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Peur et courage

La peur est le plus grand adversaire sur le chemin de la sagesse ? Nous le savions déjà. Mais nous devons en faire l’expérience. 

La sagesse ne consiste pas à se remplir la tête d’idées qui ne sont jamais appliquées (précisément par peur ou par lâcheté, ou par confort, qui est une autre forme de peur et de lâcheté) ; la sagesse consiste à apprendre à vivre, à évoluer, à devenir plus déterminé et plus confiant.
Il est évident que pour atteindre la sagesse, il faut parcourir de nombreuses routes non tracées, il faut percer la forêt compliquée des expériences. 

Rester en retrait par peur, en croyant éviter ces rencontres avec la vie, c’est retarder l’inexorable dessein de la vie. Pire encore, cela nous condamne à vivre ce qui nous attend dans l’ombre perpétuelle de la peur, dans le regret des opportunités retardées dans l’attente du héros intérieur, dont la naissance a été avortée au milieu du confort médiocre préféré par ceux qui ne veulent pas surmonter les obstacles.
La vie est un trésor de sagesse dès lors que nous apprenons à vaincre la peur à chaque pas. C’est votre vie, vos pas. N’ayez pas peur.

Comment reconnaître le courage authentique ?

Alors que certains parlent d’un courage ancré dans la réflexion et d’un courage ancré dans l’instinct, nous pensons, avec Platon, que lorsque ces dualités s’opposent brutalement, elles reflètent une incapacité de l’individu à établir un ordre intérieur. Quand il y a ordre – autre nom de la justice – il y a accord entre la réflexion rationnelle et les émotions, aussi instinctives soient-elles.

Si l’instinct l’emporte, le courage se transforme en témérité, poussant l’être humain à affronter des dangers qui le dépassent ou qui ne font que renforcer sa vanité. Dans ce cas, nous sommes plus proches de l’échec que de la victoire. À l’inverse, si c’est la froideur qui prévaut, nous n’avons peut-être pas affaire à une personne courageuse, mais simplement à une personne indifférente.
Or, nous le savons bien, dans notre monde de dualités, cette indifférence ne constitue guère une vertu : celui qui ne connaît pas la peur, qui ne l’a jamais ressentie, ne peut pas reconnaître le courage, la capacité à la surmonter.

On en déduit donc que le courage est un sentiment élevé, élevé précisément par son alliance avec l’intelligence. Le courage – l’aspect « spirituel » de l’âme selon Platon – lorsqu’il agit au nom des instincts, n’est pas tant du courage qu’une force instinctive déchaînée.

Maîtriser la colère et développer le courage

La personne qui a tendance à se mettre en colère est asservie de deux manières. D’abord, elle est son propre esclave, car une partie de son âme, la plus grossière et la plus brute, peut l’emporter sur son âme raffinée et réfléchie. Deuxièmement, elle est également l’esclave des autres… la perte de sa propre maîtrise de soi l’expose à la manipulation de ceux qui peuvent exploiter la situation à leur profit. L’âme du colérique est entre les mains des autres…

Comme il est facile de mettre en colère le colérique avec des arguments qui le font exploser ! Comme il se laisse facilement guider par les décisions de ses « propriétaires » circonstanciels !
Celui qui contrôle la situation lui fait croire qu’il est l’artisan de ses actes et de ses paroles, mais tout était prédéterminé…

Il est bon de maîtriser la colère, et encore bien meilleur de la remplacer par le courage. Le courage met en jeu notre vrai cœur, l’âme humaine authentique. Le courage, c’est l’audace de voir les choses telles qu’elles sont, de tempérer nos émotions, d’écouter, d’interpréter les idées, de choisir ce qui est valable et d’écarter ce qui ne l’est plus, d’agir avec justice.

Peur et ignorance

De quoi avons-nous peur ? De ce que nous ne connaissons pas, de ce que nous ne savons pas affronter. Alors qu’est-ce que notre peur, notre doute ? L’ignorance, purement et simplement.
Lorsque nous savons, lorsque nous apportons la lumière, lorsque nous voyons tout ce qui est autour de nous et en nous, la peur et le doute disparaissent.

Délia STEINBERG GUZMÁN
Ancienne Président de l’Organisation International Nouvelle Acropole (O.I.NA.)
Article traduit du site anglais : https://library.acropolis.org
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La revue Acropolis est le journal d’information de l’école de philosophie Nouvelle Acropole France

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