Philosophie

L’enthousiasme, le feu qui brûle dans la maison de l’âme !

« Ce sont les Grecs qui nous ont légué le plus beau mot de notre langue : le mot « enthousiasme », du grec « en theo », un « Dieu intérieur ». » Louis Pasteur

 Dans nos sociétés de crise, où résonnent sur les ondes et dans les conversations méchanceté, violence, corruption, morosité, tergiversations des uns, malversations ou impuissances des autres, on ne peut qu’acquiescer à la fameuse réplique du film « Le fabuleux destin d’Amélie Poulain « les temps sont durs pour les rêveurs ». Acquiescer oui, mais se rendre non.

Ce qui suit est une réflexion et quelques conseils sur ce qui me semble le plus important pour s’accomplir dans la vie, quelques soient les circonstances extérieures dans lesquelles nous vivons : pouvoir éveiller à l’intérieur de soi l’enthousiasme et savoir l’entretenir.

L’enthousiasme, c’est cela, la rencontre en nous de la lumière, qui fait que nous savons, et de la vie, qui fait que nous vivons.
L’enthousiasme, c’est cela, la rencontre en nous de la lumière, qui fait que nous savons, et de la vie, qui fait que nous vivons.

« Le philosophe est un passeur d’enthousiasme », déclarait dans un entretien le philosophe Bertrand Vergely. Il est là pour exhorter les hommes et notamment les jeunes, à ne pas désespérer, à avoir confiance dans la vie, dans eux-mêmes, dans l’infini potentiel de leur esprit et de leur âme. Il est là pour leur transmettre cet enthousiasme profond, clef du sens et de la plénitude de la vie.
La philosophie est née de l’étonnement et de l’émerveillement face au mystère de l’univers, de la vie, de l’homme et de son génie créateur qui fait surgir de lui tant d’œuvres prodigieuses et civilisatrices. Elle est là pour nous aider à comprendre les causes intelligentes qui ont engendré de tels effets ! Nous devenons, grâce à elle et par elle, étymologiquement et naturellement, des amoureux de la sagesse, des causes premières et des fins ultimes.
Cet amour de la sagesse et d’une vie remplie de sagesse donne à chaque philosophe authentique une énergie vitale communicative ; il devient une source permanente d’énergie, de générosité et d’enthousiasme, lieu de l’âme où le bonheur est véritable et inconditionnel.

L’actuelle directrice internationale de Nouvelle Acropole, Délia Steinberg Guzman, décrivait dans un de ces écrits l’importance de l’enthousiasme dans la quête philosophique du bonheur : « Si tu veux être heureux, tu dois apprendre à boire la liqueur de la joie et de l’enthousiasme. Il n’y a pas de bonheur durable pour qui n’a pas goûté cette boisson que je considère comme propre aux Dieux. Je ne parle pas de la joie qui va et vient comme les choses changeantes. Je parle ici de l’intense joie qui vit dans l’âme supérieure de chacun et que rien ne peut effacer… L’enthousiasme qui s’enflamme dans toutes les obscurités, le feu qui brûle à tous moments, sacrés et profanes. Parce que telle est la condition de l’enthousiasme : brûler et brûler toujours.  Pourquoi la joie ? Parce que nous savons, parce que nous vivons. » « Parce que nous savons, parce que nous vivons » : l’enthousiasme, c’est cela, la rencontre en nous de la lumière, qui fait que nous savons, et de la vie, qui fait que nous vivons. C’est, diraient les Grecs la rencontre d’Apollon et de Dionysos.

Le feu sacré qui inspire le génie créateur

L’enthousiasme est donc un feu intérieur qui éclaire et réchauffe de l’intérieur toutes nos pensées, nos sentiments et nos actions.
L’enthousiasme est donc un feu intérieur qui éclaire et réchauffe de l’intérieur toutes nos pensées, nos sentiments et nos actions.

L’enthousiasme est donc un feu intérieur qui éclaire et réchauffe de l’intérieur toutes nos pensées, nos sentiments et nos actions. Ce n’est pas le feu de la passion ou le feu de l’émotivité qui s’enflamme vite pour s’éteindre plus ou moins tôt. Chercher le bonheur dans le plan affectif, c’est le condamner à une existence éphémère, et se condamner soi à mendier sans cesse des gestes d’affection et de reconnaissance, pour être heureux et se sentir stables.
L’enthousiasme est le feu que d’aucuns pensent divin ou sacré, que nous possédons en nous-mêmes et par nous-mêmes, le Feu du « Dieu en nous (en theos) », le feu du dieu intérieur que chacun possède, qui nous met en contact avec l’unité universelle, avec l’harmonie universelle, avec l’éternité.

L’enthousiasme vit dans le plan de l’intuition et de l’inspiration sacrée. C’est lui qui inspire le poète, le musicien, l’artiste dans son œuvre. C’est lui qui inspire le guerrier dans le combat, en lui donnant l’audace et l’intrépidité, comme à d’autres, il donnera le génie, une justesse d’esprit, une imagination féconde, un cœur plein d’un noble feu.

Les alliés lumineux de l’enthousiasme

L’enthousiasme met en marche le courage et la vitalité chez celui qui entreprend. Être vivant, c’est le contraire d’être mécanique. L’enthousiasme invite et incite à des actes extraordinaires. Il engendre l’inspiration, fait agir au nom de quelque chose de supérieur, il nous fait donner sens et présence à nos actes en rapport avec nos valeurs et principes de vie.
Il entretient l’éternelle jeunesse de l’âme, en continuant toute sa vie à avancer, à découvrir, à créer, à se remettre en cause, à se perfectionner. Celui qui est enthousiaste pense que le meilleur est à créer, est devant nous.
Il permet l’admiration et l’émerveillement au quotidien, pour accueillir les petites et les grandes choses de la vie ; l’amour d’apprendre sans cesse quelque chose de nouveau.

L’enthousiasme apporte avec lui naturellement la joie, l’allégresse, pour avoir contacté cette dimension de l’âme où un feu éclaire et réchauffe tout.
L’enthousiasme donne la vision, la perspective. Il nous fait voir grand et ne pas avoir peur d’élargir sa vision. Rien de grand ne peut se faire sans enthousiasme.
L’enthousiasme est la clef de l’engagement dans la vie, car l’engagement est le sens du service animé par le feu de l’âme. Et l’engagement nourrit à son tour l’enthousiasme.

Comment s’entretient l’enthousiasme ?

L’enthousiasme s’entretient comme on entretient un feu. Le combustible, c’est de confronter sa vie à des actions et à des relations généreuses, utiles et constructives. Mais le feu a aussi besoin d’air. L’air, ce sont les choses de l’âme, apporter à son esprit des réflexions élevées et intelligentes, des enseignements de sagesse vivante, apporter à son cœur des aliments de beauté, de bonté et de justice. Nous possédons tous en nous la flamme de l’enthousiasme, mais il nous faut l’entretenir par l’engagement dans la quête héroïque de la sagesse dans nos pensées, nos sentiments et nos actes.
Les défis et les aventures raniment le feu de l’enthousiasme. Rien de pire que le confort pour éteindre l’enthousiasme.  Etre un idéaliste engagé, rester toujours créatif, donner de la vitalité à tout ce que l’on fait, mettre de la joie dans ce que l’on fait, rester toujours simple pour rester disponible et réceptif au feu.

L’enthousiasme naît du cœur. Il s’exprime spontanément dans le chant, la danse, le rythme de la vie. Ces pratiques réveillent l’enthousiasme, émeuvent et unissent les cœurs des hommes. Ce sont des pratiques qu’il faut utiliser régulièrement pour développer en nous la joie. Nous devons apprendre à produire ce à quoi nous aspirons, nous devons apprendre à pratiquer la joie pour la vivre.

Construire une nature non résistante à l’esprit

 Le Yi King, un vieux traité de sagesse chinoise, exprime dans le langage symbolique qui est le sien que l’enthousiasme naît de la rencontre de la Terre (le réceptif) avec l’Éveilleur (le tonnerre). Il nous explique que pour œuvrer dans l’enthousiasme, il faut une nature totalement réceptive dans laquelle puisse s’allumer le feu de la foudre, c’est à dire de l’esprit. Il faut une absence de résistance pour allumer en soi le feu intérieur, et nous faire ainsi passer de l’état latent à l’état actif.
Telle est la réalité de l’enthousiaste. Il décide d’être acteur de l’aventure de sa vie et de la concrétiser contre vents et marées, grâce au lien et au contact structurant, rassurant et régénérant avec le feu éternel qui brûle dans la maison de son âme.

Par Françoise BECHET

 

 

 

 

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