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Revendications métaphysiques de la femme

Depuis quelques années, déjà, l’on célèbre la «Journée Internationale de la Femme». Depuis deux siècles, l’Europe, et l’Occident en général tentent de revaloriser le rôle de la femme dans la société, lui donner une place fixe et reconnue par les lois, la libérer des multiples tyrannies qui l’ont soumise depuis si longtemps.

En tant que femme et auteur de cet article, je voudrais simplement revoir les racines de ce mouvement féministe, y découvrir les vérités et les mensonges, et mettre en évidence le fait que de mon sens, ces revendications ne prennent pas le bon chemin.

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Le féminisme actuel est plutôt un anti-machisme, une réaction logique face à certains excès de l’Histoire. Il n’a pas pour but de réhabiliter les valeurs authentiquement féminines. Son seul objectif est que la femme puisse occuper les mêmes postes que l’homme, parfois pour remplir des vides mais également dans un désir de revanche pour calmer les esprits sans nullement restituer l’équilibre social. Au lieu de commencer le travail par l’esprit, pour l’achever par la forme, on travaille aujourd’hui exclusivement avec des formes sans contenu, variables et transformables, comme en témoigne l’Histoire à de nombreuses reprises. De là cette tentative de retrouver les fondements métaphysiques de la femme. Il y a longtemps – trop longtemps – que l’on ne proclame plus le règne spirituel de la femme, et sans cette force, je crois indéfendables toutes les autres conquêtes et revendications.

Quelques éléments de tradition ésotérique

Selon les anciens traités de Sagesse, il y a des millions d’années de cela, les hommes et les femmes n’étaient pas différenciés. La Terre était peuplée uniquement d’hermaphrodites. Mais, lorsque la marche de l’évolution l’a exigé, les sexes se sont divisés en opposition et en complémentarité constantes, à la recherche de l’Unité perdue, pour pouvoir atteindre dans un futur très éloigné, une réunification androgyne, non pas par addition mais par dépassement de la dualité.

Dans tous les peuples antiques, on voit apparaître des couples primordiaux qui représentent le masculin et le féminin avec des caractéristiques spécifiques et communes. De façon générale, la femme a été le symbole de la Matière-Mère-Mer et l’homme celui de l’Esprit-Père-Feu. Mais cela n’a pas empêché l’existence de déesses du Feu ou de dieux des Eaux, étant entendu que l’un et l’autre élément font partie d’une Unité Première dans laquelle ils sont contenus et qui les justifie.

Les différences entre Hommes et femmes

Si l’on regarde de plus près les modalités masculin/féminin, à la lumière de la constitution septénaire des êtres humains (conception hindoue), il en ressort que chaque plan ou corps a sa propre polarité – positive/active ou négative/réceptive – selon qu’il s’agisse de l’homme ou de la femme.

PLAN HOMME FEMME
ATMA/Volonté +
BUDDI/Intuition +
MANAS/Mental Pur +
KAMA-MANAS/Mental égoïste +
LINGA/Émotions +
PRANA/Vitalité +
STHULA/Corps éthéro-physique +

 

Au niveau physique, l’homme a plus de force et de capacité active que la femme. Elle, en revanche, sur le plan vital, a plus de résistance que l’homme, plus sensible à l’usure. Dans le plan émotionnel, la femme est plus réceptive que l’homme, et dans le plan mental, l’homme est plus idéaliste que la femme, plus concrète. Dans les plans supérieurs, il est beaucoup plus difficile d’établir des caractéristiques aussi précises, mais l’on peut remarquer un mental pur concret du côté masculin, et le même mental idéaliste du côté féminin ; l’intuition est plus active chez la femme que chez l’homme.

À la lumière des sagesses traditionnelles, il ressort qu’aucun des sexes n’est supérieur à l’autre, mais qu’il existe des polarités complémentaires dans tous les plans qui détermineraient des aptitudes plus ou moins importantes pour certaines fonctions, qui vont du physique au métaphysique. Il existerait également des possibilités équivalentes sur tous les plans à l’homme et à la femme, de développer leurs pouvoirs latents et de les exprimer avec d’autant plus de perfection qu’ils seraient sages.

L’homme et la femme sont également sacrés, tant qu’il y a dualité dans le monde manifesté, et également sacrés quand la dualité reviendra à l’Unité Première.

Quelques éléments d’Histoire

Il est curieux de constater que, bien plus que l’Histoire proprement dite, ce sont les religions exotériques qui ont contribué à reléguer le féminin dans les antres obscurs du «mal». La femme n’est bonne qu’en tant que mère et respectable en tant que grand-mère, veuve et femme sage ; pour le reste, il faut la «sauver» d’elle-même et de sa nature émotionnelle désordonnée.

Il est également curieux de constater que la femme, naturellement dotée du sens du sacré, du mystique et de l’intuitif, ait été éloignée d’activités si nobles, pour être adulée et rabaissée à sa condition animale et sexuelle, ce qui permettait de la récompenser ensuite avec des cadeaux qui n’en sont pas, inadaptés à la réalité féminine. Une fois encore, qui a œuvré ainsi : l’histoire ou le fanatisme religieux ?

La femme dans les différentes civilisations

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Dans tous les peuples anciens occidentaux, précolombiens, extrême et moyen-orientaux, la femme a rempli un rôle religieux important – l’accomplissement de ses devoirs religieux, sa piété mais également son rôle actif en tant que prêtresse et en tant que vestale ou gardienne du feu et des éléments sacrés – sans pour autant que soit déprécié son côté maternel. Dans certains cas, il n’y avait pas de différence entre l’homme et la femme. Quand les religions étaient vivantes et à leur apogée, le personnage de la Grande Mère, en tant qu’exemple inspirateur pour les femmes, a toujours été là.

En Égypte, la femme, à l’image d’Isis, pouvait être une excellente reine gouvernante, une maîtresse de maison efficace, épouse et mère, ou une prêtresse sacrée de la Grande Déesse Hathor jusqu’au mystérieux Amon. À Sumer, on trouvait des courtisanes sacrées aussi bien que des prêtresses cloîtrées, des sorcières et des devineresses aussi bien que des grandes prêtresses représentant la Déesse Mère ; des chanteuses et danseuses du temple aussi bien qu’un clergé féminin au service des dieux.

En Inde, des récits évoquaient des femmes célèbres pour leur sagesse et leur sainteté, en tous points similaires à ceux ayant trait aux déesses.

En Chine, la femme apparut comme déesse dans le ciel et souveraine sur la terre, pourvue de grands dons magiques et de vaillance et de générosité, avec un grand cœur.

En Grèce, et plus particulièrement en Crête, une place privilégiée était accordée à la Déesse Mère, au point de développer un matriarcat ou une gynécocratie où les prêtresses étaient plus nombreuses que les prêtres. Des cultes extraordinaires en charge de la femme et consacrés à Aphrodite (en tant qu’Amour, Beauté et Maternité) furent initiés dans la Grèce classique. La présence féminine était fondamentale dans la plupart des cérémonies religieuses ainsi que dans les festivités les plus variées, sans parler de celles qui étaient exclusivement féminines et dont les hommes étaient totalement écartés.

Rome a accordé une place privilégiée aux matrones qui, en plus de leurs fonctions familiale et sociale, remplissaient habituellement des tâches sacerdotales individuelles ou collectives. Le Collège des Vestales était chargé de surveiller le Feu Sacré de Rome. Les vestales, chastes et sobres par excellence, étaient dépositaires d’un pouvoir magique qui sauvait les condamnés de la mort et maintenait le secret des mystères.

Chez les Celtes on trouvait des femmes druides, des prêtresses cultivées et mystiques, des «sorcières», vierges mises à l’écart qui pratiquaient des rites destinés à provoquer ou apaiser des tempêtes, guérir des maladies, prédire l’avenir, se métamorphoser en animaux de toutes sortes… et des femmes courageuses qui se sont distinguées à la guerre.

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Dans le christianisme, la femme dépendait de l’homme dans la mesure où Êve fut créée à partir d’une côte d’Adam. Elle était plus marquée par le pêché originel puisque l’homme avait pêché à cause d’elle ; aussi devait-elle redoubler d’efforts pour obtenir le salut. Elle devait se soumettre à l’enseignement et à l’autorité de l’homme, conserver une humilité intellectuelle absolue, et surtout, se garder d’enseigner ou d’interpréter la parole de Dieu. Elle ne pouvait exercer aucune fonctions de direction, ni participer à des activités judiciaires, ni enseigner à l’intérieur ou à l’extérieur de l’Église.

La Renaissance fera osciller la femme entre un animal imparfait et un être divin, de la critique de sa fragilité psychologique à l’éloge de sa chasteté. Il ne manqua pas de femmes religieuses réellement pieuses et diligentes, ni de vocations forcées ou de bacchanales dans les couvents. La croyance aux sorcières se transforma en psychose à partir du XVe siècle et des centaines de milliers de femmes furent étranglées, décapitées, brûlées…

En Europe, aux XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, le rôle de la femme sortit peu à peu des limites du cadre familial pour se revaloriser dans la société. L’époque des revendications civiles et politiques, morales et sentimentales, commença. Elles produiront des changements considérables à partir de la seconde moitié du XXe siècle.

Actuellement, la majorité des pays occidentaux admet une égalité de principe entre l’homme et la femme, et une participation toujours grandissante de la femme à la vie économique, sociale et politique. Ont surgi des concessions comme le droit à l’avortement et la défense contre les agressions sexuelles, les collectifs de lesbiennes et de femmes progressistes … Ainsi la femme a-t-elle perdu au fil du temps ses racines, ses fondements. Elle s’est vue déposséder de sa fonction humaine et divine, et elle réclame aujourd’hui, à tristes cris, des aumônes qui l’enfoncent encore plus dans sa misère. Il manque des femmes accomplies, il y a trop de femelles déconcertées. C’est pourquoi, la revendication que nous proposons est autre : ce n’est pas un acte de protestation, c’est un geste d’évolution, un regard sage vers le passé et une action fervente vers l’avenir, une découverte et un réveil de la magie endormie qui autrefois a fait et fera de nouveau des femmes, de véritables mères, donneuses de vie sur le plan physique, moral, intellectuel et spirituel. L’heure du métaphysique a sonné.

Par Délia STEINBERG GUZMAN
Présidente de l’association internationale Nouvelle Acropole
Article réalisé d’après un article espagnol original, traduit de l’espagnol par Nicole Letellier
N.D.L.R. Le chapeau et les intertitres ont été rajoutés par la rédaction

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