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Notre-Dame de Paris, cœur rayonnant de la ville, culte à la Vierge

Véritables montagnes sacrées au cœur des cités médiévales, les cathédrales sont une image réduite de la création : on y retrouve les plans de l’Univers, le Ciel, la Terre et le Monde Souterrain et les lois qui ont présidé à sa construction sont celles-là mêmes qui ont permis à l’Univers de se manifester.

La cathédrale Notre-Dame de Paris rayonne sur l’île de la Cité, comme sur toute la ville et sur toute la France. Elle est le centre de sa géographie sacrée. Elle est dédiée au culte de la Vierge Marie.

Porte vers le ciel, la façade ouest de Notre-Dame constitue un rempart dont la première gardienne est la Vierge, officiellement protectrice et reine de la France depuis Louis XIII…
De même saint Michel, chef des milices, célestes et gardien de la porte de la Mort, au centre de ce portail comme de ce combat, veille sur le temps, et protège l’espace de la ville, de la nation et du monde… Pour assurer sa fonction salvatrice, toute ville doit refléter dans sa structure les lois que Dieu, considéré comme le Grand Architecte, a imprimé Sa création.

La cathédrale concentre ses multiples significations et devient mémoire et source inépuisable pour les maîtres d’œuvre et les bâtisseurs de la ville. À l’image de Jérusalem céleste, elle est l’incarnation de l’archétype que Dieu, dans sa miséricorde, nous a donné par ses prophètes et Ses rois.

Par son plan comme par chacune de ses trois faces ornées d’une rosace, Notre- Dame incarne le schéma régulateur de la ville.
Par son plan comme par chacune de ses trois faces ornées d’une rosace, Notre-
Dame incarne le schéma régulateur de la ville.
[…] Par son plan comme par chacune de ses trois faces ornées d’une rosace, Notre-Dame incarne le schéma régulateur de la ville. La croix du plan de l’édifice se retrouve dans celui du croisement des axes de la ville. Autour de la flèche de Notre-Dame, comme dans le mouvement des rosaces, s’organisent les rotations visibles et invisibles de la ville.
Tout, dans une rosace, rayonne autour du centre originel, et par analogie, tout à Paris se déploie en une création continue autour de l’île-mère et de la cathédrale (1).

Toutes les cathédrales de France, au XIIe siècle, sont dédiées à Notre-Dame. La Vierge s’introduit dans la piété de l’époque : elle évoque la souveraineté, la victoire mais aussi l’idée d’incarnation.
Toutes les cathédrales de France, au XIIe siècle, sont dédiées à Notre-Dame. La Vierge s’introduit dans la piété de l’époque : elle évoque la souveraineté, la victoire mais aussi l’idée gothique, dame, d’incarnation.

Notre-Dame de Paris, dédiée à la Vierge Marie

Toutes les cathédrales de France, au XIIesiècle, sont dédiées à Notre-Dame. La Vierge s’introduit dans la piété de l’époque : elle évoque la souveraineté, la victoire mais aussi l’idée d’incarnation. Elle symbolise la Nature. Vers elle se porte naturellement la dévotion des foules, comme les effusions mystiques des moines. Les théologiens qui créent l’art gothique, ne se représentent pas le Christ comme un enfant, mais comme un Roi, souverain du Monde. Monté sur le Trône, il couronne la Vierge, sa mère, et son épouse, l’Église.

C’est aussi au XIIe siècle que l’on commence à exalter la Dame dans les cours chevaleresques des pays de Loire et de Poitou. La France de ce temps découvre l’amour courtois d’un côté et de l’autre l’amour de Marie.

Marie, mère de l’église gothique

À partir du Vsiècle, les grandes doctrines sur le Christ et la Trinité étant établies, l’intérêt se concentre toujours plus sur la personne, les mérites et les privilèges de Marie. La virginité perpétuelle donne lieu à maintes polémiques à travers lesquelles se forme lentement la croyance en l’Immaculée, préservée dès sa naissance du péché originel et de ses souillures, préservée aussi, par voie de conséquence, de la corruption corporelle et de la mort. Tandis que les théologiens disputent, c’est surtout à travers la liturgie et la célébration des fêtes mariales que se développe, en Orient d’abord puis en Occident, la vénération de Marie.

Mais c’est en Occident, aux XIIe et XIIIe siècles, pendant le siècle des cathédrales, que la piété mariale connaît sa plus large extension, sous l’influence de maîtres spirituels tels que Bernard de Clairvaux, le pseudo Albert, Bonaventure, en dépit des réserves parfois exprimées par la grande théologie classique. (Thomas d’Aquin, par exemple, refusait à Marie le privilège de l’immaculée conception). L’usage de l’« Ave Maria », à côté du « Pater », encourage et justifie la croyance en l’efficacité de l’intercession de Marie. Chez saint Bernard apparaît l’idée de la médiation maternelle qui conduira à considérer Marie comme mère de l’Église ; et Bonaventure développe le thème de Marie coopérant (adjutorium) à l’œuvre rédemptrice du Christ par sa participation au sacrifice de la croix.
« Marie reconnue mère de Dieu, répare la faute commise par Ève : de son pied déchaussé, Marie écrase le serpent tentateur » dit Jean-Pierre Bayard (2).

Marie est au-dessus des saints, mais de manière à éviter tout excès, la théologie lui a réservé le culte d’hyperdulie: elle est la servante par excellence, située au-dessus des autres serviteurs mais on ne saurait pourtant l’adorer ni la substituer à Dieu. Son rôle dans le mystère de la foi passe par une coopération de plus en plus précise à l’œuvre rédemptrice du Christ.

Notre-Dame de Paris, comme toutes les cathédrales a été construite par des hommes et des femmes bâtisseurs. Symbole de la religion, de l’Histoire et de l’âme de la France, elle devra être reconstruite par des hommes et des femmes qui, au nom d’un destin commun, d’un appel à la transcendance et à l’espoir la feront renaître de ses cendres, tel le phénix.

(1) Texte extrait de Symbolique de Paris, Paris sacré, Paris mythique, Fernand SCHWARZ, éditions du Huitième jour, 2004, 168 pages, pages 54 à 57
(2) Jean-Pierre BAYARD, Déesses Mères et Viergesnoires, Éditions du Rocher, 2001, 325 pages, page 11
(3) Texte extrait de Symbolique des cathedrales, Visages de la Vierge, Fernand SCHWARZ, Éditions du Huitième jour, 2002, 186 pages, pages 132 et pages 141 à 142
Par Fernand SCHWARZ
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La Symbolique de Paris, Paris sacré, Paris mythique, Paul Barba-Negra, Fernand Schwarz, 2004, Éditions du Huitième jour, 158 pages
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Symbolique des cathédrales, miroirs de l’Univers, Fernand Schwarz et David Bordes, Éditions du Huitième jour, 2007, 182 pages
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