La théorie des signatures, quand les semblables soignent les semblables
Appliquée depuis l’Antiquité, des médecins ont eu l’idée d’utiliser les caractéristiques des plantes ou des aliments pour soigner la partie du corps humain qui leur ressemble, selon la théorie des signatures. Une théorie jugée simpliste par la pensée scientifique moderne mais il s’avère que certains remèdes créés par elle sont encore utilisés aujourd’hui.
Dans les anciennes traditions, qu’elles soient d’Égypte, du Moyen-Orient, d’Amérique ou d’Asie, le Cosmos était considéré comme un être vivant où les quatre éléments : terre, eau, air et feu, autrement dit les quatre règnes : minéral, végétal, animal et astral, étaient reliés par des sympathies universelles qui permettaient de les comprendre et de passer d’un règne à l’autre, essentiellement dans une finalité médicale et thérapeutique.
Au Moyen-Âge, c’est le célèbre médecin alchimiste Paracelse, défenseur de la théorie ou Loi des Signatures, qui utilisera ce concept pour élaborer ses plus brillants traitements et lui vaudront une grande renommée auprès des cours européennes.
Similia similibus curantur, les semblables soignent les semblables
Selon cette théorie des signatures, appliquée principalement au monde végétal, la forme, la couleur, l’odeur des plantes indiquent leur rôle et leur fonction, et pour le thérapeute, les maladies qu’elles sont capables de guérir.
Un fruit ou un légume qui présente une forme ressemblant à un organe du corps montre ainsi le signal qu’il est bénéfique pour cet organe. L’exemple le plus universellement connu est celui de la noix, qui ressemble à un cerveau miniature avec ses deux hémisphères, son sillon central et les circonvolutions qui rappellent le néocortex. Et de fait, les noix aident à développer et à entretenir les fonctions cérébrales.
Les haricots rouges ressemblent aux reins humains et, là encore, on constate qu’ils aident à maintenir une bonne fonction rénale.
Ce système analogique de pensée, qui a disparu en Europe après la Renaissance, avec le développement prépondérant d’une pensée analytique et rationnelle qui a donné naissance à la science moderne, reste pourtant dans de nombreuses régions du monde, le principal système de pensée.
Quelques exemples
Ainsi, la théorie des signatures est à l’origine de beaucoup de traitements en Afrique, en Amérique et en Asie. Ils utilisent les formes des racines, des tiges, des feuilles, des fleurs ou des fruits. Par exemple, des feuilles qui présentent des grumeaux traitent des varices ; des fleurs jaunes comme le pissenlit ou le gardénia jaune en Chine sont recommandées pour la jaunisse ; des plantes à tiges creuses sont utilisées pour les maladies des artères, la figue de Barbarie très compacte et à la peau bosselée traite les tumeurs au Mexique. Même l’écologie de la plante a été utilisée, comme le saule qui croît dans les zones humides et marécageuses et dont on a extrait de son écorce l’acide salicylique, devenu la base de l’aspirine, connue pour ses vertus antalgiques et anti-inflammatoires
Cette science ancienne et multimillénaire n’a certainement pas fini de nous étonner, et de nous faire rêver et investiguer…