Expérience et rénovation
L’expérience permet de tirer les leçons de ce que nous vivons. Elle permet également de se rénover, en choisissant de garder ce qui est valable et en abandonnant ce qui ne l’est plus. Un chemin de sagesse ?
Platon disait que les cheveux blancs sont signe de vieillesse et pas toujours de sagesse. De la même façon, la vieillesse n’est pas toujours signe d’expérience, pas plus que l’amertume que laissent généralement les années face à des événements mal assimilés, non plus que la méfiance que provoquent les situations comprises sous l’angle de l’égoïsme.
L’expérience, une rénovation permanente
La véritable expérience doit produire le bonheur propre à une rénovation permanente.
En réalité, celui qui acquiert de l’expérience sait que, sans esprit de rénovation, il ne pourra continuer à avancer sur ce chemin de sagesse. L’expérience n’est pas statique, elle est l’essence même de la Vie, et nous conduit précisément à continuer de l’avant, en construisant autour de nous et vers le haut avec des matériaux toujours plus nobles, plus parfaits.
Comme toujours, les enseignements de Jorge Angel Livraga (1) nous aident à voir cette relation entre l’expérience et la rénovation.
«La rénovation n’est pas changement mais réaffirmation de ce qui est valable, dépassement des expériences qui ne sont plus nécessaires, changement d’outils et revitalisation générale de l’ensemble et de chacun d’entre nous.»
Voici donc plusieurs points intéressants à ajouter à tout ce qui précède.
- Revitalisation de l’ensemble et de chacun d’entre nous
Nous avons étudié les trois types de karma : le karma personnel, le karma individuel et le karma collectif. Il est facile de mettre ces types de karma en relation avec des types similaires d’expérience. Il y aura ainsi des expériences personnelles, individuelles et collectives.
Les expériences personnelles et individuelles vont avec ce que nous savons de l’expérience personnelle, ce que nous apprenons à force d’erreurs sans aucune direction et ce que nous adoptons comme fruit mûr des Maîtres et des Sages qui nous ont précédés.
Les expériences collectives sont celles que nous vivons dans des groupes, petits ou grands ; depuis notre famille, notre noyau d’amitiés, la ville dans laquelle nous nous trouvons, jusqu’au monde en général.
En partant du fait que nous admettons le chemin discipulaire comme valable pour notre Moi supérieur, nous mettrons l’accent sur les expériences individuelles ou discipulaires – qui affectent l’âme – et les expériences collectives. C’est dans ces cadres qu’il faut introduire une revitalisation générale. Revitaliser, c’est donner davantage d’énergie, davantage de force, davantage d’élan vers le futur en s’appuyant sur le socle du passé valable.
Mais il est évident que nous n’arriverons pas à une revitalisation de l’ensemble si chacun d’entre nous ne se soucie pas de la sienne en premier lieu.
Nous avons besoin de nous renouveler chaque matin, de promouvoir l’élan vital dans la mesure où nous laissons de côté les malheurs présumés qui nous enlèvent notre énergie. Nous avons besoin d’allumer le feu de l’enthousiasme chaque jour, en nous rappelant que chaque difficulté, chaque contrariété, est une épreuve qu’il nous faut surmonter. Et, que je sache, aucune épreuve ne se surmonte à travers la mauvaise humeur ou le chagrin. De cette façon, nous collaborerons activement à ce que l’ensemble, notre entourage, petit ou grand, participe à notre rénovation.
- Réaffirmation de ce qui est valable
Le valable n’est pas ce qui nous plaît ou nous satisfait a priori. Ce qui est valable est ce qui est bon pour la ruche et pour l’abeille, au dire des classiques. C’est l’expérience démontrée par les Maîtres, celle qu’ils nous offrent généreusement pour nous aider à surmonter nos difficultés avec rapidité et une souffrance minime. C’est ce qui favorise notre évolution ascendante. C’est ce qui meut l’Histoire vers son véritable Destin. C’est la fondation qui subsiste en dépit des alternances cycliques, comme fil de Vie unissant toutes choses.
Nous avons besoin d’affirmer et de réaffirmer, de consolider mille et une fois ce qui est valable pour l’individu et pour l’ensemble.
- Dépassement d’expériences qui ne sont plus nécessaires
Les expériences constituent les échelons d’une grande échelle. Cela n’a pas de sens de s’accrocher à un des degrés du fait que nous y avons atteint une certaine assurance et un certain confort. Continuer est une obligation. Surmonter chacune des difficultés que nous présente la Vie avec sa maîtrise, pour affronter de nouvelles épreuves.
Tout ce statisme est contraire à la rénovation et, par conséquent, à la véritable expérience.
Si nous recourons aux enseignements de La Voix du Silence (2), nous verrons qu’il faut tuer le souvenir des expériences passées. Ce souvenir morbide, d’auto-complaisance, est ce qui nous attache à l’échelon sur lequel nous sommes.
- Changement d’outils
Nous disposons tous au moins de quatre véhicules d’expression : un corps, la vitalité qui l’anime, la psyché et le mental. Mais nous n’utilisons pas toujours ces outils. Certains sont utilisés au mieux ; d’autres commencent tout juste à s’ouvrir un passage dans notre conscience. Il est temps d’employer davantage notre mental réflexif, intelligent et capable de discerner, en laissant un peu de côté la fatigue des émotions négatives. Il est temps de revitaliser notre énergie pour la mettre au service de nobles idéaux, en laissant un peu de côté l’attachement à un corps qui, évidemment, n’est pas notre véritable Moi.
Il est temps de nous découvrir nous-mêmes. De nous connaître mieux, pour connaître ainsi les dieux et l’univers. Ce n’est qu’ainsi que nous servirons pleinement notre idéal.