Vaccin philosophique pour l’âme La Fidélité, comme vertu de la mémoire
La fidélité est considérée comme une vertu qui s’applique à tous les plans de l’existence. Qu’est-ce que la fidélité ? À quoi est-on fidèle ? Qu’implique donc la fidélité ?
La Fidélité suppose une volonté continue, une constance dans nos croyances, dans nos choix, dans nos idées. Être fidèle fait du bien à l’âme, en entretenant la mémoire. C’est comme un baume guérisseur. Parce que l’on ne cherche pas à retenir de manière mécanique, d’une mémoire analytique et partielle, la fidélité met en mouvement quelque chose de fondamentalement positif en soi, une mémoire presque métaphysique qui structure et vitalise notre édifice psychique. Contrairement à cela, nos infidélités se nourrissent de nos souvenirs négatifs, de nos souffrances passées dont nous voulons nous défaire.
La fidélité est en ce sens une grande vertu du cœur. Elle nous offre à voir un autre plan de réalité de la conscience.
La Fidélité était à Rome, une déesse drapée de voiles blancs représentant la pureté. Fides était son nom. Elle représentait la bonne foi et l’honneur, et son pacte était signé par deux mains jointes qui se serrent. C’était le pacte de fidélité conclu. Et quand ce pacte était sacré, on posait un linge blanc sur les deux mains unies, pour marquer la pureté de l’intention, du joyau de l’âme. Dans le panthéon romain, elle était liée à la Concorde et à l’Abondance et avait son Temple au Capitole.
Fides est la personnalisation du respect des engagements, la gardienne de l’honnêteté et de l’intégrité des transactions entre les humains. Elle siège dans la main droite de l’homme. Elle marque les rapports fondés sur la confiance. C’est sa racine grecque pistis, traduite en latin par fides. Il y a intimité d’âme entre fidélité et foi. C’est pour cela que la loyauté est sœur jumelle de la fidélité. C’est-à-dire servir et honorer nos idées dans lesquelles non seulement nous croyons, mais par lesquelles nous développons notre capacité d’action. La loyauté nous permet de garder avec honneur un engagement, des principes, un style de vie au nom du meilleur de nous-mêmes.
La fidélité est bien donc une vertu de mémoire. Est infidèle celui qui oublie.
Comme toute vertu elle possède une vigueur, une vitalité. Car les vertus ne sont pas seulement des pensées mais des forces en mouvement qui se manifestent dans les actions. Et en œuvrant avec elles, leurs combinaisons sont infinies. C’est pour cela que l’on peut dire que les vertus se soutiennent les unes les autres et s’accompagnent mutuellement, de la même manière qu’elles s’engendrent également entre elles.
Comme le dit Comte-Sponville, « La fidélité n’est pas une vertu comme une autre mais celle qui rend toutes les autres possibles ». Que serait en effet la vérité, sans personne qui la respecte ? Que serait la philosophie, sans philosophe fidèle à ses convictions, la justice, sans personne qui respecte la loi ? Il y a un lien entre les fondements d’un monde habitable et la fidélité. Ceci a un sens dans une clé éthique, dans la relation à soi-même, mais aussi paradoxalement, cela fonde la vie politique, parce que sans fidélité, rien n’est possible.
La fidélité peut être vue dans tous les plans de l’existence.
Un arbre reste fidèle à ses principes. À chaque saison il se transforme, il s’endort en hiver, se réveille au printemps ; il oscille avec le vent, il se mouille à la pluie, fane à l’automne mais c’est toujours le même arbre. Restant fidèle à lui-même, il peut atteindre sa finalité, son destin d’arbre.
Les animaux domestiques savent être fidèles à leurs maîtres, parfois mieux que les hommes entre eux. La fidélité d’un chien pour son maître est exemplaire.
Et l’homme, dans le meilleur des cas, est fidèle au courage de choisir, de discerner quelles seront les idées qui marqueront ses pas tout au long de l’existence et rester fidèles aux mêmes.
La fidélité est comme un état de conscience, qui règne dans tous les plans de l’existence et s’adapte à beaucoup de domaines. On peut lui trouver plusieurs qualités : ce qui ne s’altère pas au cours du temps, de celui qui est constant dans ses sentiments, de ce qui est conforme à l’exactitude, de celui qui est dévoué, de celui qui remplit ses engagements…
Si nous voulons œuvrer pour un meilleur monde demain, nous ne pourrons le faire sur la base de nos infidélités. Nous aurons besoin tout d’abord de savoir : « À quoi suis-je fidèle ? et à quoi je veux être fidèle ? ».
Notre fidélité sera preuve d’amour et de courage, car il nous faut être courageux pour honorer nos engagements.
Exercice philosophique :
Méditer sur ces deux questions :
À quoi suis-je fidèle dans ma vie ?
À quoi je veux être fidèle pour construire le futur ?
Ecoute Musicale associée
Chaconne de Heifetz-Vitali
https://www.youtube.com/watch?v=HvMYJmO5lrE
par Catherine PEYTHIEU
Formatrice à Nouvelle Acropole Paris V
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole