Créer la dignité
Outre la difficulté et la profondeur rencontrées pour définir et décrire la dignité, on pourrait bien se poser la question suivante : d’où vient la dignité ?
Naît-elle avec la personne, se constitue-t-elle à travers l’éducation, est-ce la vie elle-même qui la confère, a-t-elle besoin de formules particulières de développement ?
On pourrait ajouter d’autres questions, mais celles-là regroupent presque toutes les autres, en partant de la base que la dignité n’a rien à voir avec les richesses, ni avec les privilèges sociaux et politiques. Cependant, toutes les questions sont utiles parce que chacune d’elles représente une nécessité incontournable pour créer la dignité.
Elle naît avec la personne
Par-delà la théorie de la réincarnation qui dote chaque être de multiples caractéristiques acquises au long de nombre de vies et d’apprentissages, il est évident que chaque enfant naît avec « son caractère ». Aussi nombreuses soient les comparaisons qu’il nous plaise de faire avec les parents, les grands-parents et tout autre membre de la famille, l’enfant a aussi ses particularités (ou ne les a pas, ce qui est une autre manière de les avoir) dès le premier instant. Et elles s’accentuent toujours davantage à mesure que le temps passe, se mêlant aux apports du milieu environnant jusqu’à parfois presque disparaître ; mais elles s’expriment à nouveau lorsque se produit une véritable maturité.
Elle se constitue à travers l’éducation
Il devrait en être ainsi si l’éducation l’était réellement. Il ne suffit pas de savoir lire et écrire, non plus que d’apprendre mille et une données de différentes matières, sans coordination entre elles, qui s’oublieront très rapidement, presque toujours après un examen.
Le problème fondamental de l’éducation, telle qu’on la conçoit et jusqu’où elle va pour les enfants et les jeunes, est qu’elle répond à un « schéma programmé » et pas à un besoin. Les programmes changent trop rapidement, signe qu’ils ne servent pas ou bien qu’il y a d’autres intérêts derrière, pas précisément formateurs. Les matières sont supprimées ou ajoutées en fonction de dieu sait quelles mesures, au point que la philosophie est inutile et que l’informatique remplace la merveille d’écrire avec ses propres mains.
Personne ne parle de morale ou bien, en tout cas, elle sert d’appui aux lois récemment adoptées, qui changent également trop souvent. Personne ne s’intéresse à l’art et à la science de vivre, aussi les jeunes n’ont-ils aucune préparation réelle pour affronter la vie avec ses difficultés, profitables au caractère si on savait les reconnaître et les résoudre. Personne ne se connaît soi-même, et c’est pourquoi on ne peut connaître ni respecter les autres.
Il y aurait beaucoup à dire concernant l’éducation mais ce n’est pas le sujet de ces lignes. En tout cas, une bonne éducation contribue à développer la dignité parce qu’elle doit promouvoir une salutaire vie intérieure, un certain nombre de valeurs morales, le sens même de la vie et des buts pour exister avec courage et décence.
La vie elle-même la confère
Parfois, oui et, parfois, c’est tout le contraire. Cela dépend précisément du facteur éducatif et des germes internes que chacun apporte avec soi. La Vie est une grande maîtresse, c’est une école pour apprendre à vivre. Tous types de dangers apparaîtront, qu’on ne peut comparer car, pour chacun, « ses » difficultés sont les plus grandes, les plus douloureuses et les plus difficiles à surmonter.
Si, néanmoins, en dépit des conflits, éclosent le courage, la volonté, l’aptitude à concevoir des réponses bien qu’au début elles paraissent impossibles, alors la vie octroie la dignité. Elle le fait à travers les épreuves qu’elle nous apporte inéluctablement, mais l’essence de la dignité ne réside pas dans les épreuves mais dans la façon dont chacun les affronte.
Le manque de résolution, la tendance à la colère ou à la dépression, la négligence et l’indifférence ne sont pas des terrains de culture pour la dignité.
La sérénité, le courage pour assumer des risques calculés, une assurance positive, des convictions fermes et l’aptitude à être ce qu’on veut être malgré les circonstances extérieures, sont la semence de la dignité.
A-t-elle besoin de formules particulières de développement ?
Philosophiquement, je ne crois pas aux formules. Il est certain que la vie est pleine d’art et de science mais il n’y a pas de formules fixes parce que chacun doit trouver sa propre mesure. Plus qu’à des formules, on devrait recourir à des éléments qui nous servent de guide et de développement de la dignité.
Je sais que nous vivons des temps dans lesquels les concepts de héros et d’héroïcité se sont complètement dénaturés. Les héros sont passés de la vie réelle aux écrans (plus grands ou plus petits) ; ce sont des modèles de podium, ce sont des chanteurs qui éveillent des émotions volcaniques mais pas de sens de l’art, ce sont des sportifs qui ont transformé leur fabuleuse profession en source de richesse ; et autres exemples pareils à des feux follets. L’héroïcité n’est pas une attitude noble et efficace devant la vie mais des formes variées et atroces de violence, de folie et de corruption que, malheureusement, on prend pour modèles car on leur fait de la publicité en permanence ; et, si elles ne sont pas des modèles, elles sont un vide sans fond, sans espérances…
Il nous manque des modèles de vie, de bons modèles, des gens bons, fameux ou pas mais qui soient sensibles, généreux, intelligents et valeureux. Nous avons tous besoin d’un miroir pour nous voir comme nous sommes et d’un miroir pour nous montrer une image qui serve d’exemple. Personne ne peut copier personne mais nous voulons tous regarder le ciel et pas seulement pour voir comment de temps à autre tombent les étoiles filantes. Nous voulons regarder la terre et voir que, malgré toutes les différences apparentes, il existe un facteur commun d’humanité qui, en dernière instance, est un facteur de dignité.
La dignité naît-elle ou se fait-elle ? Les deux
Nous naissons tous avec quelque chose à l’intérieur de nous, nous n’arrivons pas vides à la vie pour le temps qui nous conduit à apprendre à parler, à avancer et à nous débrouiller par nous-mêmes. Telle est notre richesse, notre cuiller en argent, comme on dit familièrement.
Et nous devons tous faire quelque chose pour grandir, pour ne pas abandonner la vie semblable ou pire qu’à notre naissance, pour ne pas laisser le monde semblable ou pire que nous l’avons trouvé en arrivant. Si nous voulons appeler cela dignité, parfait ! et si nous voulons chercher un autre nom, cherchons-le. Ce qui importe est l’attitude intérieure et les actions visibles.
par Délia STEINBERG-GUZMANN
Traduit de l’espagnol par M.-F. Touret
Être ou ne pas Être, voilà la mission !
Que sommes-nous venus accomplir sur cette terre ?
Par Sylvie OUELLET
Préface de Stéphane ALLIX
Éditions Guy Trédaniel, 2017, 310 pages, 22,90 €
Que venons-nous faire sur Terre ? Comment trouver un sens à notre existence ? L’auteur s’intéresse au processus d’incarnation et aux schémas répétitifs que nous vivons et propose Ce des outils d’introspection, des chemins de réflexion, des exercices pratiques (méditations, activités) pour mieux se connaître et s’épanouir.
Deviens qui tu es
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5eédition revue et augmentée
Par Pierre CAUVIN et Geneviève CAILLOUX
Éditions Chrysalide, 2018, 278 pages, 25 €
Apprendre à se connaître soi-même et les autres en associant les types psychologiques de C.G. Jung au dialogue intérieur. Appréhender l’hommes dans toutes ses dimensions : physique, affective, intellectuelle et spirituelle. Développer son potentiel. L’ouvrage pratique propose des exercices simples et accessibles. Par des consultants et coaches.
Qu’est-ce qu’une famille ?
La transcendance en culottes
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Éditions Salvator, 2014, 249 pages, 20 €
Fabrice Hadjadj s’intéresse aux fondements philosophiques et religieux de la famille ; racines historiques et culturelles de la société.
Le livre regroupe 4 conférences qui invitent à réfléchir aux fondements même de notre société, dont les racines historiques et culturelles sont la famille, la différence assumée des sexes, le don de la naissance, l’exigence de la transmission. Le modèle de la famille ne peut être comparé à aucun autre. Comment se fonde un couple, se construit un enfant, sa perception de l’altérité, comment sa vérité échappe à tous les calculs d’une société obnubilée par l’égalité des droits.
Par un professeur de philosophie, écrivain, directeur de l’institut européen d’études anthropologiques Philanthropos.