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Société

La culture « woke » et le délit de parole

Née aux États Unis, la culture « woke » s’est répandue en France et prétend lutter pour l’égalité des droits de toutes sortes de minorités. Un débat qui oppose et divise dans une société qui déjà fracturée avec un langage qui s’appauvrit de plus en plus pour éviter les polémiques et rentrer dans le politiquement et le culturellement correct.


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Propos débridés, refus violents de la parole de l’autre, clivages irrémédiables, annihilation de toute autocritique, détournement du sens de la responsabilité dans un combat unilatéral à visée totalitaire, telles sont les caractéristiques de la culture « woke ».(1)
« Le racialisme, un de ses avatars, veut abolir la diversité des cultures, des peuples, des nations, des religions et des civilisations pour créer une identité artificielle entre les hommes selon le critère exclusif de la couleur de peau » (2) : on a les Blancs et les « racisés ». Il s’agit d’un jeu de langage pervers qui travestit le sens des mots pour leur ôter leur réalité afin de servir la nouvelle idéologie.

Les dérives racialistes

Héros réels ou mythologiques, la purge idéologique n’épargne personne. Autant en emporte le vent, grande fresque historique de fiction sur la Guerre de Sécession et film culte de l’imaginaire américain, désormais considéré comme offensant pour les minorités racisées a été banni des écrans. On est entré dans l’ère de l’épuration symbolique du passé. On déboulonne les statues : même La petite Sirène, statue emblématique de Copenhague a été vandalisée « comme poisson raciste » (3). Les Aristochats sont une provocation pour les minorités déshéritées. La rééducation commence tôt. Ce fanatisme ignorant vise à une réécriture de l’histoire selon la nouvelle idéologie, forme barbare de la table rase, assortie de revendications absurdes par détournement du langage et de l’imaginaire.

L’identité de genre, ou le politiquement correct de l’image

Il paraît que le prochain James Bond sera incarné par une femme noire : dans le dernier opus, le séducteur invincible avait pourtant réussi une sortie en beauté en montrant sa sensibilité, avant de se sacrifier noblement. Les contempteurs de la masculinité du héros ne comprennent rien au jeu de la séduction, dont l’outrance toujours élégante (et consentante), participe de la mythologisation du personnage ; mais fanatisés par leur propre hubris revancharde, ils/elles rêvent d’un monde plat, sans relief, fluide, indifférencié, et hors sol.

Les imprononçables

Certains mots sont devenus tabous et frappés d’interdits. Les termes pères et mères ont été progressivement effacés du vocabulaire administratif parce qu’ils seraient des vestiges de l’ordre hétéronormatif » (5), De même le roman d’Agatha Christie Dix petits Nègres a vu son titre modifié en Ils étaient dix, pour ne pas stigmatiser. Cette mesure discutable a toutefois le mérite de souligner que la charge symbolique des mots dépend de l’intention qu’on leur donne.
Les aberrations du langage inclusif témoignent parfois d’une méconnaissance sidérante du sens et de la dimension symbolique des mots : ainsi on a même entendu au Congrès américain, compléter amen par a-women (7), témoignage de la névrose inclusive et d’une ignorance crasse du sens des mots.

Une pathologie de refus du réel

« Le réel n’est qu’un fantasme réactionnaire et la nature, une fiction idéologique au service du patriarcat »(6). « La psychologie de la génération woke […] la pousse à pratiquer l’exhibitionnisme vertueux et la surenchère moralisatrice » (4) . On a l’obligation de faire repentance publique et la confession de ses privilèges intrinsèques : « white silence is violence ». Les étudiants américains sont invités à se faire dépister leurs biais raciaux inconscients.

La langue, biais idéologique ou vecteur d’humanité ?

Ce détournement voire dévoiement du langage n’est pas sans rappeler Big Brother et la novlangue (8), constituée principalement d’assemblages de mots et soumise à une politique de réduction et d’appauvrissement du vocabulaire pour servir la pensée unique du parti. L’ignorance érigée en dogme y remet en question toute la pertinence de l’éducation, de la philosophie (comme mode de pensée cherchant à dénoncer des pensées erronées ou insuffisantes). C’est en s’attaquant à la fonction de l’imaginaire, dont les mots, à travers les images qu’ils véhiculent, sont un vecteur essentiel, que la nouvelle idéologie creuse ses sillons séparatistes.
« L’homme n’accède pas au monde sans médiations […] C’est à partir d’une langue qu’il accède au monde, d’une culture qu’il part à la rencontre des autres hommes » (2). Comme l’écrit Gilad Sommer (9), « La liberté d’expression réclame aussi une forme de responsabilité ». Face à la querelle langagière et aux outrances, nous avons besoin d’une parole juste qui apaise les cœurs et relie les hommes à eux-mêmes, aux autres, et à la nature, mère de toutes les sagesses. La proposition philosophique de Nouvelle Acropole est simplement de mettre en exergue, non pas les pôles de dissension mais les facteurs d’union d’une pensée ouverte, inclusive et élévatrice pour le genre humain.

(1) La cancel culture ou encore la culture woke caractérisent un mouvement de contestation venu des États-Unis qui au nom d’une justice sociale critique entend réécrire l’histoire et peser sur le présent en dénonçant les multiples dominations exercées sur les minorités
(2) Mathieu Bock Côté, La révolution racialiste et autres virus idéologiques, Éditions Presse de La Cité, 202, 240 pages, pages 211 et 216
(3) Opus cité, page 42
(4) Opus cité, page 77
(5) Opus cité, page 164
(6) Opus cité, page 179
(7) Opus cité, page 186
(8) Personnage du roman de George Orwell, 1984, parodie d’un système totalitaire.
(9) Lire l’article : Libre expression, paru dans la revue Acropolis N° 337, janvier 2022, https://www.revue-acropolis.fr/libre-expression-ou-parole-juste/
par Sylvianne CARRIÉ
Formatrice à Nouvelle Acropole de Lyon
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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