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L’ancien poignard du pharaon Toutankhamon forgé dans une météorite ?

Une nouvelle étude scientifique de chercheurs du Japon et d’Égypte, effectuée sur des tablettes antiques et sur le poignard lui-même, apporte des précisions sur l’origine du métal avec lequel a été forgé le célèbre poignard trouvé dans la tombe de Toutankhamon.

Dans une étude publiée dans la revue américaine Meteoritics and Planetary Science, l’équipe de chercheurs suggère que le métal proviendrait d’une météorite tombée en dehors d’Égypte il y a plus de 3.400 ans. Il s’agit d’une arme blanche avec une lame de fer, au manche en or se terminant par un pommeau en cristal de roche, découverte en 1925, dans le fabuleux trésor de la sépulture royale de ce souverain de la XVIIIe dynastie.
Au fil des ans, le poignard a été étudié par divers spécialistes cherchant à en savoir plus sur son origine. En 2016, une équipe a confirmé que le fer provenait d’une météorite. À l’aide des Rayons X non destructifs et d’un microscope, les chercheurs ont découvert la présence et évalué la concentration de métaux attendus tels que le fer, le manganèse et le nickel, mais également d’autres matériaux mélangés comme le soufre, le cobalt, le zinc et le chlore, typiques de fer d’origine météoritique. Les structures en lamelles quadrillées, dites de Widmanstätten, (1) trouvées à la surface de la lame indiquent que le fer est de l’octaédrite (2). En guise de comparaison, des analyses ont été menées sur des épées en fer japonaises connues pour avoir été façonnées à partir de la météorite ferreuse de Shirahagi retrouvée en 1890. Et des motifs similaires sont apparus. À partir des éléments présents et de leur arrangement, l’équipe a déterminé que la lame aurait été forgée à une température inférieure à 950°C.

Des techniques de fonte à très haute température connues par les Égyptiens

Il est notoire que les anciens Egyptiens savaient fondre depuis longtemps du cuivre et de l’or, et qu’ils étaient donc capables d’atteindre de hautes températures, jusqu’à 1200 °C. « Les faciès qui ont été observés dans les produits de corrosions et les microstructures ont permis de dire que cette lame avait été forgée à basse température, c’est-à-dire à moins de 950°C », explique Philippe Walter directeur du Laboratoire d’Archéologie Moléculaire et Structurale (LAMS), une unité mixte de recherche (CNRS et Faculté des Sciences de Sorbonne Université). « Pour mettre en forme cette lame parfaite, il a donc été nécessaire de réchauffer le métal de la météorite, puis de le marteler, et recommencer ainsi l’opération autant de fois que nécessaire. Cette publication est tout à fait intéressante car elle nous éclaire sur les gestes qui ont permis de fabriquer cette dague exceptionnelle », poursuit le scientifique.
Un objet offert par un roi à un pharaon, puis transmis à son petit-fils !

Les lettres d’Amarna sont des tablettes d’argile remontant au XIVe siècle avant notre ère. Découvertes sur le site éponyme, elles rassemblent une correspondance diplomatique qui aurait été rédigée sous le règne du pharaon Akhenaton. Or, ces artéfacts mentionnent justement une liste de cadeaux dont une dague en fer avec un fourreau en or. À travers ces correspondances échangées entre différents souverains égyptiens et des cours étrangères, celui-ci aurait pu être un cadeau offert au grand-père de Toutankhamon, le pharaon Amenhotep III (1417-1379 avant J.-C.), lors de son mariage avec la princesse Tahudepa. Un des textes, la lettre EA 22, présenterait ainsi la description d’une lame offerte à Amenhotep III par Toushratta, roi du Mitanni, un royaume situé au nord-est de l’actuelle Syrie. Traduite, on peut lire « … un poignard dont la lame est en fer, sa garde en or, … avec des décors : son manche, en … avec incrustation en véritable lapis-lazuli… ». Une mention qui suggère que la chute de la météorite comme la fabrication de la dague auraient eu lieu hors d’Égypte. « Les lettres d’Amarna pourraient constituer la preuve écrite que la dague en fer de Toutankhamon aurait été rapportée depuis l’extérieur de l’Égypte. La technologie de travail du fer et l’utilisation d’enduit de chaux étaient déjà répandues dans le royaume de Mitanni et dans les régions hittites à cette époque », appuient les auteurs dans leur rapport.
Après avoir été offerte à Amenhotep III, l’arme pourrait ainsi avoir été transmise de génération en génération jusqu’à être placée dans le tombeau du jeune Toutankhamon.

(1) Les figures de Widmanstätten (ou Widmanstaetten), sont la forme sous laquelle apparaît une recristallisation se produisant dans l’acier au-dessus de 1000°C ; cette forme de lamelles ou aiguilles est révélée par une attaque de l’acier par l’acide nitrique dilué. Elles ont été découvertes lors des recherches du géologue anglo-italien G Thomson (en 1904) et du savant autrichien Alois von Widmanstätten (en 1808) sur des météorites de fer
(2) Catégorie de météorite de fer la plus répandue qui une fois polie laisse apparaître les figures de Widmanstätten
Lire sur Internet
https://www.sciencesetavenir.fr/archeo-paleo/archeologie/sur-la-fabrication-et-l-origine-extraterrestre-du-poignard-de-toutankhamon_161692
https://www.bfmtv.com/international/afrique/egypte/le-poignard-de-toutankhamon-a-ete-forge-dans-un-metal-extraterrestre_AN-201606020059.html
https://www.futura-sciences.com/sciences/actualites/archeologie-toutankhamon-vient-dague-fer-extraterrestre-63020/
https://www.arts-in-the-city.com/2020/07/24/le-poignard-de-toutankhamon-dorigine-extraterrestre/
par Michèle MORIZE
Formatrice de Nouvelle Acropole Paris V
© Nouvelle Acropole
La revue Acropolis est le journal d’information de Nouvelle Acropole

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