Symbolisme de l’île

Le symbolisme de l’île est complexe et comporte des significations différentes dans les anciennes civilisations comme en psychanalyse ou encore dans l’interprétation des rêves.
Selon C.G. Jung, l’île est le refuge contre l’assaut menaçant de la mer de l’inconscient. Il suit en cela la doctrine hindoue car, selon Heinrich Zimmer, l’île est conçue comme le point de force métaphysique dans lequel se condensent les forces de « l’immense logique » de l’océan.
En Inde, on parle d’une « île essentielle », ronde et dorée, dont les rives sont faites de joyaux pulvérisés, ce pourquoi on lui donne le nom d’« Île aux joyaux ». À l’intérieur, poussent des arbres abondants et parfumés qui entourent un palais avec un trône central, sur lequel est assise la Grande Mère.
Selon A.H. Krappe, cette Île des bienheureux était le paradis des morts et symbolise aussi le centre du monde.
Dans un sens général, l’île est un symbole d’isolement, de solitude et de mort, et la plus grande partie des divinités des îles ont un caractère funéraire, comme c’est le cas de Calypso, dans l’Odyssée d’Homère. Une île où l’on ne peut accéder qu’au terme d’une longue navigation –Ulysse mit dix ans pour revenir à Ithaque– où d’un vol, elle symbolise le centre spirituel par excellence.
La Syrie primitive dont parle Homère, dont la racine coïncide avec l’appellation sanscrite du Soleil (Sûryâ) était l’île centrale ou polaire du monde. Elle est identifiée avec la Thulé hyperboréenne, dont le nom, Tula, subsiste chez les Toltèques. Thulé est l’île blanche et son nom (Svetadvipa) se retrouve dans les mythes vishnouïtes de l’Inde. L’île blanche est la demeure des bienheureux, comme l’île verte celtique dont on retrouve le nom dans celui de l’Irlande.
Du fait de leurs particularités géographiques, les îles évoquent aussi des lieux paradisiaques séparés du reste du monde ; on n’y parvient pas facilement, cela exige un périlleux voyage, plein d’aventures hasardeuses, y compris parfois une initiation. Celui qui arrive à une île accède à un lieu pur, neuf et sûr. Cette idée était très présente à l’esprit des découvreurs de l’Amérique qui, en arrivant, crurent avoir trouvé un « nouveau monde » ; ils pensèrent être arrivés à l’île des bienheureux, un lieu utopique et jusqu’alors inconnu.
Selon certains textes médiévaux tardifs, le Saint-Graal – Délos la coupe dans laquelle Joseph d’Arimathie recueillit les dernières gouttes du sang du Christ crucifié – se trouvait dans une île mystérieuse et inconnue, que les chevaliers de la Table Ronde devaient aller chercher mais cette île symbolique restait inaccessible et même invisible pour qui n’était pas pur. Les alchimistes se réfèrent à cette île comme au lieu secret où est réalisée le Grand Œuvre, comme l’écrit le philosophe et alchimiste d’Hooghvorst. « Au milieu de la mer des philosophes se trouve une ile désolée qui reste en attente de fécondation, également appelée création, que les amoureux de la sagesse appellent de leurs désirs » et il la met en relation symbolique avec l’île de Délos où, selon la mythologie grecque, Léto donna le jour aux jumeaux divins, Artémis et Apollon.
Selon ce qu’affirme la philosophe et ésotériste Helena Blavatsky, « la tradition raconte et les annales du livre de Dzyan expliquent que, là où ne se trouvent plus que des lacs salés et des déserts nus et désolés – le désert de Gobi – existait une vaste mer intérieure qui s’étendait sur l’Asie centrale, dans laquelle se trouvait une île unique d’une incomparable beauté », copie de celle qui, dans le ciel, est le centre de la roue zodiacale.