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Sciences humaines

Yves Lenoble : 50 ans au service de l’art royal de l’astrologie

2° Partie : l’astrologie mondiale et l’avenir de l’astrologie

En 2020, Yves Lenoble a publié « L’astrologie, le grand voyage en soi et dans l’avenir » (1). La revue Acropolis l’a interrogé sur les grands courants de l’astrologie contemporaine. Dans un premier article (2), Yves Lenoble a abordé son parcours d’astrologue. Aujourd’hui, il explique les clés de l’astrologie mondiale et le futur de l’astrologie.


L’astrologie a un grand avenir devant elle. Elle s’adaptera, comme elle l’a toujours fait aux différentes visions du monde. La nouvelle vision du monde rejoindra l’approche de toujours de l’astrologie.

Laura WINCKLER : L’astrologie était une discipline respectée dans l’Antiquité. Elle a connu de nombreuses mutations au long de l’histoire jusqu’à resurgir au XIXe siècle. Pouvez-vous nous présenter son évolution depuis ce moment jusqu’à nos jours et quel peut être son avenir en France et dans le monde ?

Yves LENOBLE : L’astrologie renaissante s’est d’abord voulue « scientifique ». Elle a voulu faire reconnaître la valeur de sa discipline en s’appuyant sur des statistiques.
Elle s’est basée sur les travaux de Paul Choisnard. (3). Ensuite sous la houlette d’André Barbault, le courant d’astropsychologie au sein du Centre International d’Astrologie s’est développé. Le courant d’astrologie globale avec Claire Santagostini et le courant d’astrologie conditionnaliste de Jean-Pierre Nicola sont venus en complément.
D’inspiration plus philosophique, le courant d’astrologie humaniste de Dane Rudhyar (4) diffusé en Europe par Alexander Ruperti (5) et à travers le Réseau d’astrologie humaniste (Rah) a vu le jour en France dans les années 80.
Un courant d’astrologie karmique s’est développé autour d’Irène Andrieu, basé sur les nœuds lunaires et avec une approche un peu plus fataliste. Et de multiples autres courants sont apparus, comme l’astrologie structurale ou l’astropsychogénéalogie.
Enfin, un courant qui prend de plus en plus d’ampleur se développe, c’est celui qui se consacre à l’étude des textes anciens, pour permettre aux astrologues de retrouver leur racine. Avec le souci de l’astrologie moderne, il y a eu la perte de l’astrologie dans son côté plus traditionnel, plus ésotérique et plus spirituel. Les recherches d’astrologie ancienne permettront aux astrologues d’avoir un socle commun.

L.W. : Ainsi, l’astrologie s’est-elle développée au fil des siècles ? Que peut-on envisager pour l’avenir ?

Y.L. : Depuis plus de trente siècles, l’astrologie a su s’adapter à toutes les situations. Nul doute qu’elle saura évoluer encore. Elle a un grand avenir devant elle. Elle peut être d’une grande aide pour affronter le monde qui est en train d’advenir, aussi bien à un niveau collectif pour comprendre ce qui se passe, qu’à un niveau individuel pour aider chacun à prendre conscience de ses potentialités, de ses points forts et de ses points faibles.
Dans les années à venir, il y aura une nouvelle approche du monde qui sera partagée par le grand nombre et qui rejoindra l’approche de toujours de l’astrologie.

L.W. : Quelles ont été les grandes intuitions et apports de André Barbault à l’astrologie et notamment à l’astrologie mondiale ?

Y. L. : André Barbault a compris qu’il fallait présenter l’astrologie de manière moderne à nos contemporains, en prenant en compte les planètes transaturniennes (Uranus, Neptune et Pluton) et en intégrant les acquis des caractérologies et des psychanalyses freudienne et jungienne. Sur un plan plus technique, il a mis les planètes au centre de toute interprétation alors qu’avant lui, on insistait davantage sur les signes.
Ses apports sont multiples : un dessin clair et net du thème avec l’ascendant à gauche ; en astrologie mondiale une corrélation établie entre cycles planétaires des lentes et chaque grand ensemble politique (États-Unis, Chine, Europe, Inde, Russie, France, O.N.U., etc.) ; en astrologie individuelle la recherche des dominantes planétaires, un approfondissement du symbolisme de chaque planète illustré par de nombreux exemples.
Pour moi ce fut mon maître d’astrologie le plus important, avec Jean-Pierre Nicola. Je suis fier et heureux d’avoir pu organiser un colloque d’hommage après sa mort avec l’aide de Solange de Mailly Nesle et de Martine Barbault et avec l’appui chaleureux de tous les intervenants (6).

L.W. : Dans le cadre de l’astrologie mondiale, quelle sont les perspectives à venir pour notre siècle ?

Y.L. : André Barbault voyait loin… Il a consigné dès 1990, dans sa revue L’Astrologue, puis en 1993 dans l’Avenir du Monde selon l’astrologie (7), les grands tournants du XXIe siècle. Pourtant optimiste de nature, il a retenu les leçons de l’Histoire qui nous enseigne que depuis l’aube des temps, les périodes calmes et les périodes de crise ne cessent de se succéder. Il nous annonce pour les temps futurs une alternance de périodes pacifiques liées aux configurations harmonieuses et de périodes plus critiques liées aux configurations dissonantes.

L.W. : Quelles sont ces périodes ?

Y.L. : S’il avait annoncé bien longtemps à l’avance que 2020 serait la pire année du XXIe siècle, il a annoncé que la plus belle période du XXIe siècle est 2025-2026. Espérons qu’il voit aussi juste de ce côté-là. Voyons les périodes en détail :
2040-2045 : Uranus passe au carré de Neptune et d’Eris (8). Le temps n’est plus à la détente. Les tensions s’accentuent dans les rangs des pays dominants de la communauté internationale.
On a là un climat chaotique source d’affrontements violents et de crise économique et sociale.
À la fin de la période, quand Uranus s’oppose à Pluton, risquent de surgir les méfaits provoqués par l’homme devenu apprenti-sorcier. Le Japon qui évolue selon ce cycle pourrait
être concerné.
2051-2052 : le trigone d’Uranus à Neptune annonce le plein essor dans la paix et la prospérité, la collaboration fructueuse des divers pôles de la communauté mondiale, hier rivaux et maintenant complémentaires. On assiste lors de cette phase de détente à une coopération entre le monde du capital et celui du travail.
2060-2064 : le carré Neptune-Pluton laisse présager un profond malaise : désorientation morale, désarroi des consciences, démobilisation de l’action. On entend gronder puis monter la colère des peuples. C’est un temps de grands orages révolutionnaires. Les États-Unis semblent très concernés par ce cyclone.
Néanmoins, à la fin de la période, sous le triangle Saturne-Uranus-Pluton, on peut assister à de grandes réussites du génie technologique et de la puissance réalisatrice de l’homme.
2080 : l’opposition d’Uranus à Neptune est le signe d’une grande division du monde et fait craindre que l’Humanité manifeste une forte poussée de fièvre et soit sous le coup de la compétition entre les grands pays en quête de domination mondiale.

L.W. : Comment parvenir à un discours moins passionné autour de cette discipline traditionnelle qui provoque fascination ou rejet autour de nous ?

Y.L. : Jusqu’au XVIIe siècle, tout juriste, tout médecin, tout philosophe et tout théologien connaissait l’astrologie. L’homme était un microcosme au sein du macrocosme. Une vision symbolique du monde avait cours dans laquelle régnait le paradigme de l’interdépendance universelle.
Avec la vision mécaniste du monde qui a cours depuis Galilée, il s’est produit un divorce entre l’astronomie et l’astrologie. Le ciel des astronomes n’a plus rien à voir avec le ciel des astrologues. C’est un ciel purement matériel qui ne nous parle plus et qui ne laisse place ni aux dieux ni aux déesses de l’Olympe.
Dans un tel contexte l’astrologie avait de moins en moins sa place ; elle est tombée en désuétude pendant le XVIIIe siècle et une bonne partie du XIXe siècle. Pourtant, à la fin du XIXe siècle, en même temps qu’apparaît la psychanalyse et la sociologie, l’astrologie resurgit. Mais cette renaissance s’effectue dans un contexte qui n’est plus du tout favorable à l’astrologie. Il est très difficile de vivre l’interdépendance universelle dans une culture qui sépare l’homme de l’univers. L’astrologue, « vestige » d’un ancien monde, ne peut être qu’un marginal.
Tant que nous vivrons sur le paradigme galiléen, il sera difficile d’envisager un discours moins passionné autour de l’astrologie.

L.W. : Quel est donc l’avenir de l’astrologie ?

Y.L. : Les astrologues peuvent aller dans deux directions. Ils se sont dans l’ensemble désintéressés de l’astronomie. Ils ne peuvent qu’y gagner à regarder plus souvent le ciel et approfondir la dimension astronomique de l’astrologie afin de pouvoir parler d’égal à égal avec les astronomes.
Il faut insister sur la spécificité de l’astrologie qui utilise un langage symbolique. Oser dans un monde désenchanté montrer toute la richesse de ce langage symbolique qu’est l’astrologie.
Et bien sûr contribuer de toutes nos forces à faire advenir le nouveau paradigme qui mettra fin au paradigme galiléen. Et nous, astrologues, espérons que les configurations de 2025-2026 favoriseront l’émergence de ce nouveau paradigme.

Reprenons ces mots d’André Barbault : « Il est temps d’ouvrir les yeux sur une connaissance comme l’astrologie si l’on veut que se fasse la synthèse de toutes les disciplines pour redonner à l’homme une place non seulement sur la Terre mais dans la totalité de l’Univers. » (9)

(1) L’astrologie, le grand voyage en soi et dans l’avenir, Yves Lenoble, Éditions Publier son liv, 2020, 218 pages
(2) Lire l’article publié dans la revue Acropolis N°330 (juin 2021) (www.revue-acropolis.fr)
(3) Polytechnicien et astrologue français (1867-1930), auteur de nombreux ouvrages,, considéré comme l’un des des rénovateurs de l’astrologie ancienne par une approche statistique. Il fonda le Cebesia (Centre belge d’études scientifiques des influences astrales)
(4) Astrologue français (1895-1958) pionnier de l’astrologie transpersonnelle et auteur de nombreux ouvrages. Il a formé Alexandre Ruperti
(5) Astrologue allemand (1913-1998), auteur de nombreux ouvrages. Il faut marqué par Dane Rudhyar. Il a fondé le Réseau d’Astrologie Humaniste (RAH)
(6) Hommage à l’astrologue André Barbault, organisé par Yves Lenoble. Lire l’article paru dans la revue Acropolis N° 317 (avril 2020)
(7) L’Avenir du Monde selon l’astrologie, André Barbault, 1993,Éditions du Félin, 228 pages
(8) Planète naine du système solaire, internationalement appelée 136199 Éris ou 2003 UB313. C’est ainsi le neuvième corps connu le plus massif et le dixième plus grand en orbite directement autour du Soleil. Elle est la planète naine connue la plus éloignée du système solaire. Sa période de révolution est de 559 ans. De taille plus importante que Pluton, elle a été découverte en 2005 par l’équipe du California Institute of Technology (Caltech) à l’Observatoire Palomar. Elle porte le nom d’Éris, déesse grecque de la discorde, par allusion au conflit entre astronomes provoqué par sa découverte, au sujet des critères définissant une planète
(9) Citation du livre d’André Barbault, Astrologie Symbolique, calculs, interprétations, Éditions du Seuil, 2005, 784 pages


L’interdépendance universelle de la vision du monde et de celle de l’astrologie se rejoindraient-elles dans les années avenir ?

Laura WINCKLER : Quelle est la contribution de l’astrologie à la nouvelle vision du monde et au lien vivant entre l’homme et la Nature ?

Yves LENOBLE : Au niveau universitaire, avec le temps il va y avoir une évolution.
Jusqu’à présent, il y a eu une fragmentation du savoir. Dans l’université on dénombre 88 disciplines, alors qu’au Moyen-Âge, il y avait les sept Arts Libéraux, tournés vers l’unité. Alors, on est loin de l’Université qui était une et qui est maintenant 88. Après ce mouvement de fragmentation à l’infini, normalement, on devrait aller vers une unification, puisque de plus en plus, en physique, on reconnaît le principe de l’interdépendance universelle mais on ne l’applique pas du tout concrètement.
On ne pourra pas faire autrement que d’essayer d’unifier les savoirs. C’est ce qu’affirme depuis des années Edgar Morin. Il faut sortir de ce cloisonnement des savoirs pour trouver une pensée beaucoup plus riche, complexe et subtile.
Pour le moment, on est seulement dans une pensée qui ne voit que l’extérieur des choses, une pensée mécaniste. En fait, la réalité n’est pas mécanique, elle est organique, vivante dans l’interdépendance universelle que les astrologues ont toujours développée.
Maintenant que tout le monde est relié par le réseau, nous sommes tous interdépendants les uns des autres et avec la crise écologique, nous allons nous rendre compte à quel point nous sommes de plus en plus interdépendants et en fait très fragiles. Nous sommes des colosses aux pieds d’argile et il suffit de peu de chose pour dérégler la machine, comme un petit virus qui a une grande action.
La tendance peut être également inversée avec les énergies qui se regroupent, les énergies collectives, les égrégores, car au fond, beaucoup de gens demandent à vivre autrement que ce qu’on leur demande et cela pourrait faire basculer ce monde où nous sommes emmurés d’une certaine manière.

Nous entrons dans les énergies du Verseau, avec Jupiter/Saturne en Verseau et le Verseau est justement la symbolique de la résurrection, du déblocage, du dégel. Nous avons vécu des expériences difficiles et peut être que nous pourrons vivre des choses étonnantes dans le sens d’une ouverture vers un monde plus fraternel.
Probablement, d’un côté, il y aura un monde très technique et de l’autre, une fraternité qui se développera avec une lutte entre des forces très contradictoires. Nous sortirons progressivement du modèle mécaniste qui nous a fait voir l’écorce de l’arbre et non pas sa sève. Nous allons retrouver toute la richesse de la pensée symbolique, la « pensée sauvage », nous allons sortir de la pensée scientifique, de la pensée plate qui nous coupe de la poésie et qui nous coupe de la spiritualité. Car tout scientifique a un cœur qu’il ne doit pas oublier, quand il n’est pas dans la rigueur rationnelle de sa recherche, mais dans la vraie vie.

Propos recueillis par Laura WINCKLER
Co-fondatrice de Nouvelle Acropole France
© Nouvelle Acropole

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