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Arts

« Médecines d’Asie, l’art de l’équilibre »

née

Le Musée Guimet a organisé une exposition très originale, avec plus de 300 objets de qualités en provenance de Chine, d’Inde, de Cambodge et du Tibet (1).

Paris, musÈe Guimet – musÈe national des Arts asiatiques. MA5171.

C’est la première organisée par sa nouvelle présidente, Yannick Lintz, qui met en valeur l’ancienneté et richesse des pratiques médicales traditionnelles de Chine, Inde et Tibet. Elle met en évidence les grands principes communs sur lesquels les traditions médicales des trois aires géographiques et culturelles s’appuient, où soin et sacré sont intimement liés, en abordant quatre grands thèmes. L’intention de la nouvelle présidente est de rompre avec la visite passive et l’on découvrira dans la première salle une expérience sensorielle et dans la seconde, un espace pour une pratique de méditation. D’autre part, de nombreux ateliers et activités, y compris des pratiques de Qi Gong, invitent le public à partager de façon plus dynamique l’approche de sagesses vivantes de ces traditions d’Orient déjà très présentes en Occident.

But des médecines occidentales et orientales

Selon les Commissaires de l’exposition: « La médecine occidentale est une médecine de la maladie qu’il convient de traiter. Celle orientale apparaît plutôt comme une médecine de bonne santé – qu’il est souhaitable d’entretenir. Aujourd’hui, dans le cadre d’échanges harmonieux, les deux mondes en viennent à se comprendre et retiennent l’un de l’autre des leçons essentielles et bénéfiques. »On aurait en somme dépassé le clivage moderne entre raison scientifique et savoir empirique. L’âme ne serait pas si distincte du corps qu’on le croyait et l’approche holistique ne cesse de faire ses preuves, enrichissant plus que s’opposant aux traitements par spécialités, tout du moins, ce serait l’orientation souhaitable pour la médecine du présent et du futur.

Du mythe à l’histoire

Texte

La première partie de l’exposition présente les aspects fondamentaux de trois grandes traditions d’Asie : l’Inde (avec l’ayurvéda, remontant au temps des Véda) ; la Chine (avec les premiers traités de médecine qui remontent au IIe siècle av. J. – C.) et le Tibet (avec le traité fondamental de médecine, le Gyushi).

Les points communs à ces médecines sont la compréhension de l’homme comme un tout énergétique en qui se reflètent les lois de l’univers. La santé dépend de l’harmonie entre les divers plans. Et fondamentalement, le rôle de cette médecine consiste à préserver la santé.

Le voyage se poursuit par la présentation du panthéon des divinités liées à la médecine, en lesquelles s’incarnent les concepts de maladie ou de guérison, rappelant les liens entre médecine et spiritualité.

Dans la première salle, le visiteur est enveloppé dans une coulée lumineuse projetée en flux continu, symbolisant les énergies vitales – les méridiens – qui circulent dans le corps et dont l’équilibre est le principe fondamental des médecines orientales.

Paris, musÈe Guimet – musÈe national des Arts asiatiques. MG24068.

Diagnostic et soin

Le parcours de l’exposition se poursuit dans un espace plus intime et chaleureux. Point central de l’exposition, un espace conçut comme une apothicairerie rêvée présente la pharmacopée, l’acupuncture et la moxibustion. Entre officine de pharmacie et cabinet de curiosité, s’y côtoient mannequins d’acupuncture, plantes médicinales et précieuses boîtes à médicaments. Sont également abordées les techniques de traitement telles que le massage et les pratiques énergétiques (Qi Gong, T’ai chi chuan, Yoga). 

Au-delà des traitements thérapeutiques, les médecines orientales se caractérisent par une prise en charge globale des patients, dite holistique, dans le but de prévenir les déséquilibres internes identifiés comme cause principale des maladies. Ainsi, les massages orientaux sont destinés à stimuler les énergies internes en vue d’entretenir, de restaurer ou même d’activer la circulation correcte des flux, garante d’une bonne santé, tant physique que mentale. 

Dans l’ambiance enveloppante d’une salle dédiée au repos et à l’introspection spirituelle, le visiteur a la possibilité de se livrer à un exercice de méditation, tout en contemplant des œuvres empreintes d’une grande sérénité.

La méditation

La méditation est une pratique qui permet de cultiver et de développer certaines qualités humaines fondamentales. Il s’agit principalement de se familiariser avec une vision claire et juste des choses, et de cultiver des qualités que nous possédons tous en nous, mais qui demeurent à l’état latent aussi longtemps que nous ne faisons pas l’effort de les développer. Si le but premier de la méditation est de transformer l’expérience du monde, il s’avère également que sa pratique a des effets bénéfiques sur la santé.

Paris, musÈe Guimet – musÈe national des Arts asiatiques. MG26303.

Médecines de l’âme

Au-delà du corps physiologique, c’est aussi de l’esprit et de la psyché des êtres que se préoccupent les médecines asiatiques. Astrologie, charmes et rituels, amulettes et vêtements talismaniques sont autant de moyens permettant de lutter contre les indicibles affections de l’âme. Deux alcôves, consacrées respectivement au chamanisme et à l’exorcisme, invitent à un tête-à-tête avec les médecines du surnaturel. Une section est également consacrée à la protection symbolique des enfants au travers d’objets empreints d’intimité et d’amour.

Dans un monde où médecine et religion sont étroitement liées, les manifestations de la maladie, qui est l’expression d’un déséquilibre intérieur des flux énergétiques, peuvent résulter de causes surnaturelles comme l’action d’un démon ou les effets d’un mauvais sort. Le lien intime existant entre divin et médecine dans la prévention contre les maladies se développe ici en un dialogue entre santé et magie. Deux praticiens sont alors sollicités : le médecin et l’exorciste, à la fois complémentaires et dissemblables. Ils appartiennent à des catégories sociales différentes : leur savoir, en effet, ne s’appuie pas sur les mêmes référentiels. C’est après la consultation du médecin, puis de l’astrologue – pour s’assurer d’un jour auspicieux pour la cérémonie – que le patient se tourne vers l’exorciste.

L’homme a toujours porté une attention particulière aux phénomènes célestes, à la fois en raison de leur nature mystérieuse et des présages, bons ou mauvais, traditionnellement associés à leur manifestation. Nombre de déités asiatiques ont un lien avec l’astrologie et sont censées jouer un rôle sur la destinée des êtres. 

Aujourd’hui, dans le cadre d’échanges harmonieux, médecine occidentale et médecine orientale en viennent à se comprendre et retiennent l’un de l’autre des leçons essentielles et bénéfiques. 

Orient et Occident : le dialogue des contraires

La popularité et l’efficacité des médecines asiatiques sont aujourd’hui indéniables tant dans une approche de bien-être que dans les prises en charge hospitalières. La fin du parcours évoque le dialogue médical entre l’Orient et l’Occident depuis le XVIe siècle. De précieux ouvrages encyclopédiques sont présentés dans une scénographie rappelant l’ambiance des bibliothèques anciennes. Aujourd’hui le dialogue des contraires se fait dans un cadre harmonieux. Orient et Occident se comprennent désormais et retiennent l’un de l’autre des leçons essentielles et bénéfiques. 

S’enrichir davantage mutuellement

Si de nets progrès ont été accomplis, il reste néanmoins encore un fossé entre une médecine de spécialisation, qui découpe l’être humain en partie, fondée sur la seule observation expérimentale et une vision strictement matérielle (ou corporelle) de l’être humain et la vision holistique de l’être humain qui relie le corps et l’esprit dans une seule unité fonctionnelle.

Sans renier l’importance de la raison, d’autres facultés plus intuitives, comme celles qui ont permis de déterminer aux anciens sages de Chine les parcours des méridiens d’acupuncture, restent encore à redécouvrir en profondeur.
Comme signe avant-coureur d’un changement de mentalités, nous pouvons constater, en effet, que de nombreuses disciplines énergétiques, comme le qi gong, le tai-chi ou le yoga, sont de plus en plus développées en Occident.  

Comme le dit Ysé Tardan-Masquelier (2) « Les crises successives qui marquent les premières décennies du XXIe siècle remettent fortement sur le devant de la scène les quêtes de sens, la revendication d’une réalisation de soi par l’adoption d’une discipline globale corps/esprit, la recherche d’une éthique dans l’action, les préoccupations écologiques, le besoin de « spiritualité » au sens large. Ces plans moins visibles, plus profonds, continuent de faire du yoga une ressource, une potentialité de résilience qui expliquent très largement son succès mondial. » 

Guérir de l’ignorance

Une médecine qui restaure le monde des énergies en assurant une meilleure circulation, qui a une vision holistique de l’être humain et qui veille à harmoniser sa santé physique et mentale pourrait réconcilier les sources d’Orient et d’Occident dans la quête d’une nouvelle sagesse.

En effet, l’essentiel, comme le disait déjà le Bouddha est guérir l’être humain de l’ignorance qui est la pire des maladies.

(1) Médecines d’Asie. L’art de l’équilibre. Jusqu’au 18 septembre 2023. Musée des arts asiatiques Guimet, 6, place d’Iéna, 75016 Paris
https://www.guimet.fr/event/medecines-d-asie-lart-de-lequilibre/
Programme complet des conférences et spectacles autour de l’exposition sur www.guimet.fr
(2) Médecines d’Asie. L’art de l’équilibre, Catalogue coédité avec les éditions In Fine, 288 pages, 37 euros, page 277
Les photos ont été fournies par le Musée Guimet
Laura WINCKLER
Co-fondatrice de Nouvelle Acropole en France
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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