Penser chaque jour
Vaccin philosophique pour l’âme
« Ma cité, en tant qu’Antonin c’est Rome.
Ma cité, en tant qu’Homme, c’est le Monde.
Tout ce qui est utile à ces deux cités, c’est pour moi, le seul Bien ». Marc Aurèle
Un des exercices que proposent les stoïciens est de garder la conscience en éveil, le plus longtemps possible, afin de donner un sens et une finalité dans les actions que l’on fera tout au long de la journée.
« C’est pour faire œuvre humaine que tu te lèves chaque jour ». Marc Aurèle
« Chacun doit avoir en tout un seul objet : que l’intérêt particulier coïncide avec l’intérêt général. Qui tire tout à lui, dissout toute la communauté des hommes ». Cicéron
« Qui peut donner à autrui ce qu’il n’a pas lui-même ? Alors fais en sorte d’être riche pour nous faire profiter de ton argent. Si je peux devenir riche sans déchoir à mes propres yeux, en restant loyal et sans bassesse, qu’on me montre le chemin, j’y vais ». Épictète
Chacun peut apporter quelque chose à son entourage, à sa « patrie » comme auraient dit les stoïciens. Le boulanger apporte le pain, le cordonnier les chaussures… il suffit à chacun d’accomplir sa tâche. L’éducateur travaille à l’émergence de nouveaux jeunes citoyens, pleins de loyauté et de respect de soi. Et toi que fais-tu pour elle ?
« Tu peux, par toi-même, être utile à ta patrie. Quelle place auras-tu dans la cité ? Celle où tu pourras rester loyal et digne d’estime… Car en effet, si voulant servir ta patrie, tu réduis à néant tes vertus, ayant perdu toute ta loyauté et ta dignité, ton estime de toi, alors quels services pourrais-tu lui rendre ? ». Épictète
« Nous ne sommes pas nés pour nous seuls, notre patrie, nos parents, nos amis ont des droits sur nous, et notre loi est de nous entraider… nous devons demeurer fidèles aux inspirations de la nature et mettre tous nos avantages en commun pour un échange réciproque de bons offices, donnant et recevant tour à tour, employant notre esprit, notre travail, nos ressources à resserrer les liens qui unissent les hommes dans la société… Un échange de bienfaits mutuels forme aussi une belle et durable société ; s’obliger l’un, l’autre c’est se lier pour la vie… Nous aimons tendrement nos parents, nos enfants, nos proches, nos amis ; mais l’amour de la patrie renferme à lui seul tous les autres. Est-il un homme de bien qui hésiterait à donner ses jours pour servir son pays ? ». Cicéron
Puisque nous faisons partie de l’humanité, nous avons aussi un devoir envers elle ; et c’est à travers notre comportement vertueux que nous y répondons. Bien sûr toutes nos obligations sont bien souvent difficiles à conjuguer, mais notre habilité consiste justement à s’appuyer sur nos points communs et non à s’obnubiler sur nos points de frictions.
Quand les stoïciens concevaient les personnes comme « citoyens du monde », ce n’était pas pour renier ni leur terre, ni leurs proches, mais pour vivre en élargissant la conscience à quelque chose de plus grand que soi. La seule chose qui peut nous faire grandir est en effet de penser au-delà de nos propres limites et limitations. Alors la consciencepeut transformer l’homme en lui faisant découvrir les trésors qui sommeillent au fond de lui.
C’est pour cela que « penser chaque jour », est l’un des plus importants exercices pour garder la conscience universelle dans son quotidien. Son essence réside dans le conseil que Sénèque donne à ses disciples : réfléchir chaque soir, sur la façon dont votre journée s’est déroulée.
Ainsi, à l’exemple de l’empereur Marc Aurèle, nous pouvons écrire nos pensées sur les événements les plus significatifs de la journée passée. L’exercice favori des stoïciens est le petit journal philosophique, en commentant leurs actes à la lueur de leurs vertus. Il s’agit ainsi d’approfondir la réflexion sur les événements du jour et de leur trouver la dimension éthique évidente qu’ils portent en eux.
Ainsi être « citoyen du monde » nous engage à être conscients du Grand Tout dans nos gestes les plus quotidiens.
Exercice philosophique : Pense chaque jour
D’abord se rappeler de notre journée et noter heure par heure : qu’ai-je fait ?
Ensuite noter en face de chaque action tenue, dans quel état j’étais ? Quelle vertu m’habitait ?
Il s’agit ainsi d’approfondir la réflexion sur les événements du jour et de leur trouver la dimension éthique évidente qu’ils portent en eux. Il peut s’agir de tout : une querelle, une rencontre, une promesse non tenue, une faveur à un ami, une joie partagée … Mais il sera toujours important de réfléchir aux leçons que l’on peut tirer de cette journée d’expérience.
