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Philosophie

Éloge de la sobriété Les conseils de Lanza del Vasto

Nous continuons notre voyage au pays des philosophes qui ont conseillé aux êtres humains un mode de vie simple et sobre.
Après les philosophes Épicure, Jean-Jacques Rousseau, et l’écrivain russe Léon Tolstoï, nous sommes maintenant avec Lanza del Vasto (1901-1981), écrivain et poète français d’origine italienne, fondateur des communautés de l’Arche, dans la lignée de la vision philosophique et spirituelle de Gandhi.  

C’est dans la nuit de Noël 1937, sur les pentes de l’Himalaya, que celui qui s’appellera Lanza del Vasto après son voyage en Inde et sa rencontre avec Gandhi, achève une œuvre qui s’appelle Principes et préceptes du retour à l’évidence. Il y relate son voyage en Inde et sa rencontre avec Gandhi, alors en train de mobiliser les Indiens pour obtenir l’indépendance grâce à des méthodes non violentes. L’ouvrage ne paraîtra qu’en 1945, deux ans après Le Pèlerinage aux sources qui lui valut sa notoriété.
Depuis des années, le docteur en philosophie s’est dépouillé de tout pour prendre la route et vivre de petits métiers. Mais sa rencontre avec Gandhi et la découverte de son mode de vie ascétique changent le cours de sa vie. Gandhi lui attribue le nom de Shantidas, « serviteur de paix ». Gandhi devient son modèle. Lui qui était parti en Inde pour apprendre à devenir un meilleur chrétien (sa thèse de doctorat était consacrée à saint Thomas d’Aquin) comprend que sa mission est ailleurs. Il revient donc en Europe, bien décidé à mettre en œuvre ce qu’il a appris.

La tâche d’un disciple occidental de Gandhi est en Occident :
semer le grain dans la terre la plus ingrate, chez lui.

Comme il l’explique dans son œuvre Principes, le monde glisse vers l’abîme et l’apocalypse est proche. Il faut donc fuir la ville pour revenir à la terre.
Lanza del Vasto considère la simplicité comme une valeur éthique, spirituelle et politique, permettant de se libérer de l’emprise de l’économie et de la technologie sur nos vies, et de vivre en harmonie avec soi-même, avec les autres et avec la nature. Si l’argent pervertit le monde urbain, il convient de s’en passer et de refuser d’épargner. Voici quelques textes de sa plume :

« L’homme est un ange déchu, mais l’homme de la ville est un animal dénaturé. » 

« Tu as trop de vie, grande ville. Trop de vie s’appelle fièvre. Fièvre est signe de maladie. Ta maladie c’est de n’avoir pas de raison d’être. »
« L’argent, cela ne se mange ni se boit, ce n’est pas un objet utile à garder, ni bel à voir. » 

« Que font-elles de nécessaire les villes ?
Font-elles le blé du pain qu’elles mangent ?
Font-elles la laine du drap qu’elles portent ?
Font-elles du lait ? Font-elles un œuf ? 
Font-elles le fruit ?
Elles font la boîte. Elles font l’étiquette. 
Elles font les prix. 
Elles font la politique.
Elles font la réclame. 
Elles font du bruit. 
Elles nous ont ôté l’or de l’évidence, et l’ont perdu. » 
Principes et préceptes du retour à l’évidence. Ch LIV

Lanza del Vasto crée la communauté de l’Arche en 1958 pour sauver l’humanité sur le modèle des ashrams de Gandhi. En Charente, près de Bollène ensuite, puis enfin sur les contreforts des Cévennes, où il s’installe définitivement en 1964. Il est aussi un apôtre de la non-violence.

Ne perds pas ton temps à gagner ta vie.
Gagne ton temps, sauve ta vie

Sa communauté, qui se veut autarcique, entend revaloriser l’agriculture traditionnelle et l’artisanat. Chacun y travaille de ses mains, comme le voulait Gandhi. On y file et tisse le lin pour en faire des vêtements, on fabrique ses meubles, on mange végétarien. Il pratiquera le jeûne plusieurs fois, contre la bombe atomique, contre les camps d’internement en Algérie dans les années 50, pour défendre les paysans du Larzac menacés d’expropriation par l’armée en 1972, ou contre le réacteur nucléaire de Creys-Malville en 1976.
À la fois retiré du monde et présent dans l’action, il devient l’idole de nombreux post-soixante-huitards. Quand il meurt en 1981, il fait figure de vieux sage et l’Arche a essaimé un peu partout dans le monde. Sa communauté a joué un rôle important jusque dans les années 80, comme pionnière de l’altermondialisme. Lanza del Vasto a ainsi marqué profondément l’écologie politique française qui voit en lui un pionnier de la décroissance. Quand Jean Lassalle, député des Pyrénées-Atlantiques, fait la grève de la faim pour empêcher une fermeture d’usine en 2006, ou effectue un tour de France à pied de huit mois en 2013, il applique les principes de celui qui a marqué sa jeunesse.

À travers ses communautés, Lanza del Vasto a activement milité pour le réveil spirituel, la vie simple et le pacifisme. Ses idées ont une base chrétienne, saint Augustin l’ayant éveillé à sa recherche d’authenticité. Mais ses communautés ont toujours accueilli des personnes d’autres croyances religieuses, ou des gens n’ayant aucune croyance religieuse.

Brigitte BOUDON
Formatrice en philosophie à Nouvelle Acropole, auteur de nombreux ouvrages dans la collection « petites conférences philosophiques ».
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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