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Philosophie

Stoïcisme et vie naturelle aujourd’hui

La philosophie stoïcienne, en vogue aujourd’hui, propose la recherche du bonheur mais également le développement de valeurs intérieures pour gérer les périodes de crise.

La philosophie stoïcienne est en vogue depuis quelques années. Il est fréquent de trouver des titres sur Comment être un stoïcien aujourd’hui, qui traitent de l’application des idées de penseurs tels que Chrysippe, Epictète, Sénèque ou Marc-Aurèle pour faire face aux problèmes de notre monde étrange. Il y a même des congrès annuels, comme la Semaine stoïque d’Exeter ( au Royaume-Uni), dans laquelle les bénéfices psychologiques de cette philosophie sont évalués.

Le stoïcisme, une philosophie atemporelle

Cette actualité et la mode d’une philosophie qui apparut il y a plus de vingt-trois siècles, constituent un phénomène singulier dans l’histoire de la philosophie contemporaine et mettent en évidence la caractéristique primordiale des auteurs considérés comme « classiques », autrement dit leur pertinence permanente, parce qu’ils apportent des clés pour comprendre l’essence de l’individu et de la société qui sont toujours en vigueur.

La philosophie stoïcienne a connu un développement de plus d’un demi-millénaire, avec plusieurs étapes à cheval entre l’hellénisme grec et le bas-Empire romain. Tout au long de cette période, l’objectif de sa pensée fut d’obtenir des réponses sur la façon dont l’individu devrait se comporter pour atteindre le bien auquel chaque être humain aspirait, le bonheur. C’est pourquoi cette philosophie est très peu spéculative et extrêmement pratique, donc considérée comme une philosophie morale, c’est-à-dire relative aux coutumes qui devraient être adoptées pour atteindre un but précis. C’est l’une des raisons pour lesquelles les stoïciens sont à la mode : ils sont très pratiques et poursuivent le même objectif que n’importe quelle personne actuelle, être heureux.

L’interdépendance

La philosophie stoïcienne repose sur une conception de la Nature totalement en phase avec ce que l’on sait aujourd’hui du Cosmos, et au sein de la Terre, des différents écosystèmes qui composent la biosphère, c’est-à-dire que tous les êtres sont étroitement liés les uns aux autres et basés sur les mêmes principes universels. Tout s’organise sur la base de ce que nous appelons aujourd’hui des systèmes complexes, qui sont liés entre eux comme un ensemble de Matriochka, ou « poupées russes » et constitués d’éléments également liés entre eux et dont la variation conditionne la situation du système. En d’autres termes, le destin de l’être humain dépend de ses propres décisions, mais aussi ces décisions influencent la Nature à tous les niveaux.

Dans la dénomination stoïcienne, les principes universels qui se trouvent dans tout le Cosmos, sont identifiés à l’idée de divinité, donnant naissance à un panthéisme (« Dieu et le Cosmos sont une même chose ») qui, lorsqu’il est pleinement exprimé, procure l’équilibre et l’harmonie. Autrement dit, lorsque ces principes universels se développent chez un être, ils donnent naissance à l’équilibre et à l’harmonie, de cet être avec lui-même et avec le reste de la Nature.

La recherche du bonheur

En d’autres termes, fidèles à la tradition socratique dont ils sont les héritiers, les stoïciens cherchent un moyen d’atteindre un type de bonheur compris comme le Bien ultime ou eudaimonie. Ce Bien ne doit pas être périssable ou particulier, mais atemporel et universel et se situe dans la pratique de la vertu, parce que les possessions matérielles ou la satisfaction des appétits ou la fuite de la douleur sont des circonstances temporelles. Seule la vertu demeure et procure l’eudaimonie.

Ne dépendant pas des facteurs temporels ni matériels, le bonheur dont nous parlons est à la portée de tout être humain. Et le chemin pour parvenir à la vertu consiste à se comporter selon la nature humaine elle-même, autrement dit selon la raison et en fonction du bien commun. Nous sommes des « animaux rationnels » et des « animaux politiques » selon les termes d’Aristote. Pour les classiques, la vertu et la raison ne doivent pas être interprétées en relation avec un code éthique particulier, mais dans un sens plus large, se référant respectivement à l’excellence humaine et au discernement.

En fin de compte, la vie naturelle pour la philosophie stoïcienne cherche à atteindre l’harmonie avec le reste de la Nature, qui peut se traduire par ce plein bonheur ou eudaimonie, et qui consiste à vivre conformément à sa propre nature humaine qui en révèlerait les vertus, c’est-à-dire les principes universels dans la dimension de l’âme. La majeure partie de la philosophie morale stoïcienne fournit le moyen de se conduire dans la vie quotidienne pour atteindre cet objectif de vivre conformément à la nature humaine.

L’actualité de cette doctrine est très pertinente, avec un double aspect. D’un côté, atteindre le bonheur continue à être le but de tout être humain, et le chemin dessiné par les stoïciens est à la portée de tous, quelles que soient les circonstances personnelles, parce qu’il n’est pas basé sur la possession matérielle mais sur le développement de réalités intérieures. Et d’un autre côté, dans ce processus il est particulièrement important de minimiser et de rejeter tout ce qui ne dépend pas de chacun, à savoir rejeter la possession matérielle comme voie pour atteindre le bonheur qui, en dernier ressort, est conditionné par des facteurs que nous ne contrôlons pas. Ce dernier aspect a une répercussion transcendantale dans la situation actuelle d’effondrement environnemental imminent, qui nécessite une explication un peu plus détaillée.

L’effondrement actuel

La science décrit pratiquement en temps réel le processus d’effondrement environnemental vers lequel l’Humanité se dirige en raison de processus très complexes de transformation des caractéristiques de la biosphère à l’échelle planétaire : réchauffement global, extinction massive des espèces, contamination généralisée, etc.
En simplifiant beaucoup, l’une des racines de ces problèmes réside dans un système qui a développé un consumérisme exacerbé comme modèle de vie, qui, combiné à une perte des valeurs morales a conduit à une extraction compulsive des ressources naturelles avec l’émission conséquente de polluants de toute sorte et la destruction des écosystèmes, en plus de développer un modèle social fondamentalement injuste, basé sur la possession matérielle.

Tout ce que la science a découvert sur le fonctionnement de ces processus et, par conséquent, ce qu’il faudrait faire pour réduire sensiblement les impacts environnementaux, se heurte de front au niveau social avec les caractéristiques du système qui donne la priorité aux avantages économiques par rapport aux autres circonstances, et au niveau individuel dans une manière de chercher le bonheur basé sur le consumérisme et la possession.

Ainsi, le stoïcisme et sa formule pour la recherche du bonheur et son mode de vie naturelle offrent une alternative très utile à cette impasse que notre civilisation semble avoir atteinte.
Premièrement, trouver le bonheur dans notre vie intérieure décourage la consommation exorbitante comme moyen d’atteindre ce bonheur auquel nous aspirons tous.
Deuxièmement, il décrit la nature humaine de manière à redéfinir ce que serait le lieu naturel de l’être humain dans la biosphère elle-même.

Le lieu naturel des êtres vivants

Le lieu naturel, du point de vue de l’écologie évolutive, définit la niche écologique dans laquelle une espèce peut vivre dans un équilibre dynamique avec le reste des espèces de l’écosystème. Ce lieu naturel est déterminé par les caractéristiques qui rendent une espèce unique et, par conséquent, il n’est pas incompatible avec d’autres espèces proches.

Chez l’être humain, le lieu naturel vers lequel nous a conduits notre propre évolution, n’est pas un lieu concret dans le réseau écologique des écosystèmes, mais plutôt celui déterminé par les caractéristiques qui font de nous une espèce unique, qui sont essentiellement des capacités intérieures promues par la culture et l’éducation. Lorsque quelqu’un vit avec le plein développement de ses capacités intérieures, telles que la sensibilité, les capacités de communication, le discernement, l’imagination créatrice ou le cadre de prise de décision éthique, pour n’en mentionner que quelques-unes, il a besoin de moins de ressources extérieures pour atteindre un bonheur qui sera plus durable car moins temporel. En d’autres termes, vous vivez une vie mieux remplie avec moins d’impact.

Par conséquent une philosophie telle que la philosophie stoïcienne, qui indique la manière de développer les capacités intérieures est une alternative indispensable à notre modèle de vie insoutenable. Pour aller plus loin, des scientifiques et des intellectuels signalent que l’effondrement de notre civilisation est déjà inévitable, pour des raisons environnementales, sociales et économiques. Toute une branche de la connaissance, appelée collapsologie étudie ces scénarios futurs, dans lesquels les enseignements stoïciens seraient également très utiles sur la façon d’atteindre l’eudaimonie en vivant selon notre propre nature.
Et tout cela est logique, parce que si nous étions obligés de vivre un scénario d’incertitude et de difficultés, comme le serait un scénario d’effondrement, recourir à toutes nos capacités intérieures (telles que promues par les stoïciens et autres philosophies similaires), caractéristiques de notre nature humaine, seraient utilisés à nouveau les outils évolutifs qui nous ont fait triompher en tant qu’espèce. Ce n’est pas notre instinct animal qui nous a aidés à survivre avec succès, mais nos capacités humaines.

Traduit de l’espagnol par Michèle Morize
par Manuel RUIZ TORRES

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