Philosophie

Les exercices spirituels philosophiques #9 L’écoute  

« Je suis, en vérité, un homme qui aime apprendre, et pour moi, il n’y a pas de meilleur moyen d’apprendre que d’écouter attentivement. »
Platon, Le Banquet, 175e

Nous avons précédemment parlé de savoir se taire et faire le silence en soi. Mais est-ce suffisant pour bien écouter ? 

En nous observant sincèrement, nous remarquerons que très souvent nous écoutons pour répondre. À un moment donné notre esprit décroche des paroles de notre interlocuteur pour se fixer sur autre chose : la question suivante, une idée proche qui nous a été inspirée par ses paroles, ou encore la fameuse réponse.

Écouter est une pratique spirituelle

Écouter est le propre de celui qui veut apprendre comme le souligne Platon dans la citation en exergue. C’est d’abord un exercice d’humilité qui implique, comme le dit Socrate, de reconnaître qu’on ne sait rien, le premier pas vers la sagesse.

Ainsi les philosophes antiques vont mettre l’accent sur l’apprentissage de l’écoute, car on peut écouter, comme on peut parler, aussi inutilement qu’utilement. Un exemple célèbre est celui de l’école philosophique de Pythagore. Le premier niveau des disciples était celui des acousmatiques, littéralement, « ceux qui écoutent ». Ils restaient cinq années en silence, à écouter le maître, derrière un rideau sans même le voir. 
De son côté Marc Aurèle exhortait : « Accoutume-toi à être intérieurement attentif aux paroles des autres, et entre le plus possible dans l’âme de celui qui te parle. » (Pensées pour moi-même VI, 53)

Comment bien écouter ?

Plutarque conseille de prêter à celui qui parle une attention propice et bienveillante. Il ne s’agit pas seulement de s’effacer devant l’autre. 
Pour écouter, nous enseigne Épictète, il faut un savoir-faire qui s’acquiert à travers la pratique. On trouve également chez Plutarque ou chez Philon d’Alexandrie, toute une réglementation de la bonne écoute. L’écoute doit être active et non passive. La posture corporelle influe sur la qualité de l’écoute. Elle doit être la plus calme et immobile possible. C’est alors que l’âme peut recevoir la parole donnée et entrer en contact avec celle de celui qui nous parle.

Pratiquer l’écoute bienveillante

Entraînons-nous donc à l’écoute active en prêtant une attention pleine et entière à ce que les autres disent, en évitant de les interrompre et en restant concentré.

Essayons de rendre notre écoute empathique, en faisant preuve de bienveillance et de compréhension, sans juger ni réagir. À la fin de la discussion, posons-nous la question : qu’ai-je appris de cette conversation qui m’aide à m’améliorer. Et cultivons un sentiment de gratitude pour la personne qui nous a transmis cette graine de sagesse.

Isabelle OHMANN, rédactrice en chef de la revue Acropolis
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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