Philosophie

À l’école des Muses, application dans la musique

Pour conclure le cycle d’articles sur les muses que nous avons publiés de février 2018 à janvier 2019 (1), nous vous proposons quelques éléments pour une application concrète les concernant, dans le domaine de la musique et, plus particulièrement, dans l’utilisation de la voix, de la parole et du geste.

Dans la mythologie grecque,  les Muses sont les filles de Zeus (le pouvoir divin dans son interprétation psychologique) et de Mnémosyne, déesse de la mémoire. Elles constituaient dans la Grèce antique une unité qui ne pouvait être divisée et leur complémentarité est ici mise en évidence.

Polymnia : son domaine est celui du chant des hymnes, du chant sacré, de la prière. Elle apporte la conscience de la voix comme moyen de communication avec le plus sacré. Les premiers livres de l’humanité sont des livres de poèmes ou de chants de Sagesse : les Védas (2) sont des hymnes aux dieux. C’est la voix dans la prière.

Euterpe : elle charme et enchante. Elle ensorcèle et hypnotise. C’est la musique comme proportion et relation mathématique. Le chant est l’union des mots et de la musique. Elle apporte à la voix fluidité, légèreté, mouvement, hauteur ou ton, timbre, modulation du volume, résonance et direction. Dans toutes les langues des cultures initiatiques, tous les textes portaient une notation musicale. Ils n’étaient pas parlés mais chantés.

 Thalie : elle est une des maîtresses du théâtre, celle de la comédie. Elle suscite en nous le rire, non comme moyen d’oublier ou de distraire mais d’apprendre de l’école de la vie. Elle peut nous aider au contrôle émotionnel et au contrôle de la voix, de l’espace et du mouvement, simultanément. Elle facilite la prononciation, liée au mouvement.

Melpomène : l’autre maîtresse du théâtre, celle de la tragédie, face opposée de Thalie, l’une et l’autre étant en vérité une. Elle porte un masque, partie humaine et terrestre, derrière lequel sont les yeux du destin. Elle représente le rôle accusateur de la vie et la catharsis (purification). Elle nous aide aussi au contrôle émotionnel et à celui de la voix, de l’espace et du mouvement et également à la prononciation.

Calliope : Mère d’Orphée, elle préside à la poésie épique qui chante les héros. Elle est inspiratrice d’éloquence, de confiance intérieure et de force guerrière, comme de clarté dans notre expression vocale.

Érato : elle est la muse de la poésie amoureuse, source d’amabilité, de douceur, d’amour dans notre expression vocale. Elle rend intelligible la beauté de la Nature au moyen des mots.

Terpsichore : muse de la danse, elle est la musique unie à la géométrie. La géométrie, expression du nombre, de la proportion dans sa forme la plus physique. Elle facilite la beauté nécessaire dans l’expression du corps, particulièrement dans le mouvement des bras. Elle aide à mettre en relation distances et mouvements du corps, lorsque nous parlons ou chantons. Elle harmonise le geste.

Uranie : elle est en lien avec les astres. Elle met en évidence le fait que nos paroles et nos chants doivent être empreints d’humilité, marqués du sceau d’un mental ouvert à la nécessité de se connaître soi-même pour connaître l’univers, mû par des lois qui se manifestent sous forme de nombre, de proportion et de mouvement. Elle nous apprend à exprimer le besoin et l’aspiration naturelle au spirituel.

Clio : elle ne représente pas seulement l’Histoire, elle est aussi ce que nous apprenons de l’Histoire et du karma (3). Elle apporte talent, clarté et conviction dans le langage.

(1) Clio, revue Acropolis n°293, février 2018 – Calliope, n°294, mars  – Thalie, n°295, avril  – Erato, n°296, mai – Euterpe, n°297, juin – Terpsichore, n° 298, juillet – Melpomène, n°299, septembre – Uranie, n°302, décembre – Polymnie, n°303, janvier 2019
(2) Textes sacrés de l’Inde, d’une très haute antiquité, chantés et transmis oralement et dont la tradition attribue la transcription écrite au sage Vyasa
(3) Terme sanscrit désignant les conséquences objectives des choix faits par chacun et manifestées dans ses actions
par l’ Institut musical Tristan
Traduit de l’espagnol par M.F. Touret
Texte extrait du Bulletin n°2 de l’Institut musical Tristan (mars 2014)

 

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