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PhilosophieSpiritualité

Pratique philosophique L’effort juste

Nous poursuivons notre périple à travers les huit vertus de « l’Octuple sentier », en référence à cet enseignement très pratique du bouddhisme.

Nous avons d’abord exercé « sila » la conduite éthique, qui consiste à se bien comporter soi-même en pratiquant la parole juste, l’action juste et les moyens d’existence justes.
Nous entamons ici un nouveau chemin, celui de « samadhi », la discipline mentale qui conduit nos actions et nous donne la direction de nos vies. Elle se compose de l’effort juste, l’attention juste et la concentration juste. Penchons-nous aujourd’hui sur l’effort juste.

Qu’entendons-nous par effort ?
Nous constatons tout d’abord, que nous ne sommes pas neutres au sujet de cette vertu, qui a gagné au fil de notre culture actuelle, une bien mauvaise réputation. La notion de l’effort est souvent passé au rang des ringards, des rabat-joie… aujourd’hui on cherche davantage ce qui est instantané, facile, accessible sans effort … Or, comme François Mauriac nous le rappelle : « Notre vie vaut ce qu’elle nous a coûté d’efforts ». Interrogeons-nous donc sur ces deux postures opposées.

L’étymologie du mot va nous éclairer. Son origine latine fortis veut dire fort, courageux, énergique, mais il est précédé du préfixe « ex », qui traduit l’idée d’un mouvement « hors de ». Le dictionnaire précise : « Activité d’un être conscient qui emploie ses forces pour vaincre une résistance » qu’elle soit physique, intellectuelle ou morale.
Autant il nous est facile de nous représenter l’effort physique, autant il est plus difficile d’avoir accès à une représentation d’un effort mental ou moral. Il semblerait que ce type d’effort nous hisse vers un état d’esprit plus élevé, plus serein, plus joyeux, qui se détache des émotions négatives. Oui, il nous coûte un effort de ne pas nous laisser entraîner par la morosité ambiante, ou par la violence d’une injustice. Or « un homme ça s’empêche » comme écrivait Albert Camus. C’est réveiller en soi cet état d’âme qui prend l’intelligence comme guide, la dignité comme comportement, le courage comme étendard.
Dans ce sens, l’effort s’associe toujours à une tension, voire une tension excessive. Or l’effort juste est la volonté énergique de faire obstacle à l’apparition des états mentaux mauvais et malsains, de s’en débarrasser et de développer des états mentaux bons et sains qui n’existent pas encore, mais qui apparaissent dans la détente. Il nous faudra éviter toute posture de raideur intérieure, jusqu’à aimer l’effort pour le pratiquer comme un art. C’est une pratique de la discipline mentale selon l’enseignement de « L’Octuple sentier », donc c’est une pratique de posture intérieure qui est tout sauf moralisme stérile, ou le dogmatisme étroit.

Un bon exemple est dans notre pratique de la mémoire. Quand vous cherchez un mot que vous avez oublié, plus vous vous crispez moins vous vous souvenez. Plus vous vous détendez, plus la mémoire revient.
Et quand il nous faut vivre ou supporter une relation humaine difficile, plus on s’énerve dessus, moins on sera à même de porter la situation. Il nous faudra faire l’effort de la supporter, de l’écouter, de l’accompagner … Ce sera là encore un bel exercice pour vaincre nos limitations et oser ainsi découvrir derrière elles, toutes nos potentialités cachées. Sans effort, on passera à côté de ces trésors de vie. Pratiquer l’effort c’est paradoxalement souffrir moins, s’alléger d’un poids, par le renoncement au rejet facile. Rejeter loin de soi tout ce qui nous dérange est facile, faire l’effort de le supporter est difficile. Le juste effort, le juste milieu est la pratique.

L’effort s’associe ainsi à la persévérance. C’est un exercice constant, un « muscle de l’âme » qui s’entraîne, et c’est par la répétition et l’expérimentation que l’on trouve ce qui est « juste » dans l’effort, jusqu’à « s’oublier » dans l’effort. Plus on s’agrippe à lui, moins il est juste. Il devient juste quand nous oublions que c’est un effort… Il devient nécessité dans la dilatation de soi.
« Tout effort que l’on fait dessert la pratique, car il fait des vagues dans notre esprit. D’autre part, il est impossible d’atteindre le calme absolu de l’esprit. Il faut donc faire un effort, mais il faut s’oublier dans cet effort ». Shunryu Suzuki

Exercice philosophique :
S’observer pour savoir dans quel domaine j’ai le plus besoin de faire des efforts :
Physique, pour vaincre ma paresse ?
Mental, pour rendre plus précises mes idées, et sortir du flou ?
Moral, pour élever mon état d’esprit, pour ne pas me laisser emprisonner par les situations négatives ?
Choisir ensuite le domaine dans lequel s’exercer.

Écoute musicale pour votre méditation :

Concerto N°3 Beethoven
https://www.youtube.com/watch?v=Sk89sQKJQAg

par Catherine PEYTHIEU
Formatrice de Nouvelle Acropole
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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