Jannah Theme License is not validated, Go to the theme options page to validate the license, You need a single license for each domain name.
Sciences

La cyclicité de l’Univers de Roger Penrose, quand la science et la spiritualité se rejoignent

Le 6 octobre 2020, le prix Nobel de physique a été décerné au Britannique Roger Penrose, à l’Allemand Reinhard Genzel et à l’Américaine Andrea Ghez pour leurs travaux sur les trous noirs. Roger Penrose défend une théorie selon laquelle, l’Univers dans lequel nous évoluons ne serait ni le premier ni le dernier, ce que confirment les enseignements anciens védiques.

C’est en partant des travaux sur les trous noirs super massifs que Roger Penrose a défini sa théorie.

Qu’est-ce qu’un trou noir ?

Un trou noir est une région de l’espace où s’accumule une très grande quantité de matière. Sa masse est de l’ordre d’un million de masses solaires. Mais on peut imaginer un trou noir avec une masse dix fois plus grande que notre Soleil, qui serait contenue dans une sphère dont le diamètre serait équivalent à celui de la ville de New York.
Un trou noir possède un champ gravitationnel si intense, qu’aucune matière ni lumière qui y pénètre ne peut plus en ressortir. C’est pourquoi, les trous noirs sont quasiment invisibles et difficiles à détecter même avec des télescopes hyper puissants. On repère leur présence par leur « signature » marquée par des jets de gaz, un rayonnement électromagnétique et des éclairs de rayon gamma. Mais, avant d’être avalée, la matière qui est comprimée et chauffée à de très hautes températures, se met à briller et forme un disque d’accrétion (1). Pendant longtemps, l’aspect des trous noirs ne pouvait être représenté que par des formules mathématiques et des simulations numériques.

Roger Penrose a plus particulièrement travaillé sur les trous noirs super massifs (TNSM) dont les masses sont de l’ordre de quarante milliards de masses solaires ou plus. Ils se trouvent au centre de galaxies massives (2).

Y aurait-il quelque chose avant le Big Bang ?

Roger Penrose énonce la théorie (dont l’étude a été commencée il y a sept ans) selon laquelle l’univers dans lequel nous évoluons ne serait ni le premier ni le dernier. Cela revient à dire que le Big Bang, explosion survenue il y a environ quinze milliards d’années, à l’origine de notre univers (temps, espace et matière) ne serait pas le premier à s’être produit.
Roger Penrose explique que depuis sa création, l’univers est en expansion permanente, du fait de son contenu en énergie noire. Et, selon lui, il continuera de dilater jusqu’à ce que toute la matière qu’il contient se désintègre, laissant place à un tout nouvel univers. Il y aurait donc et il y aura une succession de Big Bangs, qu’il appelle Aeon (en grec ancien, signifie « nouvel âge » mais également « pour l’éternité »), soit une série illimitée d’autres univers.
Cette théorie est la théorie de la cosmologie conforme cyclique (CCC).

Des trous noirs massifs ayant survécu à la destruction d’un univers avant le « Big Bang »

Roger Penrose s’appuie sur une étude parue en 2018, les points de Hawking (3), dans laquelle plusieurs scientifiques de renom et lui-même indiquaient que des formes tourbillonnantes observées dans le ciel et visibles dans le rayonnement fossile, – la plus vieille lumière de l’Univers observable –  témoigneraient de l’évaporation de trous noirs supermassifs (4) ayant survécu à la destruction d’un univers avant le Big Bang, dans un monde qui aurait précédé le nôtre. Il explique que les ondes gravitationnelles émises à l’infini, causées par la fusion  de trous noirs massifs, lors de dernières collisions entre galaxies, iraient traverser le Big Bang suivant dans un futur lointain, et se retrouver dans le nouveau cycle. Ces ondes devraient alors produire une signature très particulière dans le rayonnement fossile. Mais leur signal est difficile à détecter car il serait plus faible et plus difficile à mettre en évidence. Les chercheurs planckiens ne l’ont pas trouvé et Roger Penrose pense l’avoir repéré avec le rayonnement chauffant de la matière ou de la lumière absorbée par les trous noirs.

Selon Roger Penrose, dans un futur lointain, la température du rayonnement fossile va continuer de décroître en tendant vers le zéro absolu. Les trous noirs supermassifs commenceront à s’évaporer par rayonnement Hawking, sous forme de photons, particules sans masse, rayonnés vers l’infini. Ce rayonnement se retrouvera concentré dans des régions du nouvel espace-temps, créant des sortes de points plus lumineux dans le rayonnement fossile actuel, baptisés « points de Hawking ».

Une cosmologie cyclique, sans début ni fin

Roger Penrose suppose que dans un futur très éloigné, le contenu de l’univers en particules deviendrait sans masse et le temps ne compterait plus pour elles. Alors, l’univers en expansion se changerait en contraction vers une densité infinie, toujours dans un espace-temps plat et infini. Un nouveau Big Bang pourrait alors se produire conduisant donc vers une cosmologie cyclique, sans début ni fin.

Cette étrange théorie scientifique ne va pas sans rappeler la cosmologie hindouiste, qu’ Helena Petrovna Blavatsky a dévoilé dans son tome I de la Doctrine Secrète (5) selon laquelle l’Univers serait cyclique avec l’alternance de période d’activité (Manvantara) et de repos (Pralaya). Elle fonde ses allégations sur les enseignements anciens védiques d’Inde.

Au départ l’Univers est une matière primordiale précosmique, au repos contenu dans un principe Un éternel. Au sein de cette matière, un germe s’anime, traversé par un rayon d’énergie (Fohat) (équivalent au Big Bang) et l’Univers précosmique entre en mouvement. Un programme de vie se déploie alors. La matière se différencie et s’organise avec les premiers atomes d’hydrogène, d’hélium et de lithium et ensuite d’autres éléments par combinaisons. Diffuse au départ, la matière cosmique se condense en tourbillon de feu, première étape de formation de nébuleuses, galaxies et ensuite de planètes. L’Univers entre en expansion pour arriver à l’Univers que nous connaissons aujourd’hui. Puis, dans un temps très lointain, hors de portée humaine, l’univers commencera à se contracter (théorie du Big Crunch), pour se rassembler sur lui-même en un point, principe Un et éternel, dans une matière primordiale qui rentrera dans une période de repos. Après cette période de repos, il y aura la naissance d’un nouvel univers, ayant thésaurisé l’expérience précédente et avec une nouvelle expérience de vie à accomplir.

Les « jours et les nuits » de Brahma

Les enseignements védiques anciens considéraient que la vie était une succession de vastes cycles qui se répétaient à l’éternité. Ces cycles incluant de petits cycles comme le cycle annuel et de grands cycles.
Dans la cosmogonie hindoue, Brahma apparaît dans une fleur de lotus et crée le monde chacun de ses jours, et le réintègre en lui chacune de ses nuits, dans un cycle d’inspiration et d’expiration. Chaque jour de Brahma commence par un Big Bang, et se termine par un Big Crunch. Sa vie durerait 36 000 jours (soit cent années), chaque jour équivalant à 311,04 trillions (311 040 000 000 000 ) d’années humaines. Au bout de ce long cycle, l’univers se résorbera dans « l’ esprit du monde éternel » et un nouveau créateur commencera un cycle de création.

La théorie hindoue des « yugas »

Dans le Mahabharata (6), les hindous abordent la notion de cyclicité de l’Univers à travers la notion de quatre grands cycles (Yugas) de durée variable (du plus long au plus court).
Pour le calcul, il faut se baser sur la plus petite unité qui est le Yuga (soit 432.000 années humaines).
Voici les quatre yugas :
– Krita Yuga ou âge d’or            : 4 X 432.000 ans      soit 17.728.000 ans
– Treta Yuga ou âge d’argent     : 3 X 432.000 ans     soit 1.296.000 ans
– Dvapara Yuga ou âge de cuivre  : 2 X 432.000 ans  soit    864.000 ans
– Kali Yuga ou âge de fer                : 1 X432.000 ans   soit    432.000 ans

Mahayuga (les 4 Yugas) (4 + 3 + 2 + 1)     : 10 X 432.000 ans     soit 4.320 000 ans

À la fin de ces cycles, l’univers se résorberait complètement.

La grande Année platonicienne

Plus proche de nous, Platon dans son dialogue Le Timée, aborde également la cyclicité de l’univers, en se basant sur la grande année cosmique, de 25 920 ans, selon laquelle, la Terre exerce une rotation autour du Soleil et autour d’elle-même. Elle décrit un cône dont un tour complet de 360° est effectué en environ 25 920 ans. L’axe de rotation de la Terre se déplace d’un degré tous les 72 ans, soit pour un cycle complet de 360°, 360 X 72 = 25 920 ans.
Platon dans le Timée dit : « Le nombre parfait du temps marque l’accomplissement de l’année parfaite, chaque fois que les vitesses relatives associées à chacune des huit révolutions connaissent leur couronnement, lorsqu’elles se retrouvent mesurées par le cercle du Même. »  (Timee 38d)
Chaque planète (Lune, Soleil, Vénus, Mercure, Mars, Jupiter, Saturne) effectue sa révolution en un temps différent, mais il y a un temps commun, la Grande Année (25 920 ans), au bout de laquelle les corps célestes reviennent à leurs situations initiales.

Ainsi la théorie de cyclicité de l’Univers, émise par Roger Penrose prend tout son sens au regard des conceptions antiques de la cosmologie. Science et spiritualité se rejoindraient-elles ?

(1) Désigne la constitution et l’accroissement d’un corps, d’une structure ou d’un objet par apport ou agglomération de matière, d’un disque de gaz ou de poussière, en surface ou en périphérie d’un astre, d’un trou noir
(2) Les trous noirs super massifs se trouvent notamment dans des galaxies massives. Notamment Sagittarius A, au centre de la Voie Lactée et M87, localisé au centre de la galaxie elliptique M87
(4) Étude dédiée au physicien et cosmologiste britannique Stephen Hawking, décédé en 2018
(5) Ouvrage de Helena Petrovna Blavatsky en six tomes publiés aux Éditions Adyar.
Helena Petrovna Blavatsky (1831-1881) a fondé la société Théosophique. Elle est également l’auteur de Isis dévoilée en deux tomes
(6) Épopée sanscrite de la mythologie hindoue, l’un des deux grands poèmes de l’Inde, fondateur de l’hindouisme qui relate la guerre entre deux branches d’une famille royale
par Marie-Agnès LAMBERT
A lire : 
https://www.cnews.fr/monde/2020-10-09/un-autre-univers-existait-avant-le-notre-selon-le-nouveau-prix-nobel-de-physique
https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/cosmologie-prix-nobel-physique-roger-penrose-pense-avoir-preuves-univers-avant-big-bang-26213/
https://www.pourlascience.fr/sd/astrophysique/le-prix-nobel-de-physique-2020-honore-des-travaux-sur-les-trous-noirs-20220.php

Articles similaires

Laisser un commentaire

Bouton retour en haut de la page