Philosophie

Victor Hugo, philosophe idéaliste

Immensément célèbre en France et dans le monde et reconnu actuellement par beaucoup de Français comme l’une des incarnations les plus marquantes de l’âme de la France, qui est vraiment Victor Hugo ?

Victor Hugo (1802-1885) écrivit des romans, des pièces de théâtre et des centaines de poèmes en jouant admirablement tous les claviers de la langue française. Il fut élu académicien, député et sénateur et fut un grand orateur parlementaire. Il se prononça contre la peine de mort ; combattit les injustices de son époque ; rêva l’Europe ; vénéra l’Empereur Napoléon et appela de ses vœux la République. Il est le symbole du triomphe de celle-ci et la plus grande gloire de la culture française. Ses contemporains eurent bien conscience du génie qu’il incarnait au vu des centaines de milliers de personnes qui accompagnèrent son cercueil au Panthéon, ce jour du 1er juin 1885.

Un philosophe spiritualiste

Victor Hugo est cet homme-siècle (selon l’expression de l’historien Michel Winock) que l’on ne cesse de redécouvrir. Lui-même se définit comme « une conscience » : 

« Poète, je crois à l’idéal
Philosophe, je crois en Dieu
Œil, je crois au soleil » (1)

Selon sa propre définition, il serait donc également philosophe. Il associe lui-même cet état à la croyance en Dieu. Mais il s’agit du dieu des philosophes éloigné de tout dogme. Car la quête de Dieu est, pour lui, une quête de vérité au-delà des églises.
Victor Hugo réfute l’explication matérialiste qu’il trouve absurde. L’univers ne peut pas être né du hasard. Il croit en un Dieu universel qui est « un regard infini dans un œil éternel ».
« Il n’est pas vrai de dire qu’il a créé le monde. Il le crée continuellement… Je crois à l’Incréé, à l’Idéal, à l’Éternel, à l’Absolu, au Vrai, au Juste, au Beau… l’âme unique est dans tout. Il est sans fin, sans origine, sans éclipse, sans nuit, sans repos, sans sommeil. L’étincelle de Dieu, l’âme, est en toutes choses… Il est l’Innommé. Il est la flamme aimante au fond de toutes choses » (2). 
Dans Les Misérables, il écrit : « il songeait à la grandeur et à la présence de Dieu ; à l’éternité future, étrange mystère ; à l’éternité passée, mystère plus étrange encore. Il n’étudiait pas Dieu, il s’en éblouissait. » (3)

Aimer c’est agir

Victor Hugo a toujours exprimé ses principes de vie et considéré que la véritable action est la mise en pratique de ceux-ci. Il s’est engagé dans la politique et a fait de nombreux discours pour détruire la misère, l’esclavage, qui eurent beaucoup d’impact, même s’il a souvent été hué. « Aimer, c’est agir » écrit-il. 
Il prônait que la vie d’un homme doit être en accord avec ce qu’il pense et mit sa plume au service de son engagement pour la liberté et la justice dans la société de son époque. 
Il mena également ce qu’il appelait une « fraternité pratique » en accueillant chez lui, alors qu’il était en exil, les malheureux qui l’entouraient. 
C’était un véritable idéaliste, engagé de façon concrète pour le bien des hommes, la paix et l’harmonie. Il aimait l’humanité et avait une grande confiance en elle, si, toutefois, elle pouvait acquérir l’instruction et l’éducation. 

Politique et humaniste

Étant engagé dans la politique comme député et aussi comme maire du VIIIe arrondissement de Paris, il luttera pour que tous les enfants puissent aller à l’école. Nous connaissons son célèbre slogan : « Ouvrez une école, vous fermerez les prisons et les casernes ».
L’historien Alain Decaux a écrit : « Victor Hugo, c’est l’honneur de son siècle ! » Oui, de tous les siècles et de tous les hommes.

Ce qu’il nous apporte aujourd’hui

On croit connaître Victor Hugo, car, à l’école, on a appris quelques poèmes, on y a lu souvent Notre-Dame de Paris ou les Misérables. Mais, au détour d’une étude plus approfondie de l’homme et de son œuvre, on découvre un penseur optimiste, chercheur authentique de vérité et de liberté, très au fait de la réalité du monde, un humaniste fraternel. Son œuvre emplie de fulgurances nous invite au dialogue intérieur. Il a développé une puissance imaginative, intuitive et une confiance visionnaire étonnantes. Il a apporté une vision, des idées et il a pu convaincre.
Il a donné un futur et l’a rendu possible pour la postérité.

En effet, ses combats résonnent encore aujourd’hui. Ses grandes batailles sont d’une actualité permanente. Par exemple, parmi les plus significatives : l’école pour tous, l’abolition de la peine de mort, les droits de l’enfance, l’égalité des droits pour les hommes et les femmes, l’invention d’une Europe unie. Et aucune de ces batailles n’est encore gagnée aujourd’hui.

Victor Hugo en appelle à chaque être humain, à chaque « conscience » pour exercer pleinement son rôle de citoyen en développant la solidarité et une fraternité « active ».
Plus que jamais, n’avons-nous pas besoin de lui ?

(1) Claudette COMBES, Victor Hugo, homme du verseau, Éditions Cid,1985, page 25
(2) Ibidem, page 26
(3) Ibidem, page 30
Louisette BADIE
Formatrice en philosophie à Nouvelle Acropole
© Nouvelle Acropole
La revue est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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