Société

Que serait l’adulte sans l’enfant qui l’aide à s’élever ?  

Chaque enfant a des potentialités qu'il faut nourrir et aider à faire émerger.
Chaque enfant a des potentialités qu’il faut nourrir et aider à faire émerger.

Dans nos imaginaires, le mois de septembre est intimement associé à la rentrée des classes. C’est un bon moment pour réfléchir à l’éducation et à son avenir.

Pour Platon, l’Éducation et la Justice sont les deux piliers de l’État. Ils doivent grandir ensemble pour porter la République et ne pas être déséquilibrés.

Nous devons prendre conscience qu’une bonne économie n’est durable que si elle est portée par une éducation de qualité et une véritable justice.

En tant que citoyens, nous devons élever notre conscience pour aller au-delà de l’immédiat et nous projeter en perspective sur ce qui peut instaurer un bien durable autour de nous.

Chez les Romains, l’éducation vient du mot educere, faire sortir le meilleur qui est en chacun. Plutôt qu’un programme, ce concept est ce que Socrate appelait la Maïeutique, l’art de naître à soi-même.

Aujourd’hui, l’éducation intéresse non seulement les parents mais de plus en plus de jeunes qui s’interrogent sur leur avenir et celui de nos sociétés. De nouvelles expériences font émerger à partir des enfants et des adolescents, des individus capables d’exprimer leurs propres qualités et d’enrichir la collectivité grâce à leurs différences.

David C. Banks (1) est né à Brooklyn et il est âgé de 55 ans. Il a créé un réseau d’écoles où sont reçus accueillis chaque année 3000 jeunes garçons qui parviennent à se libérer des bandes violentes des rues. Il affirme que la première chose dont un jeune à problèmes a besoin, est de retrouver sa propre estime et seul un bon professeur peut la lui rendre en l’écoutant. Il explique que c’est justement l’estime de soi que les bandes de jeunes tentent d’enlever à leurs nouvelles recrues pour commencer leur déconstruction en tant qu’individus. Ils y parviennent en leur infligeant de terribles humiliations pour qu’ensuite ils « renaissent » en tant que soldats de la bande.

« Nous commençons, dit David C. Banks, par les écouter avec respect et reconnaissance envers la personne qu’ils sont. Et nous nous rendons compte que très souvent, cela fait des années que personne ne les a écoutés. Et c’est alors qu’ils commencent à enlever peu à peu leur armure ». David C. Banks arrive à une conclusion lapidaire : ceux qui ont échoué à l’école commandent dans la rue et c’est pour cette raison qu’ils veulent que d’autres jeunes échouent. Et ils parviennent à les convaincre que le fait d’étudier n’apporte aucun prestige.

Le 27 septembre prochain, aura lieu la sortie en salle du film du réalisateur Alexandre Mourot Le maître est l’enfant (2).

Pendant un an, ce jeune père a filmé à l’école Jeanne d’Arc de Roubaix – école privée sous contrat – une classe de maternelle d’enfants âgés de 3 à 6 ans, qui pratique depuis 1946 la pédagogie Montessori. Il nous explique que « bien que ce film se passe dans le huis clos d’une salle de classe, il s’intéresse aux adultes et aux citoyens du monde de demain, au travers de la question du respect et du développement de l’enfant. »

Le défi de l’éducation, de la citoyenneté, de la paix, du respect des hommes et de la planète accompagne toute l’œuvre de Maria Montessori. Elle est née en 1870 et a vécu jusqu’en 1952. Elle a traversé une période particulièrement agitée, avec la montée du fascisme en Italie, puis en Espagne, qui l’ont contrainte à deux exils successifs. Elle a comparé l’enfant qui naît à un étranger débarquant dans un pays dont il ne connaît ni la langue ni les coutumes et qui doit s’adapter en très peu de temps.

Pour elle, l’autonomie et la capacité de concentration permettent des coopérations sereines : la confiance en soi engendre la confiance en l’autre. Sa vision est tout à fait originale et d’un grand intérêt pour nos défis contemporains. Elle considère l’éducation non seulement comme une transmission de savoir mais aussi comme une aide au développement psychique de l’enfant. Ce dernier point est justement capital, qu’il s’agisse de réformes de l’école, d’analyses de l’impact de nouvelles technologies dans les écoles, ou de formation des maîtres. Comme l’explique Alexandre Mourot, cette thèse gagne à être méditée.

La pédagogie des écoles Montessori est basée sur l’observation, le respect de l’enfant et la confiance dans son intuition face aux mystères de la nature humaine.

Chaque enfant a des potentialités physiques, émotionnelles, relationnelles, artistiques, intellectuelles et spirituelles, qu’il faut nourrir et aider à faire émerger, sans le forcer, ni lui faire subir de pressions ni chercher non plus à obtenir des résultats immédiats. Tout est mis en place pour préserver et accentuer l’individualité des enfants, qui, en même temps, apprennent à collaborer ensemble. La solidarité est une des valeurs essentielles de cette pédagogie. Le rôle de l’éducateur est de faire émerger ce potentiel et de le cultiver en s’appuyant sur la personnalité de l’enfant.

Les découvertes récentes en neurosciences confirment les intuitions de Maria Montessori. Il est indispensable d’avancer dans cette transition pédagogique et éducative qui permet l’émergence d’homme libres, différents et solidaires.

Dans le cas contraire, le risque est grand de se trouver dans la situation d’Athènes, comme l’avait dit Isocrate, philosophe du IVe siècle av. J.- C. : « Notre démocratie s’est autodétruite parce qu’elle a abusé du droit d’égalité et du droit de liberté, parce qu’elle a enseigné aux citoyens à considérer l’impertinence comme un droit, le non-respect des lois comme liberté, l’imprudence dans les paroles comme égalité et l’anarchie comme bonheur ».

Inspirons-nous de Johann Von Goethe : « Tout ce qui est sage a déjà été pensé : il faut essayer seulement de le penser encore une fois ».

(1) Fondateur et président de la Eagle Academy Foundation et fondateur de l’Eagle Academy (école pour jeunes garçons du collège à la fin des études). Depuis 2004, trois écoles ont été créées dans le Bronx, Brooklyn et Queens, et à Newark et dans d’autres villes des États-Unis.
http://www.eafny.com/
https://blog.wheelock.edu/david-c-banks-eagle-academy-create-opportunities-young-men/
https://www.youtube.com/watch?v=P93M_aB-VAo
(2) Lire article sur Le maître est l’enfant, page 9
Par Fernand SCHWARZ
Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole

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