Philosophie

Giordano Bruno, savant et philosophe, un géant oublié

Près de quatre cents ans après son exécution, les œuvres de ce philosophe et savant de la Renaissance révèlent l’étendue d’une pensée audacieuse, mêlant science et métaphysique.

Italien, né à Nola, Giordano Bruno (1548-1600) entre dans l’ordre des Dominicains. Mais ses idées issues de l’hermétisme égyptien, ses lectures d’Érasme et ses conceptions qui annoncent de nouvelles théories en sciences, déplaisent à l’Église qui l’excommunie. Il erre ainsi d’Italie en Suisse, en France et en Angleterre, en Allemagne, et parvient à présenter ses thèses dans les cours et les cénacles savants de toute l’Europe. Mais ses propositions heurtent les mentalités et idées conservatrices et il est finalement livré à l’Inquisition qui le brulera vif à Rome après huit ans de procès, le 17 février 1600.

Des théories cosmologiques audacieuses

Bien avant que Galilée ne présente timidement les preuves du système héliocentrique, Giordano Bruno parlait déjà d’une infinité de mondes, de soleils et de terres habitées ou non, particules vivantes et conscientes de cet univers.           

L’œuvre entière de Giordano est imprégnée de l’hermétisme millénaire. Ses principes y résonnent : TOUT EST DANS TOUT. L’univers est matière et esprit. Tout, même la matière apparemment morte, est vivante. Le mouvement et la vibration sont l’essence de la vie. Tous les corps célestes participent à cette Vie unique et sont gouvernés par une intelligence ou une âme.

Hypothèse Gaïa

Au cours de ces nombreux voyages à travers l’Europe, il présenta aussi la théorie que la Terre est un être vivant, mettant en lumière que l’hypothèse moderne de Gaïa est aussi vieille que l’homme. La Terre comme un immense organisme qui respire, pense et coordonne ses mécanismes automatiques avec sa propre volonté. Une Terre qui se renouvelle sans cesse, dans l’éternel devenir de ses rotations.

Une carte des constellations et de la hiérarchie des dieux vivants correspondants tirée
du Spaccio de Bruno 

Les mystères de l’âme

Giordano Bruno fut aussi ce grand connaisseur des mystères de l’âme, qui trois cents ans avant C. G. Jung, nous parle des symboles vivants qui régissent le monde de la psyché, des symboles communs à l’humanité, et qui en harmonie avec la nature font briller l’âme et lui redonnent la santé perdue dans le déséquilibre.
Il explique que, par l’intelligence, le philosophe peut, en regardant au fond de son âme, obtenir toute connaissance par la lumière du discernement (Budhi, en sanskrit). Comme la monade (l’homme intérieur) est une étincelle émanant de la divinité, elle contient en elle, comme un miroir de diamant, l’image de l’Univers tout entier. Il est nécessaire de se détourner des objets de sensation et de ne pas leur accorder plus de réalité qu’ils n’en possèdent. Ce serait comme essayer de dévoiler les mystères du soleil en regardant ses reflets dans les eaux turbulentes.

Un héros de la liberté

Giordano Bruno fut aussi un héros qui a défendu ses principes au prix de sa vie, et l’incompréhension et les attaques de son époque, n’eurent pas raison de ses convictions.
Emprisonné pendant huit ans dans les prisons les plus infectes de Rome et de Venise, au cours desquels il subit tortures et interrogatoires, il continue à expliquer inlassablement ses théories et n’en renie aucune. En février 1600, condamné à mort par l’Inquisition, il est brûlé vif à Rome, place Campo dei Fiori ainsi que ses ouvrages, une centaine de livres dont certains furent irrémédiablement perdus. 

Dans l’Histoire, Giordano Bruno fait partie de ces hommes et ces femmes qui ont combattu pour le respect de droits, de valeurs et de nouvelles idées, dans l’espoir de faire avancer la civilisation et d’aider les hommes à devenir meilleurs. Il est une inspiration pour le combat de tous ceux qui portent ces idéaux de toujours. 

A lire pour aller plus loin : https://josecarlosfernandezromero.com/2019/02/27/giordano-bruno-mago-poeta-y-heroe/ (en espagnol)

Réhabiliter la pensée de Giordano Bruno
En 1990, pour rendre hommage à son courage et ses idées, Nouvelle Acropole lance une décennie internationale de réhabilitation du philosophe. À travers le comité international de réhabilitation de Giordano Bruno elle promeut la liberté de conscience et d’investigation pour tous les chercheurs. En France, durant dix années, elle anime de multiples actions elles que des conférences et colloques, une exposition itinérante, une pièce de théâtre Le banquet des cendres, édite un dossier spécial, et fait poser une plaque commémorative dans la rue Giordano Bruno à Paris 14e.

Quelques articles importants parus dans la revue de Nouvelle Acropole

  • Solange Dorival, Les maîtres de sagesse, Giordano Bruno (revue N° 105 – janv-fev 1989)
  • Frédéric Blanchard, Giordano Bruno, martyr et précurseur du IIIe millénaire (revue N° 109 – sept-oct 1989)
  • E Martinez-Mihura, Le cosmos selon Giordano Bruno (Revue N° 111 – janv-fev 1991)
  • Fernando Figares, Giordano Bruno, un nouveau regard sur le monde (Revue 112 – mars-avril 1990)
  • Isabelle Ohmann, Giordano Bruno Interview de Jean Rocchi (Revue N° 113 – mai-juin 1990)
  • Comité de réhabilitation international de Giordano Bruno, Hommage à Giordano Bruno (Revue 118 – mars-avril 1991)
  • Marie-Françoise Touret, Le mea culpa de l’Église (Revue 150 – avril mai 1997)
  • Fernand Schwarz, Giordano Bruno, l’infini et les mondes, (Revue 169 – juillet 2000
  • Brigitte Boudon, Giordano Bruno, l’esprit de la Renaissance, (Revue 219 – mai 2011)
  • Fernando Figares, Hommage à Giordano Bruno, la révolution de la pensée humaine, (Revue 289 – oct 2017)

Dossier spécial
Collectif, Giordano Bruno, martyr et précurseur du IIIe millénaire, Cahier d’étude pour la redécouverte du sacré, collection Homo religiosus (déc 1990)

par Isabelle OHMANN
Rédactrice en chef de la revue Acropolis
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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