Ne cédons pas au pessimisme !
À écouter en podcast : https://www.buzzsprout.com/293021/14696394-ne-cedons-pas-au-pessimisme?t=0
Nous vivons des moments de l’Histoire – qui est la vie de tous – où les événements s’accélèrent sans arrêt, et nous donnent bien souvent l’impression d’échapper inéluctablement à nos forces.
Nous savons que le temps n’a pas la même durée selon l’état intérieur avec lequel nous le mesurons. Pour cette raison, ni dans la vie des hommes ni dans leur vie historique dans son ensemble, nous ne pouvons éviter cette sensation de vitesse incontrôlable. En partie, parce que tout se passe sans intervalles qui nous permettent de respirer ; et d’autre part, parce que le nombre d’événements qui se produisent à travers le monde entier dépasse notre capacité d’assimilation ; quand on pense avoir compris quelque chose, ou du moins l’avoir enduré, dix ou vingt choses de plus surgissent et nous paralysent par leur quantité, leur taille et leur rapidité.
Il n’est pas besoin d’être un érudit pour comprendre ce que je veux dire, ni nécessaire de multiplier les exemples. Heureusement ou malheureusement, les médias, avec leur efficacité, permettent à chacun de vivre ce qui se passe dans n’importe quel coin de la terre sans quitter son domicile, de ressentir l’impact de la douleur, de la misère, des affrontements, des guerres, de la mort, de la violence, de l’insécurité, de l’abandon… Pour chaque situation générale qui se produit – de celles qui remplissent les médias, de celles qui entrent dans l’histoire – il y a d’autres situations personnelles très similaires qui répètent en petit ce qui se passe en grand.
Le petit ne fait peut-être pas les gros titres, mais il touche celui qui en souffre. Aussi dans les petits groupes humains, dans la famille, entre amis, dans les relations quotidiennes, il y a agressivité, douleur, défection et, malheureusement, crimes et assassinats.
La rapidité avec laquelle nous vivons et la qualité de ce que nous vivons nous font parfois céder au pessimisme. Ou bien, même si nous essayons d’être objectifs et d’analyser la quantité et la qualité des choses que nous vivons, le résultat final est accablant.
Cependant, je crois que ce n’est pas le pessimisme ou le sentiment négatif de la vie qui nous domine. Bien qu’il puisse sembler que l’impuissance nous paralyse parfois, en vérité nous ne sommes pas vaincus.
Voyez, sinon, les énormes efforts déployés, tant par les nations que par les individus dans leur vie individuelle, pour parvenir à des compromis, respirer à l’aise, arrêter le maelström (1), arrêter les luttes destructrices et stériles. Les résultats ne sont pas encourageants dans de nombreux cas, c’est vrai, mais l’important est la constance pour recommencer jusqu’à obtenir ce qu’on veut. Il y a des dialogues sans fin, c’est vrai, et on se demande même si les États et les hommes veulent s’entendre, s’il y a un dialogue authentique ou de simples monologues où personne n’écoute personne. Pourtant, on insiste encore et, c’est bon signe, nous prenons conscience de notre surdité.
Au cœur de tout ce qui nous arrive, il y a une étincelle de lumière, d’optimisme, d’espoir dans l’avenir, de retrouver un rythme de vie harmonieux. On parle de douleur mais on le fait en pensant au bonheur qui nous attend… si on veut l’atteindre, bien sûr. Nous parlons de guerre, mais nous le faisons en rêvant de paix. Nous exécrons la violence parce que nous aimons la coexistence, l’intolérance nous blesse parce que nous voulons sérieusement nous comprendre.
Ceux qui ne vivent pas aujourd’hui, même si c’est un peu confus et sombre, avec cette étincelle d’espoir, sont ceux qui rendent le présent – et aussi l’avenir – dangereusement négatif. Ceux qui ressentent cette étincelle de récupération, de renouveau, de voies larges et sûres, construisent un avenir plus digne au milieu des difficultés du présent. Il va sans dire que, en tant que philosophes, et au nom de cet amour de la Sagesse qui nous anime, nous veillons à l’étincelle, si petite soit-elle, car nous y voyons le germe d’une clarté certaine pour demain.