« Le Maître est l’enfant », l’application de la pédagogie Montessori
Le 27 septembre 2017, le film « Le maître est l’enfant » sera diffusé dans les salles de cinéma françaises. Un film-documentaire tourné dans la classe de maternelle du nord de la France et consacré à la méthode d’éducation préconisée par Maria Montessori.
Dès le début, le film surprend par son approche. On s’attend à des démonstrations pédagogiques et théoriques de la méthode Montessori, qui connaît actuellement un engouement certain en France. C’est un film d’observation. Le regard de la caméra (très discret) est uniquement dirigé vers l’enfant et la façon dont il découvre le monde. L’éducateur observe de loin et intervient uniquement s’il y a une demande ou un besoin de celui-ci. Il suit son évolution et celle de ses périodes sensibles.
Une voix off fait des commentaires sur l’enfant, la façon dont il apprend, en se basant sur les expériences de Maria Montessori (1870-1952), médecin et pédagogue italienne (1).
Ce film a été tourné entre 2015 et 2016 dans une classe d’école maternelle de l’école Jeanne d’Arc à Roubaix, école privée sous contrat, qui depuis 1946 applique la méthode Montessori dans les classes de maternelle et de primaire. La classe filmée compte 28 enfants de 2 ans et demi à 6 ans. L’éducateur est Christian Maréchal qui s’est formé à la méthode Montessori et conduit la classe.
Un environnement propice à l’activité
On est surpris par l’ambiance qui règne dans cette classe : un environnement ordonné par l’éducateur dès le matin qui contient des objets de la vie quotidienne à tendance didactique : vaisselle, fleurs, miroirs, tables, évier pour se laver les mains… mais également des jouets pour apprendre (jeu de constructions, lettres de l’alphabet, jeux pour compter, livres, crayons pour écrire et dessiner…) ainsi que des objets servant à développer les différents sens.
L’environnement doit être beau et agréable et les objets utiles pour inciter l’enfant à agir. Peu de bruit. Les enfants sont habitués à parler à voix basse et ils sont incités à ranger quand ils ont fini leur activité.
L’éducateur leur rappelle les règles de vie commune et de convivialité à pratiquer entre eux, en évitant les jugements sur ce que les uns ou les autres font.
Tout incite l’enfant à agir
La caméra se centre sur les activités de l’enfant, que le commentateur appelle « travail ». Les enfants s’activent dans tous les coins, en faisant des activités très diverses qu’ils ont choisies eux-mêmes : couper des fleurs, faire du pain, lire, repérer les lettres, compter, activités d’observation… L’enfant est autonome. Il expérimente une activité et apprend dans ce que le commentateur appelle la « sensibilité » ou « période sensible » (2).
Les enfants sont très concentrés sur ce qu’ils font et déploient beaucoup d’attention à leur tâche. C’est ainsi que l’on apprend qu’un enfant peut se livrer au découpage d’une feuille pendant vingt minutes d’affilée, s’il n’est pas perturbé par autre chose. On est loin du changement d’activités tous les dix minutes, préconisé par l’éducation conventionnelle !!! L’enfant concentré répète les actes autant de fois que cela est possible jusqu’à maîtriser les gestes. Il déploie sa volonté, son envie et ses efforts dans l’usage d’un objet.
Comment les enfants apprennent
Ce film se place du côté de l’enfant et non du point de vue de l’éducateur. Il remet en question les méthodes d’éducation officielles pour se focaliser uniquement sur l’enfant et la façon dont il apprend.
En premier lieu, dans le film, les enfants se livrent aux activités qu’ils ont librement choisies. Rien ne leur est imposé, hormis l’application de règles de vie en collectivité. Les éducateurs traditionnels provoquent chez l’enfant des effets voulus d’avance, alors que dans la méthode Montessori, on cherche plutôt à provoquer des effets spontanés. Les plus grands aident les plus petits librement alors que dans l’école conventionnelle un élève ne peut pas aider un élève en détresse. Il est coupable. « Tais-toi, toi tu sais ». À l’école conventionnelle, l’enfant n’a pas le droit de faire des erreurs et peut être humilié devant tout le monde. Dans la méthode Montessori, l’enfant a le droit de se tromper et de recommencer. C’est en observant qu’il va comprendre. Dans l’éducation conventionnelle, l’enfant est récompensé s’il fait bien, puni s’il n’a pas réussi. Ici l’enfant pratique son activité sans promesse de récompense ni de punition.
Dans le film, les enfants se livrent à des activités utiles et non qui gaspillent de l’énergie.
Le commentateur conclut en disant : « L’enfant peut faire beaucoup pour nous, plus que nous pouvons faire pour lui. Nous pouvons devenir le disciple de ce maître qu’est l’enfant. »
Comme le disait Maria Montessori, l’enfant serait-il le père de l’homme ? Que serait l’adulte sans l’enfant qui l’aide à s’élever ? l es périodes sensibles
(1) Lire l’article À l’école du maître intérieur : « les périodes sensibles », page 6
(2) Lire encadré
Film-documentaire réalisé par Alexandre Mourot
Durée : 1h 30
Distribué par Dans le sens de la vie
Film soutenu par l’association Montessori France et le Mouvement Colibris
DVD en vente : 25 € sur le site du film
www.montessori-lefilm.org
Facebook : montessori.Lefilm
Chaîne you tube : https://www.youtube.com/channel/UCLzX_5t2az5ok8sWa3v34aA
Médecin et pédagogue italienne, Maria Montessori (1870-1952) s’est intéressée très tôt aux enfants et à leur éducation pré-scolaire. Elle compléta ses connaissances par la psychologie et la philosophie. À partir de ses observations scientifiques, elle a découvert qu’en respectant la personnalité de l’enfant et en lui offrant un lieu répondant à ses besoins de développement, il pouvait s’épanouir et construire des bases solides pour vivre avec joie l’aventure humaine.
En 1907, elle a ouvert à Rome sa première maison pour enfants en retard mental de 3 à 6 ans, où elle a commencé à y appliquer ses méthodes d’éducation. En 1913, elle organisa des cours internationaux, partit aux États-Unis, où elle y créa un collège pour enseignants et dirigea une « semaine pédagogique ». En 1929 elle fonda l’Association Montessori Internationale. Mussolini porta un grand intérêt à sa pédagogie comme le moyen de créer un Homme nouveau mais il imposa l’uniforme fasciste dans les écoles, ce que Maria Montessori refusa. Il demanda alors la fermeture de ses écoles. Maria Montessori quitta l’Italie pour aller en Espagne. Elle fut ensuite invitée en Inde par la Société théosophique où elle y donna une formation sur ses méthodes qu’elle développa jusqu’en 1946. En 1952, elle put retourner en Italie mais préféra s’installer aux Pays-Bas jusqu’à sa mort. Son fils Mario continuera son œuvre.