Les exercices spirituels philosophiques : #6 L’exercice spirituel de la lecture
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« Il faut lire lentement, profondément, en regardant en arrière, et en regardant de côté, en méditant, en rêvant. »
Friedrich Nietzsche, Ecce Homo
La lecture fait partie des exercices spirituels pratiqués par les écoles de philosophie antiques. Aujourd’hui, elle est reléguée au dernier plan. Redécouvrons l’intérêt de cet exercice pour développer non seulement des capacités mentales mais de captation et d’applications d’enseignements dans la vie quotidienne.
La lecture grande cause nationale ? Oui, car nous constatons les méfaits de l’absence de lecture d’un « vrai » livre, aujourd’hui supplanté par les écrans : le temps passé sur les écrans est sept fois supérieur à celui passé sur le livre !
Plaidoyer pour la lecture
Je pense utile de rappeler en introduction de cette pratique philosophique quelques bienfaits généraux de la lecture pour nos facultés mentales. Lire favorise la mémorisation (à l’écrit, on peut revenir en arrière, vérifier une phrase mal comprise, mieux voir la structure, etc.) et la concentration (à l’écran, il y a des liens hypertextes, des notifications, etc. qui sont autant de sources de distraction et de perte d’attention).
La lecture développe aussi l’imagination et la créativité, c’est-à-dire la capacité de « créer un monde à soi », pour paraphraser Virginia Woolf. Enfin elle nourrit la pensée et l’expression orales ou écrites, toutes deux liées à la précision du langage.
S’arrêter pour lire
Le philosophe Pierre Hadot fait le constat que « nous passons notre temps à « « lire » […] mais nous ne savons plus lire, c’est-à-dire nous arrêter, nous libérer de nous soucis, revenir à nous-mêmes, […] méditer calmement, ruminer, laisser les textes nous parler. C’est un exercice spirituel, un des plus difficiles. » conclut-il (1).
C’est que, comme le dit la citation de Nietzsche en exergue, il nous faut prendre notre temps pour lire, ou plutôt pour être pénétré par ce que nous lisons.
Oui, la lecture nous demande de nous arrêter, de nous libérer des préoccupations de la vie quotidienne et de nous concentrer sur l’instant présent. Aujourd’hui, nous sommes tellement dispersés et distraits par de multiples choses, le numérique et l’audiovisuel ayant pris le pas sur l’imprimé, nous recevons tellement d’informations superficielles de toutes sortes, que nous avons beaucoup de difficultés à nous pencher en profondeur sur la lecture.
La lecture comme méditation
La lecture philosophique a pour but de nous engager à méditer sur le sens du texte jusqu’à ce que nous en captions l’essentiel et que nous l’intégrions en nous.
Comme le dit la philosophe Helena Blavatsky : « Ne lis pas beaucoup. Si tu lis pendant dix minutes, réfléchis pendant des heures » Car ce que nous recherchons dans la lecture philosophique est ce que l’on peut recueillir pour soi-même. La méditation permet de faire des liens entre nos questions, nos expériences et les enseignements contenus dans le livre. C’est donc la pratique à laquelle nous sommes invités : celle de cette lecture lente, en prenant le temps de réfléchir sur les idées et les concepts présentés. Pratique qui peut éventuellement être complétée par l’écriture qui nous permet de noter et mémoriser le fruit de nos réflexions.
