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Les Jeux Olympiques… hier et aujourd’hui

Du 26 juillet au 11 août 2024, les Jeux Olympiques d’été se tiendront en France, suivis des Jeux Paralympiques, du 28 août au 8 septembre 2024. Quelle est l’origine des Jeux Olympiques ? Il semble que les premières traces remontent à la mythologie grecque.

« Mère des combats qui apportent des couronnes d’or,
Olympie, sanctuaire de la vérité… » 
Pindare

LES JEUX OLYMPIQUES… HIER

En 1828, l’archéologie sort de l’oubli une ville au passé très lointain : Olympie.
Édifiée au pied du Mont Chronion (1), la ville, célèbre par ses Jeux, jouissait d’une grande réputation : ses temples et monuments, entourés d’une enceinte sacrée, étalent d’une grande beauté. ViIIe à la destinée privilégiée, Olympie n’était habitée que lors de la durée des Jeux par les prêtres, les athlètes et les arbitres. Durant quelques jours se mesuraient, dans la loyauté et le respect, des hommes, ardents à lutter et à vaincre, dans un climat de paix et de réconciliation, puisque guerres et querelles étalent suspendues par une trêve scrupuleusement respectée.

L’origine des Jeux Olympiques

L’origine des Jeux Olympiques remonte aux traces anciennes que nous apporte la mythologie grecque : Il est dit que Zeus lui-même fit naître les Jeux Olympiques en commémoration de sa victoire sur Chronos, son père.
Héraclès en est également à l’origine : un des douze travaux que le héros se devait d’accomplir était le nettoyage des écuries d’Augias. En détournant les eaux de l’Alphée, il put les nettoyer en un jour. Pour ne pas oublier cette journée il disputa avec ses quatre frères une course et couronna le vainqueur d’une branche d’olivier sauvage.
Un auteur grec explique comment les premiers Jeux Olympiques eurent lieu en célébration de la réussite du voyage des Argonautes de retour de la conquête de la Toison d’Or.
On raconte de plus que Pélops (1350 avant J.-C.), amoureux de la fille du roi Œnomaus, Hippodamie, tua ce dernier lors d’une course de char. Epousant Hippodamie et devenu roi d’Élide, il fêta sa victoire par des Jeux Olympiques.

La pérennisation des Jeux

Ainsi les mythes semblent indiquer que les premières Olympiades eurent lieu irrégulièrement et furent des commémorations d’événements. Jusqu’au jour où selon la tradition, ils s’imposèrent d’eux-mêmes. En effet, une épidémie de peste sévissait et le roi lphitos, consultant la Pythie de Delphes, se vit signifier par l’oracle que seul le rétablissement des Jeux olympiques pourrait juguler le fléau. Ainsi fut organisée en l’an 776 avant J.-C. la première Olympiade officielle.

Le succès fit projeter que les jeux se renouvelleraient tous les quatre ans. Dès lors, s’instaura durant les trois mois précédant l’Olympiade, cette trêve qui impliquait pour le perturbateur éventuel un lourd tribut : l’interdiction aux jeux, non seulement pour lui mais aussi pour tous ceux de sa ville Ainsi, le sens premier des Jeux Olympiques poursuivait cette volonté première de voir les hommes lutter et vaincre dans l’égalité des droits et la paix au-delà de tous les conflits.

Les Olympiades des Grecs

Au pied du mont Chronion était édifiée la « Terrasse des Trésors ». Sur les hautes colonnes de marbre, en lettres d’or, étaient gravés les noms des héros qui se montrèrent dignes de recevoir les oliviers de la victoire. S’y élevait la statue de Coreobos, le premier lauréat, nommé « Olympionique ».

Les monuments des Jeux se disséminaient construits grâce à la générosité des nobles :
– Le stade, cœur des Jeux qui avec ses imposantes dimensions pouvait contenir 20.000 spectateurs qui voyaient le déroulement des courses, des lancers, des luttes etc.
– L’Hippodrome avec ses 609 mètres de long et ses 320 mètres de large pour les courses de chars et de chevaux.
– La Palestre et le Grand Gymnase.
– Le Bouleutérion où siégeaient les Magistrats.
– Le Lénanidaïon, énorme monument au péristyle de 44 colonnes doriques dans lequel demeuraient princes et invités.
– Enfin le Théokoléon, demeure des prêtres et le Temple de Zeus renfermant la fameuse statue de Phidias. Zeus trônait majestueux tenant la Victoire dans sa main droite.

« Il n’est pas de gloire plus grande pour un homme que de montrer la légèreté de ses pieds et la force de ses bras … » disait-on en Grèce antique, pour exprimer l’admiration d’un peuple pour la beauté des corps, reflet de l’âme harmonieuse.

Le déroulement des Jeux

Le premier jour qui marquait le début des jeux est un jour d’action de grâce. Au temple de Zeus, sur l’autel elliptique entouré de six autels doubles en rapport avec la course du soleil, les grands prêtres sacrifient les bœufs aux cornes d’or. Et, alors que le soleil est au zénith, les dix Hellanodices, magistrats des jeux, conduisent la solennelle procession, suivis des athlètes, des entraîneurs, des délégués des villes, jusqu’au Bouleutérion, où les athlètes jurent de combattre avec loyauté.
Durant cinq jours, les participants vont concourir sous le regard des nombreux pèlerins qui se pressent pour mieux voir. Uniquement des hommes sont présents. Une femme seulement assiste au déroulement des jeux ; la prêtresse de Déméter Déesse-Mère protectrice de tous.

Le premier jour des épreuves est là. Les concurrents sont dans le stade. Ils sont entièrement nus. La foule en délire les acclame. Un à un, les athlètes sont appelés. Une voix proclame : « Quelqu’un d’entre vous peut-il reprocher à l’un de ces athlètes de n’être point de naissance pure et de condition libre, d’avoir été puni de fers, d’avoir montré des mœurs indignes ? » « Oui, seul un vrai Grec peut concourir ».
Les athlètes vont dès lors se mesurer durant ces cinq jours. Les luttes sont ardentes et difficiles. Le but est de gagner.
Attention ! Tuer son adversaire est un délit. Les arbitres armés de fouets corrigent toute faute des combattants. Les jeux déchaînent les passions. Il n’est pas rare que des sportifs meurent d’épuisement.
Au septième jour, les gagnants reçoivent une couronne d’olivier et une branche de palmier Les vaincus ont dû avouer à haute voix leur défaite.
C’est la fin des Jeux ; on lâche des pigeons-voyageurs qui s’éparpillent dans toute la Grèce pour apprendre aux Grecs le nom des vainqueurs afin qu’ils soient reçus dans leur cité avec la dignité méritée.
Après l’hommage rendu aux Dieux, c’est le festin et la joie. Les artistes sont là. On récite Pindare et les vainqueurs rêvent aux ovations que leur donneront leurs villes. Ils recevront pension et privilèges On leur élèvera une statue. Mais, à la première bataille, on leur fera l’honneur du poste qui exige le plus de courage.

Olympie ville sacrée

Longtemps encore, Olympie demeurera un lieu sacré. Mais, à partir de la conquête romaine, l’effritement commença Les athlètes recherchèrent le pouvoir de la victoire et des scandales éclatèrent.
En 379 après J.-C., Théodose interdit les Olympiades. Et la cité succomba sous les coups des envahisseurs.
Olympie ? Exaltation de la jeunesse immortelle en quête de gloire… parce que tout homme a un rêve de victoire. Et puis faiblesse de l’homme qui oublie que seule l’action droite et désintéressée peut le construire à l’image de son idéal !

LES JEUX OLYMPIQUES… AUJOURD’HUI

Rendons hommage à Pierre de Coubertin qui put, le 6 avril 1896 ouvrir les premiers Jeux Olympiques modernes à Athènes, grâce à son ardeur passionnée et à son humanisme. Il écrivit : « L’effort est la joie suprême ; le succès n’est pas un but mais un moyen pour viser plus haut. L’individu n’a de valeur que par rapport à l’humanité. Il est fait pour agir avec acharnement et mourir avec résignation ».

En rétablissant les Jeux Olympiques, il poursuivait un double but : réformer l’enseignement et faire du sport une activité essentielle. « Je rebronzerai une jeunesse veule et confinée, son corps et son caractère par le sport, ses risques, et même ses excès. J’élargirai sa vision et son entendement par le contact des grands horizons sidéraux, planétaires, historiques. Ceux de l’histoire universelle surtout, qui, engendrant le respect mutuel, deviendront un ferment de la paix internationale pratique. Et tout cela pour tous, sans distinction de naissance, de caste, de fortune, de situation, de métier » (2).

La philosophie du sport

Coubertin veut que fleurissent de nouveaux adeptes de la religion du sport cette religion étant un idéal de vie supérieure, d’aspiration au perfectionnement ».
Voyons ce qu’il écrit sur la notion de performance :
« ’’Les Grecs qui, à travers bien du fatras, ont fini par dire le dernier mot en toutes choses n’ont gravé sur le piédestal d’aucune de leurs statues d’athlètes les performances du bel humain glorifié.’’ (Citation de Henry de Montherlant). Que sont les performances en soi ? Elles n’ont d’autre prix que d’illustrer tout ce qui les a fait naître. De quelle manière glorifier la jeunesse ? Par le culte de l’effort, le mépris du danger, l’amour de la patrie, la générosité et l’esprit chevaleresque, le contact avec les arts et les lettres. Telles sont les bases fondamentales de l’olympisme ».

Coubertin veut que les vainqueurs deviennent des champions car rien de grand ne peut se faire sans risques. Il dira que les héros et les saints ne sont pas des êtres « mesurés ». Pierre de Coubertin a voulu que les Jeux Olympiques transforment les villes, secouent les nations, fascinent les peuples, pour que,
« dans le monde entier le petit garçon dans son école, l’ouvrier dans son usine, le paysan et le fils de famille rêvent d’ascèse, d’efforts, de triomphes ».
Visionnaire, cet homme répondait à ceux qui le qualifiaient d’utopiste : « Je bâtis pour demain ». Profondément humain et juste, il n’a pas hésité à pousser l’homme sur le chemin de l’effort et du perfectionnement dans l’union et la fraternité.
L’homme a-t-il pris ce chemin ?

(1) Le mont Chronion est lié à Chronos, dieu du Temps, le dernier des Titans. Cette appellation confère certainement à la ville une très grande ancienneté
(2) https://www.lemonde.fr/archives/article/1990/07/21/frissons-fin-de-siecle-5-rebronzer-la-jeunesse_6199905_1819218.html

Autres jeux grecs

Parmi plus d’une centaine…
– Jeux pythiques à Delphes : concours athlétiques, littéraires et artistiques
– Jeux néméens en Argolide
– Jeux isthmiques à Corinthe, ouverts aux femmes (la récompense est le pin).

Suite aux jeux olympiques qui avaient lieu en juillet et qui étaient réservés aux athlètes masculins, des jeux étaient organisés pour les femmes au mois de septembre.

F. PAREL
Article paru dans la revue Nouvelle Acropole N°55 (mars-avril-juin 1980)
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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