Ne laissons pas périr l’homme ! La réponse de Gandhi
Le 2 octobre, nous célébrons le 150e anniversaire de la naissance de Gandhi, à Portbandar dans l’État actuel du Gujarat, situé au Nord-Ouest de l’Inde. À cette occasion, Nouvelle Acropole organise 17 évènements dans 9 villes de France, sous le haut parrainage de l’ambassade de l’Inde (1).
Comme Gandhi, nous pensons que nous avons besoin d’un changement pour le monde et qu’il dépend de chacun de nous de le réaliser et de le devenir. Un tel changement doit être positif, durable et en harmonie avec la nature et avec les autres.
Chez cette figure historique, ce qui nous inspire est que sa quête ne dissociait jamais exigence intérieure et extérieure, maîtrise de soi et respect d’autrui, voie philosophique et voie sociale. C’est dans son œuvre peu connue Hind Swaraj, L’émancipation à l’Indienne (2), que Gandhi exprime les bases philosophiques et politiques de sa démarche.
Inspiré de la sagesse plurimillénaire de l’Inde, il élabore un triptyque :
Swaraj (autogouvernance), qui, avant d’être politique doit être la capacité de gouverner son propre esprit.
Ahimsa, réduite en Occident à la non-violence, est plus encore l’action ou le fait de ne causer aucune nuisance à toute forme de vie. Il disait : « La véritable ahimsa devrait signifier que l’homme se trouve totalement libéré de son mauvais vouloir, de la colère et de la haine, afin de laisser la place à l’amour débordant pour tous les êtres. »
Satyagraha signifie servir une cause juste qui naît de la vérité et de l’amour.
« En appliquant le Satyagraha, j’ai découvert, dans les dernières manifestations, que la poursuite de la vérité n’admettait pas que la violence soit imposée à son opposant, mais qu’il devait être sevré de l’erreur par la patience et la sympathie » a écrit Gandhi.
En août 1947, après l’indépendance de l’Inde, le pasteur nord-américain William Stuart Nelson demanda à Gandhi pourquoi les Indiens qui avaient « plus ou moins réussi à obtenir l’indépendance par des moyens pacifiques » ne parvenaient pas à endiguer les violences intercommunautaires qui s’étaient produites après l’indépendance.
Gandhi répondit qu’il avait fini par comprendre que nombre de ses concitoyens n’avaient pas pratiqué le satyagraha mais effectué de la résistance passive. Beaucoup d’entre eux, alors qu’ils prétendaient résister de façon non violente, avaient de la violence dans le cœur. Il a souligné que la résistance passive n’était qu’une arme des faibles.
Gandhi déclara : « C’est une erreur de croire qu’il n’y ait pas de rapport entre la fin et les moyens, et cette erreur a entraîné les hommes considérés comme croyants à commettre de terribles crimes. C’est comme si vous disiez qu’en plantant des mauvaises herbes, vous pouviez récolter des roses ».
Aujourd’hui, la colère est employée pour des causes qui sont certainement justes et certains croient qu’il est légitime d’utiliser des moyens comme la colère et parfois la violence pour défendre des idées justes. Au milieu du XXe siècle, Gandhi nous a rappelés à l’ordre. Il est indispensable de mieux comprendre la pratique de l’ahimsa pour ne pas l’instrumentaliser.
Il faut d’abord comprendre et ensuite agir, en adoptant une posture à la fois ferme et respectueuse vis-à-vis de l’adversaire et en tentant toujours d’établir des relations utiles entre les parties. Bien sûr, il faut concevoir des actions simples et marquantes – ce que les actuelles générations savent bien faire – et formuler sa demande de façon claire et calme. Même s’il y a urgence, il faut rester patient et ouvert.
C’est de notre capacité à formuler sereinement nos demandes, que dépendront d’abord notre légitimité et force de conviction et ensuite celle de ne pas provoquer des dégâts collatéraux inutiles.
Gandhi était très inspiré par le texte sacré de la Bhagavad Gîtâ (3).
« La colère conduit à l’égarement ; de l’égarement vient la perte de la mémoire, par quoi l’intelligence est détruite ; par la destruction de l’intelligence, l’homme périt ».
Il est urgent de reconstruire notre intelligence.