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Histoire

Il y a 900 ans, Suger était nommé abbé de Saint-Denis

En avril 2022, nous célébrons en avril 2022 le 900e  anniversaire de la nomination de Suger (1080 ou 1081-1151), abbé de Saint-Denis. Il a marqué son époque au niveau politique, économique et artistique.

L’abbé Suger est un homme très éclectique : conseiller des rois de France Louis VI le Gros et de son fils Louis VII le Jeune, homme d’église, homme d’affaires, homme politique, homme d’esprit et amateur d’art. Il est surnommé le « Père de la Patrie ».

Sous son influence, le pouvoir politique s’organise en s’appuyant sur une administration moderne, vouée à la gestion des domaines. Les principes d’administration et de gestion qu’il définit à l’Abbaye de Saint-Denis (écrits dans De administratione sua : Mémoire de son administration abbatiale) sont appliqués à tous les autres domaines du royaume. Suger dirige les relations diplomatiques à l’étranger, conseille les opérations militaires et joue un rôle important dans la rencontre entre Louis VII et la future reine du royaume, Aliénor d’Aquitaine. Il écrit la biographie des deux rois. Il finance la seconde croisade à laquelle participe le roi Louis VII le Jeune et est nommé régent du royaume pendant l’absence du roi.

La reconstruction de l’Abbaye de Saint-Denis

Suger remplace l’ancienne abbatiale carolingienne construite par l’Abbé Fulrad entre 768 et 775 par la nouvelle Abbaye de Saint-Denis, qu’il agrandit et réalise en style gothique. Il en fait le plus riche centre religieux du royaume, le monument symbolique de la monarchie française capétienne, le modèle du nouvel art gothique, le départ de pèlerinage de la IIe Croisade. 

Suger veut doter les églises d’ornements et de sujets figuratifs et s’oppose à Bernard de Clairvaux et Cluny qui prône l’exigence de dépouillement et refuse tout ornement et luxe pour ne pas détourner les moines de la prière. 

À la mort de Suger, les travaux de l’abbatiale de Saint-Denis s’arrêtent et ne seront repris qu’en 1231. Il est enterré en signe d’humilité à l’entrée du cloître et en 1259 sa tombe est déplacée dans le bras sur du transept, à droite en entrant par le portail du cloître.

La révolution de l’art gothique

Suger a favorisé le développement de l’art gothique qui succède à l’art roman. L’art gothique est né en France et s’est diffusé ensuite en Grande Bretagne et dans toute l’Europe jusqu’à la fin du XIIIe siècle.

Une nouvelle technique architecturale utilise la voûte sur croisée d’ogives : une voute formée de deux arcs qui se croisent en diagonale. Les édifices sont très élevés car les piliers et les croisées d’ogive en forment la structure porteuse, qui est moins lourde que dans le cas d’une structure faite de murs porteurs et de piliers travaillant par deux. On peut donc construire les édifices plus hauts avec moins de poids. Le gothique permet également d’ouvrir plus largement et les murs qui autrefois étaient porteurs font maintenant office de remplissage. Les arcs des ouvertures sont à présent en arc brisé.

Suger a inventé le portail à statues-colonnes. Taillées dans un même bloc de pierre, statues et colonnes participent à la tension verticale du monument. Elles introduisent le principe de concordance entre l’Ancien et le Nouveau Testament. Les sculpteurs affirment leur originalité par un jeu complexe de courbes et de contre-courbes dans les plis, par le mouvement des draperies, par les effets d’ombre et de lumière dans les voussures, qui ne sont pas sans évoquer ceux de l’architecture à la même époque.

Suger ouvre la porte à une nouvelle représentation de l’espace portée par l’augmentation des volumes, une décoration de lumière, d’ors et d’objets précieux

Avec l’art gothique, se développe la théologie de la lumière avec la présence de davantage de vitraux.

La théologie de la lumière

Suger apporte une conception forte et vibrante de la beauté qui s’exprime comme forme lumineuse émanant de la source divine et permettant, par la contemplation d’objets transfigurés par la lumière, de remonter vers son origine de moins en moins sensible et de plus en plus intellectuelle. C’est l’esthétique de Plotin et des néo-platoniciens. Ce sera celle de Robert Grosseteste et de saint Bonaventure. Elle est tirée du traité de Denys l’Aréopagite sur la Hiérarchie céleste

Laisser entrer la lumière (lumen) dans une église, c’est laisser rentrer la lumière divine (Lux) car la lumière est chargée d’une force symbolique et métaphysique. Dans la foi chrétienne, en particulier dans la théologie de l’apôtre saint Jean, « Dieu est Lumière ; en Lui, il n’y a point de ténèbres ». La lumière naturelle créée par Dieu est une manifestation divine, une théophanie.

Pour laisser passer la lumière physique et divine dans l’église, les édifices gothiques sont dotés de nombreux vitraux colorés. Les vitraux représentent des scènes de l’Ancien et du Nouveau testament, de la vie des saints ou encore de la vie quotidienne pour que les fidèles (dont la plupart n’avaient pas suivi d’enseignements à l’école) puissent accéder aux enseignements de la Bible.

De ce fait, la liturgie chrétienne, tant en Occident qu’en Orient, est presque systématiquement orientée vers le Soleil Levant, symbolisant le Christ ressuscité, Lumière du Monde, revenant dans la gloire à la fin des temps. Le mur absidial des églises est souvent percé d’une fenêtre pour laisser rentrer à flots la lumière du matin dans le sanctuaire, pendant que se déroule le sacrifice eucharistique. 

De la lumière extérieure naturelle et divine de la Création, par laquelle Dieu fait passer l’univers du néant à l’existence, on passe à la lumière mystique et intérieure apportée par le Christ lors de la Révélation chrétienne.  

 L’abbaye de Saint-Denis est la synthèse gothique de Cluny. Elle est dotée d’une véritable nécropole où seront inhumés 42 rois de France, 32 reines, 63 princes et 10 grands serviteurs du royaume. 70 gisants et tombeaux sont visibles dans l’Abbatiale. Un modèle pour les cathédrales construites ultérieurement.

Lire l’article de Fernand Schwarz, Suger et l’Abbaye de Saint-Denis, La théologie de la lumière dans l’art gothique dans la revue page 13
par Marie-Agnes LAMBERT
Rédactrice en chef de la revue Acropolis
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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