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Philosophie

Les stoïciens, l’art de la tranquillité de l’âme

La petite collection « Petites conférences philosophiques » des éditions de la Maison de la philosophie, s’attache à rendre la philosophie accessible à tous, philosophes d’hier et d’aujourd’hui.
La revue Acropolis se propose de vous faire découvrir tous les mois des extraits d’un livre.
Nous commençons par les stoïciens.

Voici un extrait du livre.

« Je vais évoquer maintenant l’une des trois grandes figures du stoïcisme romain,  Sénèque.

Sénèque a vécu de l’an 4 avant J.-C. à 65 après J.-C. HomÉe d’Etat, philosophe stoïcien, il écrit plusieurs tragédies et surtout, de nombreux ouvrages philosophiques, parmi lesquels les fameuses Lettres à Lucilius, La Vie heureuse, la Brièveté de la vie, La tranquillité de l’âme. Il est connu pour avoir été le précepteur de l’empereur Néron. Il est parfois appelé Sénèque le Philosophe pour le distinguer de son père, Sénèque le Rhéteur.
Sénèque possède une réelle vocation pédagogique. Il considère que la formation humaine est la tâche primordiale du philosophe et pas uniquement pour l’éducation des enfants. La pensée de Sénèque enthousiasme le Moyen-Âge et la Renaissance, tout spécialement saint Thomas d’Aquin, Saint Bonaventure, Dante. Et à l’époque moderne, Descartes, Montaigne, Jean-Jacques Rousseau, Diderot. Son œuvre est extrêmement riche et n’a rien perdu de son actualité.
Né à Cordoue, il est quand même étroitement attaché à la famille impériale romaine. Il fréquente à Rome l’École stoïcienne. Son père, craignant la répression contre les philosophes menée par l’empereur Tibère, l’oriente vers l’étude de l’éloquence. Après un séjour en Égypte, il devient questeur sous l’empereur Caligula. Mais sa santé fragile, jointe aux intrigues politiques, l’incite à se convertir à la philosophie.

Accusé d’adultère et d’outrage sous le règne de l’empereur Claude, il est exilé en Corse de 41 à 49. Il y compose un bel ouvrage Consolation à Helvia, sa mère. Rappelé par Agrippine, Sénèque compose le traité De la brièveté de la vie et devient précepteur de Néron. Ministre de Néron de 54 à 59, il fait paraître plusieurs traités : De la tranquillité de l’âme, De la clémence, De la constance du sage, De la vie heureuse.
Après l’assassinat d’Agrippine en 59, Sénèque renonce par étapes à sa fortune et à ses fonctions. Il écrit alors les traités Des bienfaits et De l’oisiveté, et s’affirme durant les trois dernières années de sa vie comme un directeur de conscience exemplaire. Il écrit Lettres à Lucilius, De la Providence. Accusé injustement d’avoir pris part à une conjuration, Néron lui donne ordre de se suicider, ce qui était une pratique relativement courante à l’époque !

Sénèque apparaît comme très fidèle à la tradition de l’ancien stoïcisme mais s’inspire aussi de la philosophie latine à travers Cicéron. Sénèque est magistrat comme Cicéron et non philosophe de profession. C’est sa philosophie de l’éducation, c’est-à-dire le fondement philosophique dont il nourrit toute activité formative, qui constitue son apport le plus important.
Le point de départ de sa pensée est le drame de l’existence humaine. Pourquoi l’existence humaine est-elle dramatique ? Le propre de l’homme, c’est son âme et la raison parfaite qu’elle abrite. Néanmoins, pour la plupart des humains, âme et raison sont assujetties au corps, au point que la vie entière se met au service du corps et de ses besoins, en transformant l’homme en esclave. Le drame de son existence vient donc d’un manque total de liberté, accepté par la grande majorité.

Sénèque considère les passions comme des maladies de l’âme, dont l’existence même est niée par l’homme, ce qui rend particulièrement difficile un éventuel désir de rétablissement. Cette situation d’esclavage et de maladie engendre un être vaincu, malheureux, qui a continuellement peur de la mort et de la douleur future. Les maladies de l’âme ont cette particularité que les patients ne se sentent pas malades. Ils se trouvent même heureux de leur état. Si bien que « découvrir qu’on est un malade est le commencement de la guérison ». La philosophie est la médecine mentale préconisée par Sénèque.
Il est en effet convaincu du fait que l’homme a tous les moyens nécessaires pour résoudre ses problèmes existentiels et il se propose de l’aider pour atteindre la santé de l’âme, la liberté intérieure et la maîtrise de soi. La plupart de ses ressources s’enracinent dans le caractère rationnel de l’homme, sur sa capacité de réflexion. Atteindre la perfection humaine est donc tout à fait possible, car il s’agit surtout de vivre an accord avec la nature, la nature propre de l’homme, qui est essentiellement rationnelle.

La première phrase des Lettres à Lucilius est exemplaire : « Oui, cher Lucilius, sois ton propre libérateur. » Le conseil de Sénèque est : Libère-toi du désir, de la crainte, des erreurs, des affects. Tu ne chercherais pas la sagesse si tu ne la connaissais déjà un peu. Le vouloir est libéré par le savoir et permet de reconquérir la liberté de n’obéir qu’à notre raison. La raison prescrit de ne s’asservir à aucun objet extérieur, condition de notre indépendance et de notre sécurité.
L’éducation est ainsi conçue comme un effort de conquête personnelle. Elle doit s’acheminer vers des objectifs tels que la liberté, le bonheur, la vertu et la sagesse. Ce perfectionnement a beau être accessible, il est loin d’être facile. Il faut, selon Sénèque, un effort permanent d’auto-éducation, assisté par la philosophie.  La philosophie « forme et modèle l’âme, ordonne la vie, gouverne les actions, montre ce qu’il faut faire et ce qu’il faut éviter, elle tient le gouvernail et montre le chemin entre les doutes et les fluctuations de la vie. »

Il va donner un certain nombre de conseils pratiques pour suivre ce chemin. D’abord, suivre la Nature, la puissance divine et providentielle qui a organisé l’univers et donné la raison à l’homme. La Nature est vue comme un cosmos, un univers intelligent ; pas une jungle, mais un jardin bien dessiné. La nature intelligible peut donner à l’homme le bonheur. Il suffit de se laisser guider par la Nature et la raison. »

Extraits de Les Stoïciens, l’art de la tranquillité de l’âme, Brigitte Boudon, Éditions Maison de la Philosophie, Collection Petites conférences philosophiques, 2016, 84 pages, 8 €
Disponible notamment dans les centres de Nouvelle Acropole (www.nouvelle-acropole.fr)
Par Brigitte BOUDON

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