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Société

Notre-Dame de Paris, de la pierre à l’esprit

Comme les autres cathédrales, Notre-Dame de Paris nous rappelle que l’histoire de la France ne commence pas avec nous. Non seulement elle fut un symbole des racines chrétiennes de la France, mais elle fut adoptée par la République et la Nation comme lieu témoin des moments particuliers de l’histoire, pont entre le visible et l’invisible. Elle a été un lieu de couronnement, d’hommages funéraires pour croyants et laïcs, un symbole indiscutable de la libération de Paris…

« […] En négligeant la langue des signes qui parlent à l’imagination, l’on a perdu le plus énergique des langages. » Émile ou de l’Éducation de Jean-Jacques Rousseau

Ernst Cassirer (1) nous rappelle que l’homme ne vit pas dans un univers purement matériel, mais de sens et de valeurs qui organisent sa représentation symbolique de lui-même et du monde (2). »

Dans le Sacré camouflé, je rappelais que le symbolique est un des ressorts cachés du pouvoir. Les symboles d’une nation sont une véritable clé de chiffrement de son système politique et social. J’ai également insisté sur le fait que malgré la sécularisation de nos sociétés contemporaines, le fond archaïque symbolique de l’être humain n’a pas disparu.

Le 15 avril, lorsque les flammes ont surgi autour de la flèche de Notre-Dame de Paris, beaucoup d’entre nous ont ressenti qu’une partie intime de nous-mêmes brûlait, ainsi que notre représentation du monde.

Comme l’explique Fanny Madeline (3), cet événement impensable et sidérant a provoqué le sentiment de vivre une faille temporelle, qui suspend le quotidien et produit un déchirement, nous arrache à nous-mêmes et nous laisse sans voix, face à l’incommensurabilité des pertes.
L’importance symbolique et spirituelle de Notre-Dame de Paris est apparue soudain comme en un éclair pour les croyants comme pour les athées. Tous ont ressenti qu’au-delà des faits matériels, se cache un appel du destin.
Hannah Arendt disait que les monuments constituent la patrie non mortelle des êtres mortels. Ce monde commun des vivants et des morts constitue les racines de nos propres identités.

La cathédrale est située au cœur de la géographie sacrée du pouvoir, établie depuis des millénaires dans l’île de la Cité, partagée en deux par l’axe plurimillénaire dessiné par le chemin néolithique qui reliait le Nord de l’Europe au Sud.À l’Est, déjà à l’époque gallo-romaine, se trouvaient des lieux de temples et de cultes et à l’Ouest, le siège du pouvoir temporel et de la justice.

Comme les autres cathédrales, Notre-Dame de Paris nous rappelle que l’histoire de la France ne commence pas avec nous. Non seulement elle fut un symbole des racines chrétiennes de la France, mais elle fut adoptée par la République et la Nation comme lieu témoin des moments particuliers de l’histoire, pont entre le visible et l’invisible. Elle a été un lieu de couronnement, d’hommages funéraires pour croyants et laïcs, un symbole indiscutable de la libération de Paris…
Elle synthétise l’identité séculaire de la France qui comprend à la fois la transcendance, la monarchie et la Révolution. L’émoi produit par la découverte dans les décombres du Coq de la Flèche d’Eugène Viollet-le-Duc (4), qui curieusement porte en lui une des épines de la croix du Christ, témoigne de sa puissance symbolique et identitaire.

Les cathédrales furent construites par des maîtres d’œuvre, des artisans libres et des gens du peuple qui participèrent volontairement à ce chantier de l’espérance, sachant que la plupart ne verraient pas l’achèvement de leur construction. Cet appel à la transcendance et à l’espérance fut construit au nom de la liberté, celle qui nous permet de décider en notre âme et conscience. Notre-Dame de Paris doit être rebâtie et renaître de ses cendres, pas seulement avec des pierres mais avec des hommes et des femmes qui veulent retrouver leur liberté et leur espérance, pour devenir eux-mêmes et faire renaître une société de lien.

(1) Philosophe allemand naturalisé suédois (1874 -1945) représentant d’une variété de néo-kantisme, courant fondé par Paul Natorp et Hermann Cohen et développé dans l’école de Marbourg
(2) Extrait du livre Le sacré Camouflé ou la crise symbolique du monde actuel, Fernand SCHWARZ, Éditions Cabédita, 2014, 120 pages, 19 €
(3), Article de Fanny Madeline, Les flammes de Notre-Dame, c’est notre monde qui brûle, paru dans le journal Le monde du 18 avril 2019(4) Architecte français (1814 -1879) connu pour ses restaurations de constructions médiévales, édifices religieux et châteaux. Il a reconstruit la flèche de Notre-Dame de Paris, contenant le Coq mentionné dans le texte
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Extrait de conférence de Fernand Schwarz sur Le Sacré camoufléhttps://www.youtube.com/watch?v=SOL2VxKWhy8
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Par Fernand SCHWARZ
Président de la Fédération Des Nouvelle Acropole

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