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L’acupuncture, médecine énergétique chinoise                                                             

Celui qui ne sait pas …
…et qui ne sait pas qu’il ne sait pas …  fuis-le
… et qui sait qu’il ne sait pas, éduque-le.
Celui qui sait …
… et qui ne sait pas qu’il sait, … éveille-le
… et qui sait qu’il sait, … suis-le.

Proverbe chinois

Pluri-millénaire, la médecine chinoise est avant tout une médecine préventive et holistique qui permet de traiter en douceur à la fois les troubles physiques et psychiques. Un bon allié pour rester en bonne santé ?

L’acupuncture est une discipline thérapeutique plusieurs fois millénaire. Elle fait partie de la médecine traditionnelle chinoise qui comprend, outre l’acupuncture, la pharmacopée, les régimes diététiques, les massages, les manipulations vertébrales et la chirurgie. La médecine chinoise était avant tout préventive. En effet, la Chine avait une conception particulière du médecin : celui-ci était payé lorsque son patient était bien portant et cessait de l’être lorsque le patient tombait malade.

Jusqu’à présent, aucun document écrit n’a été trouvé nous permettant de comprendre quand et comment prit naissance cette technique de traitement. Dans le Nei Tsing, livre classique de Médecine chinoise, il est fait mention de discussions entre l’empereur légendaire Huang Ti et son conseiller, lesquels auraient vécu au troisième millénaire av. J.-C. L’empereur parle de poinçons de pierre et d’os qu’il veut remplacer par des aiguilles de métal.

Dernièrement, à Panpo, dans le Chensi, qui est un des sites les plus représentatifs de la culture néolithique, on a trouvé des aiguilles d’os d’une quinzaine de centimètres. Or, cette culture se termine environ 1700 ans av. J.-C. On peut donc penser qu’au cours des siècles et des dynasties, l’art des aiguilles s’est perfectionné. Des morceaux de bambou, d’os et d’ivoire, les Chinois passèrent à la pierre, puis au cuivre, au bronze et enfin au fer. Plus tard, l’or, l’argent et l’acier furent également utilisés.

En Europe, l’acupuncture fit son apparition dès les XVIe et XVIIe siècles, dans les écrits des voyageurs et les ouvrages des missionnaires et savants jésuites de la Mission scientifique de Pékin. Mais ce n’est que beaucoup plus tard que l’acupuncture s’installa dans certains milieux médicaux en France, grâce à un diplomate français, Georges Soulié de Morant, sinologue doté d’une bonne connaissance de la langue parlée et écrite chinoise et qui traduisit plusieurs textes importants sur l’acupuncture. Depuis lors, nombreux sont les médecins qui se sont rendus en Chine pour étudier et pratiquer l’acupuncture auprès des maîtres chinois.

Bien qu’elle ait prouvé son efficacité auprès d’un grand nombre de malades, l’expansion de cette médecine orientale en Europe ne se fait pas sans difficulté. En effet, la terminologie ancienne des Chinois ne s’est pas encore adaptée à notre expression occidentale. Chaque jour, cependant, de nouvelles études scientifiques sont publiées, qui confirment l’exactitude des très anciennes notions de la Tradition chinoise.

L’acupuncture est une méthode qui consiste à exciter des points particuliers, très précis et très localisés, de la peau dans un but thérapeutique, cette excitation pouvant se faire habituellement par des aiguilles, mais aussi par la chaleur, la pression et même, de nos jours, par un rayon laser. La plupart de ces points d’acupuncture sont échelonnés le long de vaisseaux principaux, les méridiens, dont le trajet ne correspond pas à celui des nerfs et des vaisseaux sanguins. De même, il n’existe pas de structure spécifique du point d’acupuncture, bien que celui-ci possède des propriétés physiques particulières permettant de le localiser grâce à des détecteurs. En effet, le point d’acupuncture se trouve sur une zone plus conductrice de l’électricité que les zones environnantes.

Selon la tradition chinoise, l’être humain est composé à la fois de matière et d’énergie. Essentielle à la vie, de nature dynamique, l’énergie permet de faire fonctionner le corps et pour cela se répartit dans tout l’organisme par diverses ramifications que sont les méridiens. Il existe 12 méridiens principaux, bilatéraux, et 2 méridiens médians, l’un antérieur et l’autre postérieur. Chacun porte le nom d’un organe, ou d’une fonction, auquel il est relié. On parle ainsi des méridiens du poumon, gros intestin, estomac, rate-pancréas, cœur, intestin grêle, vessie, rein, maître du cœur, triple réchauffeur, vésicule biliaire, foie.

L’énergie parcourant le méridien est un mélange en proportion variable de deux types d’énergie :
– L’énergie Yin : énergie de type passif
– L’énergie Yang : énergie de type actif.

Pour pouvoir comprendre l’origine de ce grand principe du Yin et du Yang, il nous faut parler de quelques notions de philosophie chinoise.

L’origine de la médecine traditionnelle chinoise se situe dans le Taoïsme, base de la tradition extrême-orientale. Cette tradition se réfère au Principe Suprême qu’elle appelle le Tao. Toute la philosophie chinoise, le Tao, représente l’Ordre de la Nature et est basée sur l’analogie entre le Ciel et la Terre, d’une part, entre la Terre et l’Homme, d’autre part. Depuis des millénaires, en effet, les Chinois, peuple de paysans, vivent en contact avec leur terre nourricière. L’activité humaine suit le rythme de la terre et du soleil en faisant alterner les périodes d’activité et de repos. Ainsi apparaît la première notion d’un rythme binaire, jour et nuit, lumière et obscurité, chaleur et froid, repos et activité.

La conception fondamentale du Yin et du Yang

Chaque être humain est constitué des deux éléments Yin et Yang. Les Chinois classent les organes en organes Yang et en organes Yin. Les premiers sont en rapport avec l’extérieur ;  ils sont consacrés à l’absorption, à la digestion et à l’élimination des aliments : estomac, intestin grêle, gros intestin, vésicule biliaire, vessie. Les seconds sont en rapport avec le milieu intérieur : ils contiennent du sang et ils ont un rôle de transformation et de mise en réserve de l’énergie : cœur, poumon, foie, rate, reins. La circulation de l’énergie dans l’organisme varie selon le double cycle du nyctémère et des saisons. Elle circule de méridien en méridien suivant un ordre immuable au cours des vingt-quatre heures du jour et de la nuit.

C’est à partir de l’observation des transformations dans la nature que s’élabore la conception des Cinq Éléments, autre principe d’une grande importance pour les Chinois.
Les phénomènes de la Nature peuvent se comparer à certaines qualités d’éléments naturels, comme l’eau, le feu, le bois, le métal et la terre.
Les Cinq Éléments sont Cinq Forces puissantes en mouvement cyclique perpétuel. À chaque élément correspond une planète, une couleur, une saison, un goût, une odeur, une note de musique… et également un organe, un symptôme, un composant du corps humain.
– Le Bois : c’est le printemps ; sa couleur est le vert. Il correspond au foie et aux muscles.
– Le Feu : c’est l’été ; sa couleur est le rouge. Il correspond au cœur et au sang.
– Le Métal : c’est l’automne ; sa couleur est le blanc. Il correspond aux poumons et à la peau.
– L’Eau : c’est l’hiver ; sa couleur est le noir. Il correspond aux reins et au squelette.
– La Terre : c’est l’élément qui est en rapport avec tous les autres, car c’est le système de référence ; sa couleur est le jaune. Il correspond à la rate et au tissu conjonctif.
Telle est la base théorique grandiose de l’acupuncture chinoise traditionnelle. L’équilibre normal des types d’énergie Yin et Yang, de la formation et de la bonne circulation de l’énergie dans tout le corps permet un état de santé normal.

La maladie est dûe à une perturbation des niveaux énergétiques. L’essentiel, pour le médecin, est donc de faire le bilan de la circulation de l’énergie chez le malade. L’acupuncteur dispose pour cela d’un certain nombre de signes cliniques, y compris la fameuse méthode des pouls chinois. L’examen médical renseigne sur la nature de la perturbation : excès ou insuffisance de Yin et de Yang, ainsi que sur les localisations de cette perturbation. Le traitement consiste alors à rééquilibrer les énergies, soit en « dispersant », c’est-à-dire en libérant l’excès d’énergie, soit en tonifiant, c’est-à-dire en augmentant l’énergie, pour lui permettre ainsi une meilleure circulation. L’action se fera sur les points d’acupuncture qui ont une action quasi spécifique sur un organe ou une fonction : d’autres ont un pouvoir régularisant général.

Pour les Chinois, la maladie débute par un déséquilibre entre les énergies faisant apparaître des perturbations fonctionnelles discrètes (insomnie, digestion difficile, douleurs). Ultérieurement apparaîtra la maladie réelle ; d’où l’importance d’agir dès le début du déséquilibre pour prévenir l’apparition de la maladie organique.

La médecine traditionnelle chinoise est donc une médecine énergétique et une thérapeutique préventive. Elle vise à traiter l’homme dans sa totalité, tant au niveau physique qu’au niveau psychique. Elle demande de la part du médecin des qualités d’écoute, une finesse dans l’étude clinique, une compréhension des lois du Macrocosme et du Microcosme, des lois qui régissent la vie, du principe du Yin et du Yang. La médecine chinoise appréhende la Vie, et conçoit l’Homme en tant qu’être global.

BIBLIOGRAPHIE
Académie de médecine traditionnelle chinoise,Précis d’acupuncture chinoise, Éditions en langues étrangères, Pékin, 1ère édition en 1977
George SOULIÉ DE MORANT, Précis de la vraie acupuncture chinoise, Éditions Mercure de France, 1964
Notes de cours à l’École Belge d’Acupuncturce, ABMA ASBL, rue des Bollandistes, 15, 1040 Bruxelles
Article paru dans la revue Nouvelle Acropole N°124 (mars-avril 1992)
Docteur Agnès ANGHEBEN
Directrice du Centre médical Séraphis de Bruxelles
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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