusqu’à Paris. La place de la Concorde fut choisie comme site par Louis-Philippe pour l’érection de l’obélisque afin qu’elle ne soit plus le symbole des décapitations de la Révolution. Le 25 octobre 1836, tandis qu’un orchestre jouait Les Mystères d’Isis de Mozart, deux cent mille spectateurs assistèrent à l’érection de l’obélisque à Paris.
Trois ans plus tard, des inscriptions relatives à cette expédition furent gravées à l’or fin sur le piédestal de l’obélisque. Le second obélisque de Louxor fut officiellement «restitué» à l’Égypte en septembre 1981. En 1998, l’obélisque de la Concorde fut coiffé d’un pyramidion en bronze doré à l’imitation de celui, en électrum (1) qu’il arborait dans l’Antiquité.
Il fallut donc sept années pour venir à bout de cette aventure – dont deux ans et demi – entre le départ de Louxor et l’arrivée à Paris.

Le parcours de l’exposition

L’exposition nous fait revivre, pas à pas, les préparatifs et les péripéties de cette aventure par le biais de maquettes, de dessins, d’aquarelles, de livres, journaux de l’époque, et de courts extraits du documentaire L’Odyssée de l’Obélisque. Elle met également en valeur les hommes qui ont été les principaux artisans de cet exploit : Champollion, tout d’abord, qui sut choisir le cadeau de Méhémet-Ali ; le commandant du Luxor, Raymond de Verninac Saint-Maur ; son second, Léon de Joannis, grâce auquel nous disposons de nombreuses illustrations de ce périple ; et surtout l’ingénieur Jean-Baptiste Apollinaire Lebas, qui programma et réussit toutes le opérations liées à l’obélisque (démontage, embarquement, débarquement, installation en place de la Concorde). En récompense pour cet exploit, A. Lebas sera nommé au poste de conservateur du musée de la Marine.

Par Michel GRANDGUILLOT

Musée national de la Marine
Palais de Chaillot
17 place du Trocadéro, 75 116 Paris
Tel : 01 53 65 69 69 – www.musee-marine.fr


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