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Spiritualité

Thich Nhat Hanh Une vie de grand éveil, de grande compassion et de grande sérénité

« La carrière d’un moine ou d’une moniale est de transformer la souffrance et d’atteindre une compréhension profonde – le grand éveil –, l’amour – la grande compassion – et la liberté – la grande sérénité. » (1)


Par la qualité de sa pratique, sa fidélité au Bouddha et à ses enseignements, il devint Thay, l’enseignant, le maître bienveillant et l’ami spirituel dont le rayonnement de son œuvre devint planétaire.

C’est à l’âge de 7 à 8 ans, en regardant dans un magazine une photo du Bouddha souriant, paisiblement assis sur l’herbe, que Thich Nhat Hanh se dit qu’il avait envie d’être comme lui. Et il nourrit ce désir profond jusqu’à l’âge de 16 ans, quand il obtient la permission de ses parents d’être ordonné moine (2).
Il était habité par ce que l’on nomme l’esprit du débutant – l’intention profonde, le besoin le plus profond de l’être – qui l’habite toujours. Il est l’expression de la bodhicitta, la grande énergie ou la grande compassion qui est la volonté de trouver un chemin de lumière, un moyen de se défaire des attachements et d’aider les autres. Il conseillera aux moines et moniales de garder toujours cette prodigieuse source d’énergie. « Vivez et pratiquez dans un environnement sain et gardez toujours la beauté de votre esprit de débutant. » (3)

Pratiquer infatigablement

Et toute sa vie tiendra dans cette consigne simple : pratiquer infatigablement, shram, qui se retrouve dans le mot shramaner(ik)a qui désigne le novice. Un novice est une personne fermement déterminée à mettre fin à la souffrance et à aider tous les êtres, sans attachement ni discrimination.
Par la qualité de sa pratique, sa fidélité au Bouddha et à ses enseignements, il devint Thay, l’enseignant, le maître bienveillant et l’ami spirituel dont le rayonnement de son œuvre devint planétaire en diffusant les enseignements de la voie du Theravada, dite Doctrine des Anciens ou Hinayana, le petit véhicule complémentaire du Mahayana, grand véhicule développé davantage par les écoles tibétaines (4).

Essaimer des graines de sagesse dans le monde

En tout cas, les guerres et convulsions du XXe siècle en Asie, ont produit, entre autres, l’exil de deux grands maîtres spirituels du bouddhisme, le Dalaï Lama et Thich Nhat Hanh dont la persévérance et le courage ont permis de faire rayonner les graines de cette sagesse millénaire en Occident. Et il était conscient des conséquences de cette fécondation du monde. « L’historien anglais Arnold Toynbee a prédit que la rencontre du bouddhisme et de la culture occidentale allait être l’un des événements majeurs du prochain siècle (le XXIe). Je crois qu’une nouvelle culture naîtra pour l’humanité à partir de cette rencontre. Préparez-vous à prendre part à cet évènement historique. Mettez en pratique les enseignements du Bouddha dans votre vie quotidienne afin de transformer vos souffrances et celle de votre Shanga (la communauté des moines). » (5)

La pratique des préceptes et des manières raffinées

Il dira : « Être moine c’est avoir le temps de pratiquer pour votre transformation et votre guérison. Et après cela pour aider à la transformation et guérison d’autres personnes. » (6)
Sur quoi était basée la pratique de Thay ? Sur le fait de suivre fidèlement des préceptes millénaires qui remontent au bouddhisme originel. Les préceptes à l’usage des novices et des moines se trouvaient contenus dans une de trois corbeilles : Vinaya-Pitaka, la corbeille des préceptes. Les novices avaient dix préceptes et les manières raffinées qui sont les principes qui sous-tendent la conduite gracieuse et digne d’un moine qui rendent possible l’expression extérieure de la beauté de la vie spirituelle. Ils se complètent l’un et l’autre. Bien que très anciens ils sont adaptés aux besoins des pratiquants d’aujourd’hui. Les moines pleinement ordonnés pratiquent deux cent cinquante préceptes, qui une fois combinés avec les quatre positions, en marchant, debout, allongé et assis, deviennent les mille manières raffinées. Lorsqu’ils se combinent avec les trois actions du corps, de la parole et de l’esprit, ils deviennent ce qu’on appelle les trois mille manières raffinées. (7)

Au réveil
Me réveillant ce matin je souris.
J’ai vingt-quatre heures toutes nouvelles.
Je forme le vœu de les vivre pleinement,
En posant sur le monde les yeux de l’amour. » (8)

La pratique de la pleine conscience dans l’instant présent

La pratique est un entraînement constant du corps, de la parole et de l’esprit. Elle permet de rester toujours en vie dans le moment présent. « Avec la pleine conscience, vous pouvez vous établir dans le présent afin de toucher les merveilles de la vie qui sont disponibles à ce moment-là. Il est possible de vivre heureux ici et maintenant. Vous n’avez pas à vous précipiter dans le futur pour en obtenir plus. » (9)
Il insiste sur le fait que cette pratique ne nécessite pas de beaucoup de temps pour ressentir ses bienfaits. « Le chemin enseigné par le Bouddha est celui qui nous apporte du bonheur dès les premiers instants de notre pratique. Nous n’avons pas besoin d’attendre cinq ou dix ans pour toucher le bonheur. Elle invite à l’expérience directe. La méthode du Bienheureux ne connaît pas la notion du temps. Elle est akalika, « hors du temps ». Dès l’instant où vous respirez en pleine conscience, vous pouvez apprécier la valeur et l’efficacité de votre respiration consciente. La pratique agit instantanément sur votre corps et sur votre esprit et le bonheur est immédiat. Si vous pratiquez depuis de nombreuses années et que vous êtes toujours malheureux, c’est sans doute que vous ne pratiquez pas bien. » (10)

La méditation de la mandarine

« La prochaine fois que vous mangerez une mandarine au travail ou à l’école, posez-la dans la paume de la main et regardez-la de façon à la rendre réelle. Vous n’avez pas besoin d’avoir beaucoup de temps devant vous, deux ou trois secondes suffisent. En la regardant, vous pourrez voir un bel arbre, une fleur, le soleil et la pluie, ainsi qu’un minuscule fruit en train de se former. Vous pourrez voir la continuation du soleil et de la pluie, et la transformation du bébé fruit en cette mandarine mûre dans votre main. Vous pourrez voir sa couleur évoluer du vert à l’orange, et le fruit mûrir et devenir sucré. En regardant la mandarine de la sorte, vous verrez en elle le cosmos tout entier : le soleil, la pluie, les nuages, les arbres, les feuilles, absolument tout. En l’épluchant, en sentant son parfum et en la goûtant, vous pourrez ressentir beaucoup de bonheur. Comme goûter à la douceur d’un rayon de soleil. » (11)

Sur les pas de grands êtres

Au plus profond de la dimension de l’espace se trouvent tous les êtres éveillés, ceux qu’on appelle les bodhisattvas. Ce sont des « êtres (sattva) [sur le chemin] de l’Éveil (Bodhi) », c’est-à-dire des futurs Buddha ou des êtres qui, sur le point de devenir des Buddha, y ont renoncé pour aider à la libération de tous les êtres.
Chaque bodhisattva représente un archétype pour nos comportements : Avalokiteshvara, l’écoute profonde ; Samantabhadra, la grande action ; Manjushri, la grande compréhension ; Kshitigarbha, celui qui se rend dans les lieux les plus obscurs, là où la souffrance est insupportable pour aider tout le monde.
« Les bodhisattvas ne sont jamais fatigués de la souffrance autour d’eux et n’abandonnent jamais. Ils nous donnent le courage de vivre. » (12)
Par des actions justes, généreuses et désintéressées, on convoque la présence inspiratrice des bodhisattvas. Ils inspirent et accompagnent les pratiquants lorsque leur cœur s’ouvre à la générosité et au don de soi. Les trois dons que l’on peut faire sont les biens matériels, le dharma (méthode de la pratique) et la non-peur.
Lorsqu’on accomplit des actions sociales, elles doivent être faites en pleine conscience, avec équanimité et capacité d’écoute.

Sur terre, il y a des bodhisattvas inconnus partout, ce sont ses hommes et ses femmes inconnus qui aident ceux qui sont dans le besoin et les accompagnent humblement. Ce sont aussi ces êtres calmes et gentils qui peuvent nous inspirer l’amour, la compréhension et la tolérance. Nous devrions vivre de manière à avoir le temps de les reconnaître et de toucher à leur présence.
« Nous ne vènerons pas des personnages imaginaires ou mythiques. Les bodhisattvas ne sont pas des personnages du passé qui vivraient au-dessus des nuages. Ce sont des personnes réelles qui sont pleines d’amour et de détermination. Quand nous pouvons comprendre la souffrance de quelqu’un et ressentir de l’amour pour cette personne, nous sommes en contact avec le bodhisattva de la grande compréhension. Quand nous sommes capables d’écouter profondément nos enfants ou nos parents, le boddhisattva de la grande écoute est présent. […]Nous devons être en contact avec les bouddhas et les bodhisattvas aujourd’hui même, dans l’instant présent et ne pas nous contenter d’allumer un encens ou de les prier. Quand nous sommes vraiment en contact avec eux, cela nous donne beaucoup d’énergie de voir qu’ils sont en nous et que nous sommes leur continuation, pas seulement dans le temps mais aussi dans l’espace. Nous sommes l’un des bras de ces bodhisattvas. » (13)

Être une continuation

Dans ce même esprit, Thich Nhat Hanh disait : « je suis une continuation, comme la pluie est une continuation du nuage. »

Finissons par ce poème qui exprime le fond de son cœur, de sa compréhension, de sa compassion et de sa sérénité : « Je suis un éphémère qui se métamorphose à la surface de la rivière. Et je suis l’oiseau qui fond pour avaler l’éphémère…. Je suis l’enfant en Ouganda, tout en peau et en os, mes jambes aussi fines que des tiges de bambou. Et je suis le marchand d’armes, vendant des armes mortelles à l’Ouganda. Je suis la fillette de 12 ans, réfugiée sur un petit bateau, qui se jette à la mer après avoir été violée par un pirate des mers. Et je suis le pirate, mon cœur pas encore capable de voir et d’aimer…. S’il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms, afin que je puisse entendre tous mes cris et mes rires à la fois, afin que je puisse voir que ma joie et ma douleur ne font qu’un. S’il vous plaît, appelez-moi par mes vrais noms, afin que je puisse me réveiller et que la porte de mon cœur puisse rester ouverte, la porte de la compassion » (14)

Sa conscience de la non séparativité ou interdépendance lui permettait de vivre l’unité fondamentale de tous les êtres en dépassant les clivages du bien et du mal et de toutes les dualités. Le maître n’est pas mort, il a changé de forme.


(1) Thich Nhat Hanh, Entrer dans la liberté, Éditions Dangles, 2000, page 90
(2) Voir sa biographie dans Plum village (Village de Pruniers): https://plumvillage.org/fr/au-sujet/thich-nhat-hanh/thich-nhat-hanh-full-biography/
(3) Thich Nhat Hanh, Entrer dans la liberté, Éditions Dangles, 2000, page 96
(4) La Doctrine des Anciens s’appuie sur un canon rédigé en pāli, nommé Tipiṭaka, comprenant de nombreux textes basés sur les paroles du Bouddha Śākyamūni, recueillies par ses contemporains et retranscrites quelques siècles plus tard.
(5) Thich Nhat Hanh, Entrer dans la liberté, Éditions Dangles, 2000, page 99
(6) Entretien exclusif avec Oprah Winfrey, série Super Soul, dimanche 6 mai 2010 https://plumvillage.org/fr/about/thich-nhat-hanh/interviews-with-thich-nhat-hanh/oprah-talks-to-thich-nhat-hanh/#filter=.types-video-fr.topics-love-fr
(7) Voir la présentation des préceptes dans Entrer dans la liberté, de Thich Nhat Hanh, Éditions Dangles, 2000, page 35
(8) Gathas pour tous les jours, Entrer dans la liberté, page. 16
(9) Entretien avec Oprah Winfrey, série Super Soul, dimanche 6 mai 2010
(10) Thich Nhat Hanh, Entrer dans la liberté, Éditions Dangles, 2000, page 91
(11) Thich Nhat Hanh, Voir, Éditions Plon, 2019, page 105
(12) Thich Nhat Hanh, Il n’y a ni mort ni peur, Éditions La Table Ronde, 2003, page 140
(13) Ibidem, pages 141 et 142
(14) Entretien exclusif avec Oprah Winfrey, série Super Soul, dimanche 6 mai 2010

par Laura WINCKLER
Co-fondatrice de Nouvelle Acropole France

© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

Photos proviennent du site
https://plumvillage.org/fr/au-sujet/thich-nhat-hanh/

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